Instruire les enfants pendant la pandémie de COVID-19 n’a aucun secret pour les volontaires thaïlandais de l'ONU
Une volontaire des Nations Unies (VNU) en Thaïlande a compris que les enfants devaient être mieux informés sur les dangers de la COVID-19, mais aussi pouvoir s'amuser en continuant à apprendre à la maison pendant le confinement. Elle a donc lancé un projet novateur visant à donner aux enfants des informations adaptées à leur âge sur la COVID-19. À l'occasion de la Journée internationale des Volontaires célébrée chaque année le 5 décembre, Rasa Pattikasemkul, de l'UNICEF, évoque sa vocation, la douleur de la perte d’un proche et la nécessité d’assurer la sécurité des enfants.
Je suis responsable du programme "Volunteer Leader" (en français : "Leader volontaire") du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), qui s’inscrit dans le cadre de l'initiative I Am UNICEF (en français : "Je suis l’UNICEF"). Nous avons quelque 22 responsables bénévoles dans différentes communautés à travers la Thaïlande. Ils m'ont rapporté que bien que les parents reçoivent suffisamment d'informations et de soutien dans le contexte de la COVID-19, rien n’est prévu spécifiquement pour les enfants. J'ai donc eu l'idée de concevoir un livre d'activités et de le distribuer aux enfants pour leur enseigner les meilleures mesures à appliquer pour éviter de contracter la COVID-19, tout en les divertissant pendant le temps qu’ils passent à la maison.
Dans le cadre de ce projet, trois formes de mobilisation sont possibles : une histoire à raconter aux enfants pour leur montrer ce qu'ils doivent faire pour rester en bonne santé pendant la pandémie ; une activité qui invite les enfants à participer à un concours de peinture et d'illustration avec, à la clé, la reproduction des dessins des lauréats pour illustrer un livret de l'UNICEF ; et, enfin, la mise en place d’un défi pour inciter les volontaires à distribuer les brochures d’information élaborées par l'UNICEF sur la COVID-19.
Un livret qui passionne les enfants et comble de joie les volontaires
Au départ, nous avions prévu de ne produire que 4.000 exemplaires du livret, mais les demandes ont largement dépassé notre quota de production. Les enfants adorent ce livret et cela me comble de joie. Je suis allée sur le terrain pour prêter main forte dans le cadre des interventions d'urgence et j’ai distribué des boîtes à outils et des fournitures aux familles qui vivent dans les bidonvilles. J'ai pu voir de grands sourires sur les visages. Certains des enfants à qui l’on a distribué le livret ont crié à leur voisin : "On m’a apporté quelque chose !". Et en une minute, tous les enfants du quartier se tenaient sur le pas de leur porte en attendant qu'on passe les voir. Une petite fille est revenue vers moi en courant après que je lui ai donné le livret et m’a dit : "Puis-je en avoir un autre, s'il vous plaît ? J'ai un petit frère ; il est encore très petit mais quand il sera plus grand, je le lui donnerai".
Quelques semaines plus tard, nous avons eu vent d'autres réactions au sein de la communauté. Les familles nous ont rapporté que la brochure leur était très utile. Elle permet en effet aux enfants d’apprendre tout en faisant du coloriage, tandis que son contenu aide les parents et les éducateurs à engager la conversation avec eux. J'ai lu tous les messages qu’on nous a adressés à propos de ce livret sur les réseaux sociaux et mes yeux se sont remplis de larmes de joie.
Le rôle des volontaires a "complètement changé" pendant la pandémie
La COVID-19, qui est désormais notre principal domaine d’intervention, a complètement changé le rôle de nos volontaires. Avant la pandémie, nous pouvions aller dehors, organiser une marche, parler avec les gens et défendre les intérêts des enfants. À présent, nous devons être plus prudents et éviter tout contact physique inutile entre les volontaires et les enfants. Nous nous imposons cette discipline pour la sécurité de tous.
La plupart de nos activités se font désormais en ligne. À titre d’exemple, nous avons recruté des psychologues professionnels pour offrir des séances de soutien aux jeunes qui ont besoin d'une aide en matière de santé mentale.
Nous avons également recruté un vidéaste et un éditeur pour réaliser une interview avec un médecin et un psychologue qui nous ont donné des conseils et des astuces pour nous aider à gérer la situation pendant le confinement.
Tous les VNU travaillent maintenant à domicile. Personnellement, je ne pense pas que ce changement soit un problème. Nous devons nous y adapter, être flexibles et avoir un état d’esprit positif qui consiste à nous dire "Rien ne peut nous arrêter". Nous travaillons avec un fort esprit d'équipe et nous avons pu lancer les trois initiatives que nous avons élaborées.
Des enfants vulnérables exposés à "des risques de toutes sortes"
Avant la pandémie, les enfants étaient déjà vulnérables dans notre société. Et les mesures de confinement liées à la COVID-19 les ont exposés à toutes sortes de risques. Beaucoup de familles ont perdu leur source de revenus, ce qui est de nature à générer plus de tensions au sein du foyer, à stresser davantage les parents ou les personnes qui s'occupent des enfants, à générer un isolement social et à accroître les facteurs de risque de violence à la maison.
Les enfants avec lesquels j'ai parlé font preuve d’une grande résistance. Certains disent que c'est bien qu'ils puissent passer plus de temps avec leurs parents. D'autres en revanche nous confient qu'ils veulent retourner à l'école et jouer de nouveau avec leurs camarades.
Être la "grande sœur" de quelqu’un, après avoir perdu son petit frère
Mon petit frère est mort, un jour de pluie, en septembre 2018. J'aimais le voir grandir, le voir faire ses premiers pas. Malheureusement, je dû aussi le voir faire ses derniers pas. Depuis que j'ai perdu mon frère, je cherche à retrouver cette sensation d'être la grande sœur de quelqu’un. C’est un sentiment que j’adore.
En tant que volontaire, j'ai désormais des milliers de frères et sœurs que je peux aider en leur de ma force, mes compétences personnelles et mes capacités professionnelles. Je pense que c'est ma vocation, que c'est ma passion. Quelle que soit ma mission au sein de l'UNICEF, si je peux améliorer un peu la vie d'un enfant, je le fais. C’est ce qui compte le plus pour moi.
Certains trouvent leur bonheur en aidant les autres à avoir une vie un peu meilleure. Je suis de ces personnes.
Article produit par ONU Info et publié à l'origine en anglais sur le site d’ONU Info le 5 décembre 2020.