De Rio de Janeiro à Beyrouth, les jeunes activistes se mobilisent pour aider à atteindre les objectifs de développement durable
Aujourd'hui, dans le monde, 1,8 milliard de personnes sont âgées de 10 à 24 ans et près de 90 % d'entre elles vivent dans des pays en développement. Ces chiffres devraient augmenter : les prévisions indiquent que 1,9 milliard de jeunes atteindront l’âge de 15 ans entre 2015 et 2030. Il est donc plus important que jamais que les jeunes se mobilisent pour contribuer aux changements qu'ils souhaitent voir se produire dans le monde.
Dans cette édition de "Stories from the Field" (en français : "Reportages de terrain"), nous avons souhaité mettre en avant des initiatives portées par des jeunes originaires du Moyen-Orient et du Brésil qui se mobilisent pour créer de véritables changements et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Brésil
Objectif 5 | Égalité des sexes
"One Win Leads to Another" (en français : "Une victoire en entraîne une autre") est un programme conjoint porté par ONU-Femmes et le Comité International Olympique dans le cadre duquel des formations sont proposées à des adolescentes pour leur permettre d’acquérir des aptitudes dans le domaine du sport et de la vie courante et les aider à devenir autonomes. Les adolescentes qui vivent dans les communautés vulnérables de Rio de Janeiro ne sont pas toujours conscientes de leurs droits ni de l'impact que le fait de faire valoir leurs droits peut avoir sur leur vie, qu'il s’agisse de faire valoir leur droit à pratiquer un sport, à se déplacer dans l’espace public, ou même à vivre une vie exempte de violence sexiste. Selon les statistiques, une femme est tuée toutes les deux heures au Brésil (ONU-Femmes), et le harcèlement et les agressions sexuelles y sont monnaie courante. Ce programme, qui permet de faire prendre conscience aux filles, dès leur plus jeune âge, qu’elles ont des droits, se traduit par la création d’espaces sûrs où les filles peuvent pratiquer du sport, développer des compétences fondamentales pour la gestion de leur vie quotidienne, accéder à des ressources diverses et acquérir des outils qui les aident à se battre pour leurs droits, à accroître leur capacité d’influence et à prendre conscience de leur rôle potentiel en tant qu’actrices du changement.
"Je veux que les filles soient conscientes du pouvoir qu’elles peuvent avoir et je veux utiliser le mien pour continuer à me battre pour l'égalité des droits", explique Sara Vieira, une jeune fille de 16 ans qui participe au programme. "J'ai compris que je devais me servir de ma voix pour partager mes connaissances avec d’autres filles... faire prendre conscience des préjugés qu’on peut avoir sur les filles qui pratiquent certains sports, expliquer ce qu’est une relation de violence et ce qu’on appelle les violences faites aux femmes et aux filles. Nous apprenons toutes ensemble."
Elaine Ribeiro, une participante de 18 ans, trouve, elle aussi, que le programme confère aux participantes une certaine responsabilité : "Je vois [mes amis] devenir plus conscients des problèmes de racisme, plus respectueux envers les personnes LGBT et plus libres de s'exprimer tels qu'ils sont vraiment. Ce que j'ai appris, c'est que lorsque nous changeons, tout ce qui nous entoure change aussi."
À l’issue de ces formations, beaucoup de participantes créent leur propre projet pour favoriser l'égalité des sexes dans leurs communautés respectives. D'ici à 2020, près de 2.000 adolescentes auront bénéficié de ce programme.
Source : Centre d’information des Nations Unies de Rio de Janeiro.
Jordanie
Objectifs 5 et 13 - Égalité des sexes et action climatique
Afin de donner aux jeunes âgés de 19 à 25 ans les moyens d'élaborer des plans efficaces de gestion des ressources en eau et d'adaptation au changement climatique qui tiennent compte de la question de l'égalité des sexes, l'Institut pour l'Asie occidentale et l'Afrique du Nord (en anglais : West Asia North Africa, ou WANA) a mis en œuvre un projet destiné à contribuer à la réalisation des ODD 5 et 13.
De "Jeunes ambassadeurs/drices pour l’action climatique" ont été sélectionné(e)s dans le cadre d'un concours où l’on a demandé à de jeunes candidat(e)s de soumettre des idées novatrices de solutions permettant de lutter contre le changement climatique au niveau local. Les ambassadeurs/trices sélectionné(e)s ont ensuite suivi des formations sur la question du changement climatique afin de mieux en comprendre les tenants et aboutissants scientifiques et d'acquérir les compétences nécessaires pour être en capacité de formuler et mettre en œuvre des plans locaux d'adaptation au changement climatique qui tiennent compte des questions de genre. Parmi les projets les plus importants mis au point dans ce cadre, on peut citer celui qui a consisté en l’élaboration de trois plans locaux d'adaptation envisagés du point de vue des jeunes et dans le cadre desquels les Jeunes ambassadeurs/drices pour l’action climatique mèneront des débats avec les principaux décideurs locaux et avec d’autres parties prenantes. Ces trois plans d'adaptation devraient en outre alimenter le Plan national d'adaptation adopté par le Ministère jordanien de l'Environnement.
Source : Centre d’information des Nations Unies de Beyrouth.
Objectif 4 | Une éducation de qualité
Lancée en 2012 dans le camp de Jerash Souf, à quelque 30 km au nord d'Amman, l'initiative I-learn permet de créer des espaces sûrs dans lesquels des enfants et des jeunes défavorisés sont encouragés à innover, à mûrir sur le plan intellectuel et à développer leur sens critique. L’initiative I-Learn a été fondée par un réfugié palestinien orphelin, Saddam Sayyaleh, qui a grandi dans le camp de réfugiés palestiniens de Souf, à Jerash, en Jordanie, et qui a souvent été victime de violences physiques et psychologiques. Fort d’un désir sincère d’aider les enfants de sa communauté à avoir de meilleures chances que lui dans la vie, Saddam s’est servi des expériences éprouvantes qu’il a vécues pour mobiliser de jeunes bénévoles instruit(e)s autour d’un projet de contribution à la réalisation de l’ODD 4 à travers la dispensation de cours pour enfants dans un cadre informel, la promotion du volontariat chez les jeunes et la participation à des partenariats locaux et mondiaux. En moins de six ans, I-learn s'est développée au point d’être en capacité de servir quelque 12.000 jeunes grâce à huit "espaces de connaissance" créés dans différents camps de réfugiés de Jordanie et offrant aux jeunes réfugiés des possibilités de formation et des espaces de dialogue et d'interaction sûrs où ils peuvent s'exprimer librement et acquérir des compétences informatiques de base, des aptitudes en matière de leadership et la capacité à devenir plus autonomes.
L’initiative I-Learn s'est ensuite étendue à d'autres domaines et a pu bénéficier de l’appui de plusieurs organisations, dont l'ONU. Elle s'est notamment associée à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui a aidé à intégrer les activités prévues dans le cadre d’I-Learn dans le programme des activités extrascolaires des écoles des camps de Jerash gérés par l’Office. Fondée sur l’idée qu’il faut répondre aux besoins des "laissés-pour-compte", I-Learn a bénéficié à plus de 8.000 enfants (âgés de 9 à 13 ans) et à environ 1.400 familles, et a aidé environ 120 jeunes Palestinien(ne)s à trouver un emploi rémunéré décent. L’initiative a par ailleurs permis de former des éducateurs/trices locaux/ales et d’inciter des jeunes à promouvoir des comportements modèles auprès des plus jeunes générations.
Source : Centre d’information des Nations Unies de Beyrouth.
Syrie
Objectifs 4, 16 et 17 | Éducation de qualité. Paix et justice. Partenariats
En vue de renforcer le rôle de la jeunesse syrienne dans les processus de construction de la paix, l'Assemblée de la jeunesse syrienne a mobilisé des jeunes, au travers d’une myriade d'activités de formation, pour les inciter à développer des solutions innovantes pour faire progresser la prévention de la violence et la consolidation de la paix dans une Syrie en guerre.
Guidée par l’impératif de la mise en œuvre de l'ODD 16 et par la résolution 2250 du Conseil de sécurité de l'ONU sur "Les jeunes, la paix et la sécurité", l'Assemblée de la jeunesse syrienne a établi un partenariat avec l’Assemblée de la jeunesse aux Nations Unies dans le cadre duquel de jeunes Syrien(ne)s ont pu exprimer leurs préoccupations, faire part de leurs aspirations, formuler des recommandations dans le contexte de la résolution du Conseil de sécurité et exiger que les jeunes puissent prendre part aux pourparlers de paix sur la Syrie.
L’Assemblée de la jeunesse syrienne a réussi à donner à de jeunes Syrien(ne)s la possibilité de participer à des rassemblements internationaux - conférences, événements et campagnes de sensibilisation - qui leur ont permis d’avoir accès à des plateformes de dialogue et de partage des connaissances.
Dans le cadre de l’objectif de mise en œuvre des ODD 4 et 17 et en vue d’atteindre ses principaux objectifs dans les domaine éducatif et humanitaire, l'Assemblée de la jeunesse syrienne a conclu des partenariats avec le HCR et d'autres initiatives de l'ONU, ainsi qu’avec la plateforme Coursera. Dans ce cadre, son action a permis d’aider plus de 2.500 étudiant(e)s syrien(ne)s, dont des réfugiés syriens, à acquérir des connaissances scientifiques et des compétences pratiques.
Source : Centre d’information des Nations Unies de Beyrouth.
Liban
Objectif 4 - Éducation
Dirigée par des jeunes, l'association DELTA donne à des jeunes bénévoles les moyens d’agir en tant qu'" ambassadeurs/drices" auprès d’autres jeunes de leurs communautés respectives en leur transmettant des connaissances et en leur permettant d’acquérir des compétences pratiques pour les aider à adopter des habitudes de vie saines, à éviter la consommation de drogues et à ne pas s’adonner à d'autres pratiques dangereuses. Dans le cadre de son programme triennal de prévention sanitaire pour les jeunes baptisé "Together Towards a Drug-Free Healthy Sporting Culture" (en français : "Ensemble pour une culture du sport saine et sans drogue"), DELTA a réussi à attirer à elle plus de 45 jeunes femmes et hommes issus de différentes régions libanaises autour d’un projet de sensibilisation des jeunes des communautés locales aux dangers de la consommation de drogues. Ces jeunes ont à leur tour réussi à sensibiliser plus de 1.500 jeunes dans différentes régions du Liban. Sur une période de trois mois, DELTA a dispensé à ses 45 bénévoles plus de 60 heures de formation sur l’acquisition de compétences pratiques et de compétences professionnelles. Puis ces bénévoles ont effectué plus de 60 heures de travail communautaire auprès des jeunes en menant des séances interactives d’échange, des activités sportives et artistiques et des sessions théâtrales interactives spontanées.
Dans le cadre de ce programme, l’association DELTA a également permis d’élever le niveau de connaissances des jeunes sur les droits de l'homme, l'égalité des sexes, la non-violence et la diversité culturelle.
De la même manière, l’organisation à but non lucratif BASSMA dirigée par des jeunes libanais/ses vient en aide aux communautés les plus défavorisées et les plus démunies du Liban. En 2018, elle a offert 25.000 repas chauds et distribué 4.800 colis alimentaires & trousses d'hygiène à des familles pauvres. Grâce à son action, plus de 20.000 enfants issus de toutes les régions du pays ont pu participer à des sorties scolaires et à d’autres activités récréatives, et les personnes démunies ont pu bénéficier de 5.000 interventions médicales et dentaires. Les jeunes qui travaillent bénévolement pour BASSMA ont rénové 80 maisons familiales dans des régions pauvres du pays et offert 100 séances de tutorat par mois à de jeunes étudiant(e)s dans le cadre d'un programme d’enseignement par les pairs. L'une des principales réussites de cette association dans l’optique de la mise en œuvre de l'ODD 4 a été l'ouverture d'une "École du soir" qui a permis d’offrir des cours de soutien scolaire ainsi qu’un soutien psychologique à de jeunes élèves en difficulté pour les aider à surmonter les conséquences délétères de leur situation socio-économique difficile. L’association BASSMA indique qu’en 2017, 90 % des jeunes élèves qui ont suivi les cours de son "École du soir" ont réussi à aller jusqu’au bout de leur année scolaire. BASSMA a par ailleurs organisé plus de 2.400 sessions de soutien psychologique pour aider les élèves qui en avaient besoin.
Source : Centre d’information des Nations Unies de Beyrouth.
Article publié à l’origine en anglais sur le site des "Reportages de terrain" des Nations Unies (en anglais : " United Nations Stories from the Field"). Traduction française réalisée par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).