En Afghanistan, les professionnels de santé bravent la menace sécuritaire pour continuer à soigner les malades

Quelque 8.000 à 10.000 personnes originaires de dix provinces différentes sont arrivées à Kaboul au cours des dernières semaines à la suite de l'avancée des talibans. Je fais partie d'une équipe de médecins et d'infirmières qui dispensent des soins de santé à ces nouveaux arrivants.
Ces personnes ont fui leur maison et n'ont plus rien : pas de maison, pas de travail et très peu d'argent. En règle générale, elles ont peur de vivre à Kaboul et sont très contrariées d'avoir dû quitter leur maison. Nous leur fournissons différents services dans les camps de personnes déplacées installés dans la ville.
Ces personnes arrivent avec de nombreuses maladies et affections courantes, comme la diarrhée ou la pneumonie. Les trois quarts environ de celles que nous traitons sont des femmes et des enfants.

Lundi [23 août]. Je faisais partie d'une équipe de six médecins, dont trois femmes. Ces trois femmes médecins ont dispensé des soins spécifiques aux femmes et ont aidé à mettre au monde un certain nombre de bébés. Nous avons également cinq infirmières dans l'équipe. Notre journée de travail est très longue et très difficile. Je commence ma journée vers 7 heures du matin et il m’arrive parfois de travailler jusqu'à minuit, ce qui signifie que, en tant qu'équipe, nous pouvons prendre en charge jusqu'à 500 patients par jour.
Parfois, les conditions de sécurité m'obligent à rester à la maison. Si on entend parler de coups de feu ou d'autres troubles, ou si on nous signale des barrages routiers, cela devient trop dangereux et les membres de l'équipe peuvent décider de ne pas aller travailler ce jour-là. La situation peut être très tendue dans les rues. Certains jours, seuls les hommes vont au travail.
Mes collègues femmes sont, bien sûr, inquiètes pour leur avenir. Nous le sommes tous. Elles ne savent pas ce que l'avenir leur réserve, si elles pourront continuer à travailler comme elles le font actuellement. Nous ne savons pas si la situation des femmes va empirer, rester la même ou bien, qui sait, s'améliorer.

Nous n'avons pas vraiment eu d'interactions significatives avec les talibans depuis qu'ils sont entrés dans Kaboul, même s'ils sont venus une fois au camp où nous travaillions pour nous demander ce que nous faisions.
En ce moment, la sécurité est la principale préoccupation des personnes déplacées et des autres habitants de la ville, mais nous sommes également préoccupés par le manque de médicaments et de nourriture, car les magasins et les marchés sont toujours fermés à Kaboul.
Je suis médecin. Mon travail consiste donc à aider et à soigner les gens. Je veux aider le peuple afghan en ces temps difficiles : je me sens profondément investi de cette mission. Mais je ne peux aider que si je me sens en sécurité au travail.
Mon message au reste du monde est le suivant : Aidez l'Afghanistan ; c'est un pays pauvre, mais les gens ici ont bon cœur et je continuerai à faire de mon mieux pour être au service du peuple afghan et le protéger.
Le Dr Khali Ahmadi* est un médecin afghan qui continue à exercer son métier à Kaboul. Il est déterminé à continuer à fournir des services de santé essentiels à la population malgré l’insécurité et l'instabilité permanente qui règnent dans le pays. Il a exhorté la communauté internationale à continuer à soutenir l'Afghanistan.
(*) Pour des raisons de sécurité, le vrai nom de ce médecin n'est pas divulgué.
L'ONU s'engage à rester sur place et à tenir ses promesses
Les organismes de l’ONU se sont engagés à rester en Afghanistan malgré la récente prise de pouvoir des talibans et à soutenir les communautés qui, avant les récents événements, avaient déjà besoin d’une aide d’urgence.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) concourt à ces efforts et permet ainsi au Dr Khali Ahmadi et à d'autres de fournir des traitements, des médicaments et de la nourriture et de procéder à un certain nombre de tests de dépistage de la COVID-19.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) poursuit ses efforts de son côté. Il a fourni une aide alimentaire et nutritionnelle à 5,5 millions de personnes au cours des six premiers mois de cette seule année.
L'UNICEF, pour sa part, a prépositionné des stocks essentiels, notamment d’aliments thérapeutiques prêts à l'emploi et de vaccins, dans tout le pays. Le Fonds intensifie en outre ses efforts dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, notamment en termes de transport de l'eau par camion et de distribution de trousses d'hygiène.
Article produit à l’origine en anglais par ONU Info et publié sur le site d’ONU Info. Basé sur un entretien exclusif avec un médecin afghan depuis la capitale Kaboul. Le présent article est une version éditée de l’article original et a été traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).