En Mongolie, la COVID-19 est synonyme de reculs pour le développement
La gestion de la crise sanitaire due à la COVID-19 en Mongolie donne des résultats globalement très positifs. Le gouvernement mongol a fait fermer tous les établissements dédiés à l’enseignement, y compris les jardins d'enfants, les écoles et les universités, au début de l'année. Il a également imposé des mesures strictes de distanciation sociale, notamment en interdisant les rassemblements publics, en limitant l’utilisation des transports publics, en fermant des espaces publics tels que les gymnases et en rendant obligatoire le port d’un masque en public. Les déplacements ont été également considérablement limités, notamment par l’interdiction totale des voyages à l’international par voie terrestre, ferroviaire ou aérienne.
La Mongolie s’est retrouvée dans une situation de grande vulnérabilité face à la pandémie, non seulement en raison de sa proximité géographique avec la Chine et la Russie, laquelle nourrit notamment des liens économiques étroits et une grande dépendance économique vis-à-vis de ces pays, mais aussi en raison de l’inadéquation de son propre système de santé.
En dépit de ces difficultés, aucune transmission locale du virus n'a été signalée (les contaminations se sont limitées à des cas importés) ; et je dirais que les dirigeants du pays ont bien géré la pandémie.
Un autre facteur a également contribué à l’efficacité de la réponse de la Mongolie à la crise : ce sont les citoyens, qui ont respecté consciencieusement les consignes et les dispositions réglementaires prises par le gouvernement. Les consignes relatives au port du masque, à une bonne hygiène - notamment au lavage fréquent des mains - ainsi qu’au respect de la distanciation physique ont été scrupuleusement respectées. Même pendant le Tsagaan Sar, la célébration du Nouvel An lunaire mongol en février, les citoyens se sont conformés aux ordres du gouvernement et ont renoncé à rendre visite à leur famille élargie et à leurs aînés, alors que ces visites font partie de la tradition pour les familles mongoles.
Limiter l’impact
Plusieurs entités de l’ONU sont présentes, physiquement, en Mongolie. D'autres apportent leur appui depuis l’extérieur. En réponse à la crise de la COVID-19, les organismes de l’ONU se sont réunis sous la direction du bureau du coordonnateur résident et nous avons suivi le plan d'intervention de l'Organisation mondiale de la santé, ainsi que les plans d'intervention humanitaire et socio-économique de l’ONU. Ce travail a nécessité la mise en place d’une équipe spéciale pour la gestion des aspects socio-économiques et l'identification des besoins et priorités des personnes les plus vulnérables au sein de la société mongole.
L'équipe de pays de l’ONU a puisé dans le million de dollars qui lui a été alloué par le Fonds d'affectation spéciale pluripartenaire du Secrétaire général de l’ONU pour l'action face à la COVID-19 et pour le relèvement, pour aider le gouvernement mongol à accroître la capacité de dépistage du pays et à acquérir davantage d'équipements de protection individuelle. Nous avons également apporté notre appui à l’élaboration du programme d'apprentissage numérique, afin d'améliorer la qualité de l'apprentissage en ligne, étant donné que les enfants ont été privés d’école pendant environ six mois.
Nous nous tenons prêts à soutenir le gouvernement de toutes les manières possibles, depuis l’aide à l’élaboration de plans de réponse sanitaire, humanitaire et socio-économique jusqu’à l’appui au relèvement de l’économie à long terme.
Les répercussions économiques
Nous ne savons pas encore quel sera l'impact global de la pandémie, mais nous savons qu'il est important. Par exemple, au premier trimestre 2020, l'économie s'est contractée de 10,7 %, et les recettes publiques ont diminué de 8,6 % en glissement annuel, tandis que les dépenses ont augmenté de 19,3 %.
La Mongolie a une dette importante, ce qui signifie qu'elle encourt un risque accru de défaut de paiement. Selon le FMI, le PIB devrait également chuter considérablement, pour atteindre moins d’1% cette année, contre 5,3% en 2019.
Pour soutenir l'économie, le gouvernement a approuvé des plans de relance économique qui représentent plus de 10 % du PIB. Ces plans prévoient plusieurs mesures visant à aider les groupes de population vulnérables. Il s’agit notamment d’accorder des allocations en espèces, de reporter le remboursements des prêts hypothécaires, des prêts à la consommation et des prêts aux entreprises et de réduire le taux hypothécaire.
Des reculs en termes de développement
Malheureusement, il est fort probable que la pandémie donne un coup d’arrêt aux avancées que nous avons réalisées en Mongolie. Le gouvernement a pris des mesures rapides et efficaces contre la propagation de la COVID-19, mais la hausse des emprunts, dans un contexte économique marqué par une réduction des exportations, signifie qu'il sera difficile pour le pays de se remettre de l’impact socio-économique de la crise.
Nous collaborons avec le FMI, la Banque mondiale et d'autres partenaires pour conduire des analyses détaillées qui nous permettent d’examiner l’impact réel de la crise, mais nous travaillons également avec le gouvernement mongol pour veiller à ce que les plans de relèvement ne laissent personne de côté.
J'espère simplement que les donateurs apporteront les financements nécessaires pour soutenir les personnes les plus vulnérables en Mongolie et pour aider à faire en sorte que la relance post-pandémique profite à l’ensemble des citoyennes et des citoyens.
Cet article a été publié à l’origine par site web d’ONU Info le 25 Juillet 2020.