J'ai vaincu la COVID-19

Le 19 avril 2020, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Nigéria a confirmé le premier cas de maladie à coronavirus (COVID-19), un membre de son personnel sur le terrain ayant été testé positif. L'Organisation a immédiatement réagi en déployant le soutien nécessaire pour que l’employé en question reçoive les soins médicaux appropriés. L'employé qui a été testé positif à la COVID-19, le Dr Haruna Ismaila Adamu, a finalement été autorisé à sortir après avoir été pris en charge pendant trois semaines au Centre d'isolement et de traitement de Bauchi. Le Dr Haruna a contracté le virus par contact direct avec une personne infectée à Kano, trois jours avant son retour à Bauchi.
Le Dr Haruna Adamu raconte son histoire sans détours
Je suis le Dr Haruna Ismaila ADAMU. J'ai 53 ans, je suis marié, je suis père et je suis heureux. Cela fait maintenant 19 ans que je suis au service de l'OMS ; j’y ai travaillé 7 ans pour le Programme élargi de vaccination et 12 ans pour le Programme de lutte contre la tuberculose. Actuellement, je suis Administrateur recruté sur le plan national chargé de la lutte contre la tuberculose et j'apporte mon un appui à la région nord-est du Nigéria en coordonnant les activités de lutte contre la tuberculose dans les États d'Adamawa, Bauchi, Borno, Gombe, Taraba et Yobe.
Je m’étais rendu à Kano une semaine plus tôt pour les vacances de Pâques. Ma famille vit à Kano (Kano, dans le nord-ouest, est le deuxième épicentre de l'épidémie de COVID-19 au Nigeria après Lagos, dans le sud-ouest). Pendant mon séjour à Kano, j'ai eu des échanges avec mes collègues de travail, notamment avec un de mes voisins qui avait été testé positif. J'ai immédiatement appelé le Dr Adamu Ningi, le Coordonnateur de l'OMS pour l'État, afin qu'il prenne les dispositions nécessaires pour que je sois testé.
Le Dr Ningi m'a demandé pourquoi je voulais le faire et je lui ai expliqué que mon voisin de Kano, avec qui j'avais été en contact, avait été testé positif et que, compte tenu des symptômes que j'avais, je pensais qu'il valait mieux que je sois testé. Les premiers signes et symptômes que j'ai ressentis ont été des éternuements, une toux, de la fièvre et des frissons. Je n'ai ressenti aucune douleur thoracique ni aucun essoufflement.
Le lendemain, mon échantillon a été prélevé et après 24 heures d'attente, j'ai reçu un appel du ministère de la santé vers 12h30 m'informant que mon test était positif. Vers les 13 heures, une ambulance est arrivée à mon domicile. On m'a emmené au centre d'isolement de l'hôpital universitaire Abubakar Tafawa Balewa, qui se trouve ici, à Bauchi.
Ça n’a pas été difficile d'annoncer la nouvelle à ma famille, car je l'avais mise au courant dès le départ. Mes proches étaient au courant de mes premiers symptômes et savaient que j'avais demandé à être testé. Alors, lorsque mon résultat s’est avéré positif, j'ai simplement convoqué une réunion de famille et annoncé la triste nouvelle. Mes proches m'ont assuré qu’ils me soutiendraient et que tout irait bien.
Pour être honnête, j'étais très inquiet pour ma famille. Mais, heureusement, tous les membres de ma famille, y compris nos trois aides domestiques, ont été testés négatifs. En revanche, un collègue de l'OMS et un agent de sécurité qui travaille dans notre bureau ont été malheureusement testés positifs à la COVID-19.
Tout le soutien que j’ai reçu
J'ai reçu un soutien énorme et constant de l'OMS, tant de la part du Bureau de pays de l'OMS que de celle du Bureau de Bauchi et ce, depuis le premier jour de mon admission jusqu'à ma sortie. La Responsable de l'OMS au Nigéria (le Dr Fiona Braka) m'a contacté par téléphone tous les jours pour me donner du courage, me réconforter et m'assurer du soutien sans faille de l'OMS. J’apprécie de même, à sa juste valeur, le fait que tous les Chefs de groupe du Bureau de pays de l'OMS, ainsi que le Coordinateur de la zone nord-est de l'OMS et le Responsable administratif, le Président de l'Association du personnel de l'OMS, le Président de WHO/CTS et les collègues de tous les groupes dans tout le pays m'ont appelé ou envoyé des messages pour m’exprimer leur empathie et leur soutien. En fait, le Bureau de pays de l'OMS avait fait le nécessaire pour que je sois évacué vers Abuja, mais mes médecins avaient donné un avis contraire. Le Bureau de l'OMS à Bauchi m'a fourni quelques produits essentiels comme de l'eau, un ventilateur rechargeable, des articles de toilette, etc. Le soutien du gouvernement a été de taille puisque tous les médicaments que j'ai reçus, les repas, l'hébergement, les soins infirmiers, les examens de diagnostic et de contrôle ont été offerts par le gouvernement. Mes collègues de l'UNICEF à Bauchi m'ont eux aussi apporté un soutien psychosocial important.
Le centre d'isolement est ouvert 24 heures sur 24. On m'a placé dans une chambre privée (avec un lit, des draps, une couverture, des toilettes, une baignoire, de l'eau courante, une alimentation électrique, un climatiseur, une télévision, un réfrigérateur et un tiroir). Après m’être fait examiner par le médecin, j'ai été placé sous le traitement recommandé : prise quotidienne de comprimés, mise en place d’une perfusion intraveineuse, administration de médicaments par voie intraveineuse et prise d’une solution de réhydratation orale et de comprimés de zinc. Dans l'établissement où je me trouvais, j'ai été surveillé en permanence : pression artérielle, pouls, saturation pulsée en oxygène (oxymètre de pouls), température (thermomètre placé dans le creux de l’aisselle). J'ai également été bien nourri et j’avais à ma disposition la ligne d'assistance téléphonique du poste d'infirmerie pour le cas où j’aurais besoin d’une prise en charge complémentaire.
La COVID-19 est bien réelle !
Le plus difficile pour moi a été de me nourrir. Je n'étais pas capable de prendre les repas qui m'étaient fournis par les autorités, probablement parce que j'avais complètement perdu l’appétit et l’odorat. J'ai donc demandé que ma femme soit autorisée à m'apporter de la nourriture faite maison, et elle a été autorisée à le faire. Après cela, j'ai commencé à très bien manger.
La COVID-19 est bien réelle. Celles et ceux qui sont encore sceptiques devraient y réfléchir à deux fois, car ayant vécu les symptômes de ce virus dans ma chair, je peux dire que je ne souhaite à personne de l’attraper (pas même à mon pire ennemi !). C'est une expérience désagréable qui peut se terminer de deux façons : la guérison ou la mort ; et la meilleure approche pour éviter le deuxième scénario, c’est la prévention. Nous devons apprendre à rester chez nous et à respecter les mesures de distanciation sociale et les autres mesures préventives recommandées par l'OMS et par les autorités. Nous devons le faire pour le bien de nos familles, de la société dans son ensemble et, surtout, pour nos héros de la santé, ces personnels sanitaires et médicaux de première ligne qui continuent à risquer leur vie et celle de leurs proches pour donner aux personnes testées positives à la COVID-19 les soins médicaux dont elles ont besoin.
Après cette expérience, je compte redoubler d'efforts pour que les membres de ma famille et moi-même restions en bonne santé et jouissions d'une bonne qualité de vie. Le travail des membres du personnel de l'OMS comme moi consiste, par essence, à servir l'humanité. Je continuerai donc à apporter aide et soutien à celles et ceux qui en ont besoin, en particulier aux personnes faibles et vulnérables de nos sociétés. C'est une façon pour de continuer à apporter ma contribution à la construction d’un avenir meilleur et plus sain pour les populations du monde entier.
À ce jour, plus de 20 membres du personnel de l'OMS et plus généralement de l’ONU ont été testés positifs à la COVID-19 au Nigéria. Nonobstant cette situation, le système des Nations Unies au Nigéria continue à aider de manière optimale le gouvernement du Nigéria à répondre à la pandémie de COVID-19.
Article produit par l’ONU au Nigéria et publié à l’origine sur le site de l'ONU au Nigéria. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour lire la version originale de cet article, cliquez ici.














