La clé de la riposte réussie du Viet Nam face la COVID-19
“"En dépit d’une nouvelle vague qui a débuté le 25 juillet et que le Viet Nam est désormais en passe de contrôler efficacement, il est reconnu au niveau mondial que le Viet Nam a organisé l’une des ripostes les plus réussies au monde face à la pandémie de COVID-19 entre le mois de janvier et le 16 avril. Après cette date, aucun cas de transmission locale n'a été enregistré pendant 99 jours consécutifs.
Il y a eu moins de 400 cas d'infection dans le pays durant cette période - la plupart étant des cas importés - et aucun décès, ce qui est remarquable compte tenu des 96 millions d'habitants que compte le pays et du fait que celui-ci partage une frontière terrestre de 1.450 km avec la Chine.
Une planification à long-terme qui porte ses fruits
L’efficacité de la riposte du Viet Nam a attiré l'attention de la communauté internationale en raison de l’approche du gouvernement consistant à mettre en œuvre une réponse précoce, fondée sur l’anticipation et impliquant l'ensemble du système politique et des composantes de la société. Avec le soutien de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et d'autres partenaires, le Viet Nam avait déjà mis au point un plan à long terme lui permettant de faire face aux urgences de santé publique, en tirant parti de son expérience des précédentes épidémies comme le SRAS qu'il avait également remarquablement bien gérées.
L’action jusqu'ici menée avec succès par le Viet Nam contre l'épidémie de COVID-19 peut donc être attribuée, au moins en partie, aux efforts consentis en "temps de paix". Le pays a démontré que se préparer à faire face aux maladies infectieuses est un élément clé de la protection de la population et de la santé publique en période de pandémie comme celle de la COVID-19.
Dès le mois de janvier 2020, le Viet Nam a procédé à une première évaluation des risques immédiatement après l'identification d'un groupe de cas de "pneumonies sévères d'étiologie inconnue" à Wuhan, en Chine. Dès la confirmation des deux premiers cas de COVID-19 au Viet Nam, dans le courant de la seconde moitié du mois de janvier 2020, le gouvernement a commencé à mettre en place des mesures préventives en renforçant le dépistage à l'entrée des écoles et en prolongeant le congé scolaire du Tết (Nouvel An lunaire).
Au 13 février 2020, le nombre de cas était passé à 16 et la transmission locale, détectée dans un village près de la capitale de Hanoi, était limitée. Comme cette transmission locale pouvait provoquer une nouvelle vague de propagation du virus au Viet Nam, le pays a mis en place une quarantaine ciblée de trois semaines dans tout le village. Cette quarantaine a concerné 11.000 personnes et il n'y a ensuite plus eu de cas de transmission locale pendant trois semaines.
Mais le Viêt Nam avait simultanément élaboré une politique plus large en matière de quarantaine et d'isolement pour lutter contre la COVID-19. Lorsque la vague suivante a commencé au début du mois de mars, à partir d’un cas importé du Royaume-Uni, le gouvernement a su qu'il était crucial de contenir la transmission du virus le plus rapidement possible, afin de protéger également son économie.
Le Viet Nam a donc fermé ses frontières en février et suspendu les vols internationaux en provenance de la Chine continentale et a ensuite étendu progressivement cette mesure au Royaume-Uni, à l'Europe, aux États-Unis puis au reste du monde, en mars, tout en exigeant que tous les voyageurs entrant dans le pays, y compris les ressortissants vietnamiens, se soumettent à une quarantaine obligatoire de 14 jours à leur arrivée.
Cette mesure a permis aux autorités d’assurer un suivi des cas importés de COVID-19 et d'éviter de nouvelles transmissions locales qui auraient pu ensuite entraîner une transmission communautaire plus large. Le gouvernement a mobilisé à la fois l'armée et les autorités locales pour fournir des tests de dépistage, des repas et des services de confort à l’ensemble des établissements recevant les personnes en quarantaine et restés gratuits durant cette période.
Le confinement n'a pas été nécessaire
Bien qu'aucun confinement n’ait jamais été imposé à l'échelle du pays, certaines mesures restrictives de distanciation physique ont été appliquées sur tout le territoire. Le 1er avril 2020, le Premier ministre a publié une directive nationale imposant une distanciation physique de deux semaines, qui a été prolongée d'une semaine dans les grandes villes et les lieux à haut risque: on a conseillé aux gens de rester chez eux, prié les entreprises dont l’activité n’était pas essentielle de fermer et limité les transports publics.
Ces mesures ont été si efficaces qu'au début du mois de mai, après deux semaines sans cas confirmé localement, les écoles et les entreprises ont repris leurs activités et les gens ont pu retrouver leur routine habituelle. La Maison des Nations Unies, ou "Green One", qui abrite la plupart des agences de l’ONU au Viet Nam, est restée ouverte pendant toute cette période. Le Coordonnateur résident, le Représentant de l'OMS et environ 200 employés et consultants de l’ONU étaient physiquement présents dans les bureaux pendant toute cette période et ont pu ainsi apporter un appui d’une importance vitale au gouvernement et au peuple vietnamiens.
Il est à noter en particulier que la population vietnamienne s'est conformée d’une manière exceptionnellement rigoureuse aux directives et aux conseils du gouvernement, en partie grâce à la confiance instaurée par le ministère de le la santé à travers une communication transparente et en temps réel, soutenue par l'OMS et d'autres agences de l’ONU.
Des moyens innovants ont été utilisés pour informer la population et assurer sa protection. Le ministère de la santé a par exemple envoyé régulièrement des mises à jour sur les mesures de préventions et les symptômes de la COVID-19. Une chanson sur la COVID-19 a été diffusée, avec des paroles destinées à sensibiliser la population à la maladie. Cette chanson est par la suite devenue virale sur les réseaux sociaux grâce un défi chorégraphique lancé par Quang Dang, une célébrité locale, sur Tik Tok.
Protéger les personnes vulnérables
Il reste toutefois des défis à relever au Viet Nam pour que toute la population, en particulier les personnes les plus durement touchées qui dépendent des petites et moyennes entreprises (PME) et les groupes de population pauvres et vulnérables, soit assurée de bénéficier de manière adéquate de mesures de protection sociale qui soient suffisamment financées et efficacement mises en place.
L’ONU au Viet Nam souhaite aider le gouvernement à soutenir les PME qui utilisent des technologies propres, en collaborant avec des institutions financières internationales qui devront désormais faire les choses différemment et adopter une nouvelle approche de la croissance, plus inclusive à l’avenir et plus durable.
Des défis persistent
Au moment où j'écris ces lignes, le Viet Nam se trouve à un moment critique de sa bataille contre la COVID-19. Le 25 juillet, après 99 jours sans le moindre cas de transmission locale, un nouveau cas a été confirmé à Da Nang, une destination touristique bien connue ; des centaines de milliers de personnes ont afflué vers la ville et la région environnante au cours de l'été.
Le gouvernement démontre une fois de plus qu’il est déterminé à contenir la transmission locale du virus. Alors qu'il y a eu quelques centaines de nouveaux cas de transmission locale et 24 décès, tous localisés dans un grand hôpital de Danang (malheureusement, tous les décès sont survenus chez des personnes qui présentaient préalablement de multiples pathologies), le gouvernement met actuellement en place une recherche très active des cas contacts, une prise en charge proactive des patients, des mesures de quarantaine étendues et des actions de communication publique prenant en compte toutes les dimensions de la crise.
Je suis convaincu que le pays parviendra à nouveau, par son action, à contenir efficacement le virus au cours des prochaines semaines.”