ONU et inclusion du handicap : 5 stratégies pour promouvoir l’avènement de sociétés plus inclusives

À la lumière des échanges qui se sont déroulés lors du récent Sommet mondial sur le handicap, où les leaders mondiaux se sont réunis pour s'engager sur ce qui doit être fait pour garantir la réalisation des droits des personnes handicapées, nous souhaitons prendre le temps de réfléchir à la manière de faire avancer la cause de l’inclusion du handicap dans nos sociétés. Les cinq exemples qui suivent montrent comment les équipes de pays de l’ONU et leurs partenaires contribuent à faire avancer l'inclusion du handicap afin de concrétiser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ces exemples pourraient inspirer de nouvelles avancées en la matière dans toutes les régions du monde.
Favoriser l'inclusion du handicap dans le Pacifique à travers des partenariats avec les associations de personnes handicapées

Personne ne sait mieux que les personnes handicapées ce dont les personnes handicapées ont besoin. C'est exactement pour cette raison que l’ONU aux Fidji travaille avec le Forum du Pacifique sur le handicap (en anglais : Pacific Disability Forum), une organisation faîtière qui représente les personnes handicapées dans la région. Ensemble, l’ONU et le Forum du Pacifique sur le handicap mettent en œuvre des initiatives visant à faire en sorte que les décideurs politiques disposent des informations et des compétences nécessaires pour rendre les Fidji plus inclusives et plus accessibles, mieux travailler ensemble et mettre en place des mesures qui permettent à tout le monde d’être pris en compte au moment de l’élaboration et de la mise en œuvre de politiques publiques. C'est également la première fois que 16 entités de l’ONU se réunissent avec le Forum du Pacifique sur le handicap et des organisations nationales de personnes handicapées pour s’accorder sur les actions à entreprendre dans ce sens. Une étroite collaboration est menée par exemple aux fins d’examiner le niveau d'accessibilité qu’offrent les bureaux de l’ONU aux personnes handicapées et d’en planifier l’amélioration.
Il ne fait aucun doute que ce type de partenariats a permis de faire progresser la cause de l'inclusion du handicap. Sanaka Samarasinha, le plus haut représentant de l’ONU aux Fidji, a déclaré : "Au cours de la première phase de mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap, nous avons pris conscience que les locaux de l’ONU dans le Pacifique étaient réellement inaccessibles aux personnes handicapées. La seule manière d’avancer à partir de ce constat était d’assumer notre responsabilité dans cette situation et de permettre à nos partenaires des organisations nationales pour personnes handicapées de nous faire part de leurs critiques. Je suis fier de pouvoir dire que deux ans plus tard, notre engagement en faveur de l'inclusion du handicap illustre le travail réalisé ici par l'équipe de l’ONU aux Fidji et que notre partenariat avec le Forum du Pacifique sur le handicap est solide et conduit à des changements concrets dans la vie des personnes handicapées."
Communiquer pour améliorer les perspectives offertes aux personnes handicapées en Indonésie

En Indonésie, l'ONU souhaitait populariser la langue des signes et contribuer à faire tomber les obstacles à la communication pour les personnes malentendantes. Elle s'est donc associée à deux associations de personnes handicapées pour concevoir une campagne de communication originale sur l’inclusion des personnes malentendantes, ainsi qu’un concours sur les réseaux sociaux intitulé Show Your Sign (traduction littérale en français : "Montre ton signe")
Inspiré de la chanson "Permission to Dance" (en français : "Permission de danser") du groupe pop sud-coréen BTS, interprétée lors de la 76ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le concours "Show Your Sign" demandait aux participant(e)s de soumettre des Instagram Reels (vidéos) de chorégraphies en langue des signes pour accompagner l'une des dix chansons présélectionnées. Le concours a attiré plus de 70 utilisateurs/trices de la langue des signes à travers l'Indonésie. Un filtre Instagram sur mesure a été utilisé qui a généré plus de 267.000 commentaires sur les réseaux sociaux, principalement via Pusbisindo, une école locale d’apprentissage de la langue des signes qui s'est associée à l'ONU pour cette campagne.

"Nous avons été très heureux de voir que toute la population en Indonésie s’était intéressée à l'apprentissage et à l'utilisation de la langue des signes à l’occasion de cette campagne", a déclaré la Coordonnatrice résidente des Nations Unies, Valérie Julliand. "Nous pensons que cette campagne a permis de sensibiliser les gens au fait que la langue des signes indonésienne est une langue officielle et nous espérons que certaines personnes auront envie de commencer à l'apprendre afin de pouvoir communiquer avec davantage de personnes qui l'utilisent dans le pays."
Travailler avec le gouvernement pour faire de l'inclusion du handicap une question prioritaire en Bolivie
Si les lois sont importantes, le système des Nations Unies travaille à fournir aux gouvernements avec lesquels il collabore des données factuelles pour les guider dans l’élaboration de politiques publiques et les aider à transformer ces politiques en mesures concrètes qui sont de nature à produire de réels changements dans la vie quotidienne des personnes handicapées.
C'est ce qui s'est passé en Bolivie, où cinq entités de l’ONU (UNFPA, UNICEF, HCDH, OMS et UNESCO) ont travaillé ensemble pour permettre au gouvernement de disposer de données plus nombreuses et de meilleure qualité pour la mise en œuvre de programmes inclusifs - en particulier pour les enfants, les adolescent(e)s et les femmes - en matière d'accès à la santé, à la justice et à l'éducation. Ainsi, un profil épidémiologique des différents handicaps et un outil de dépistage précoce du handicap chez les enfants âgés de 0 à 6 ans ont été élaborés ; des variables et des indicateurs quantitatifs ont été inclus dans le système de l'éducation nationale et dans le système national d'enregistrement des actes de violence sexiste ; un protocole d’accès à une procédure de traitement équitable a été mis au point ; et les questions relatives au handicap ont été intégrées dans les guides sur la dispensation de soins de santé sexuelle et procréative.
"Bien que la Bolivie ait adopté des lois confortant les droits des personnes handicapées, il était important pour le système des Nations Unies de trouver des moyens pour collaborer avec ses partenaires gouvernementaux et s'assurer qu'ils disposent de meilleurs outils et d'une meilleure compréhension de la façon d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques qui respectent les engagements pris et conduisent à des changements concrets pour les personnes handicapées."
Placer l’inclusion du handicap au cœur de la planification en Sierra Leone

Pour faire progresser l'inclusion du handicap, il faut d’abord avoir une bonne stratégie. C'est le cas de l’ONU en Sierra Leone, qui travaille avec le gouvernement pour assurer l'intégration des droits des personnes handicapées dans le Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable 2020-2023. Le Plan-cadre de coopération est le plan national qui définit les domaines dans lesquels le système des Nations Unies et le gouvernement de la Sierra Leone collaboreront pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Dans le cadre du Plan-cadre de coopération, plusieurs actions seront entreprises pour faire en sorte que les garçons, les filles, les femmes et les hommes handicapés deviennent autonomes et bénéficient de services de protection sociale renforcés et d'opportunités économiques et sociales plus importantes. Des mesures seront également prises pour que les personnes handicapées aient accès à l’ensemble des services disponibles, qu’il s’agisse des services de santé, d'éducation, de justice, de sécurité, ou de viabilité face au changement climatique. Toutes les interventions prévues dans ce cadre ont été conçues en consultation avec les personnes handicapées et les associations qui les représentent.
"Dès le départ, nous avons placé la réalisation des droits des personnes handicapées au cœur de nos objectifs de planification et nous sommes fiers du partenariat qui nous a permis de donner vie à ce plan-cadre", a déclaré Babatunde Ahonsi, le Coordonnateur résident des Nations Unies en Sierra Leone.
Œuvrer pour l'inclusion du handicap au Liban à travers l’amélioration du système de protection sociale
Avec le soutien du Fonds conjoint pour les ODD, l’ONU - à travers l'OIT et avec l'UNICEF en entité cheffe de file - a aidé le gouvernement libanais à développer un système national de protection sociale intégré et inclusif qui favorise l'accès des personnes handicapées à la protection sociale et leur offre la possibilité de participer plus largement au processus d’amélioration du système. Tout au long du processus, des associations de personnes handicapées ont défini collectivement les améliorations qu’elles jugeaient nécessaires et ont convenu notamment de la nécessité qu’une nouvelle allocation d'invalidité soit mise en place dans le pays.
"Grâce à ce processus, l’ONU a appris qu'il est très important pour l’intérêt des personnes handicapées de travailler avec elles, de leur permettre d’être mieux représentées et de veiller à ce que tous les piliers du système de protection sociale soient étudiés en prenant en compte la question de l'inclusion du handicap. La protection sociale est un élément facilitateur : elle donne la possibilité aux personnes handicapées de participer pleinement et au même titre que le reste de la société à la vie sociale et économique. Intervient ensuite l’insertion de ces personnes dans la vie active, qui conforte leur participation à la vie du pays", a déclaré Najat Rochdi, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Liban.
Lors du Sommet mondial sur le handicap de 2022, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD) a affirmé son engagement à rendre le BCAD et le Système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents pleinement accessibles aux personnes handicapées, dans l’optique de contribuer à la réalisation du Programme 2030, de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et d'autres accords internationaux. En outre, le BCAD s'est engagé, d’une part, à prendre des mesures visant à rendre les locaux des différents bureaux rattachés au Système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents inclusifs et accessibles pour les personnes handicapées et, d’autre part, à appuyer l’ensemble du système des Nations Unies dans ce sens à travers la Stratégie relative aux activités opérationnelles (Business Operations Strategy, en anglais, ou BOS). Cet appui favorisera la mise en place de services communs qui permettront de rendre les environnements de travail des 132 équipes de pays de l’ONU en place inclusifs et accessibles pour les personnes handicapées. Il se fera en collaboration avec les personnes handicapées et les organisations qui les représentent. Pour en savoir plus sur le Sommet mondial sur le handicap et les engagements qui y ont été pris, consultez le site https://www.globaldisabilitysummit.org.
Article écrit à l’origine en anglais pas Amy Karageorgos, consultante pour les questions relatives à l’inclusion du handicap au sein du Bureau la coordination des activités de développement (BCAD), avec le concours des Bureaux des coordonnateurs/trices résidents/tes des Nations Unies en Bolivie, aux Fidji, en Indonésie, au Liban et en Sierra Leone. Traduction française réalisée par le BCAD.