Burkina Faso : Construire un nouvel avenir pour les personnes déplacées
Au Burkina Faso, plus d'un million de personnes ont été déplacées de chez elles. Ces personnes sont victimes de la pauvreté et du conflit qui sévit actuellement dans le pays. Pourtant, à la suite d'une récente visite dans les régions du centre et du nord du pays, Barbara Manzi, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies et Coordonnatrice humanitaire au Burkina Faso, affirme avoir rencontré des populations résilientes, désireuses de trouver leurs propres solutions aux problèmes qu'elles vivent et de se construire un avenir meilleur.
"Cette mission a été ma première mission sur le terrain au Burkina Faso. Je me suis rendue à Kaya, à une centaine de kilomètres au nord-est de la capitale, Ouagadougou, ainsi qu’à Dori, qui est la capitale de la région du Sahel, à la frontière avec le Niger et le Mali et, enfin, à Djibo, une ville du nord du pays.
Les personnes que nous avons rencontrées nous ont toutes posé les mêmes questions : allons-nous avoir un emploi ? Pourrons-nous retrouver notre dignité et retourner à la vie que nous avions avant ? Pouvons-nous devenir les acteurs de notre avenir ? Pouvez-vous nous aider à retrouver une vie normale ?
Donner aux femmes et aux jeunes la possibilité de peser dans les décisions
Les femmes représentent la moitié de la population, et plus des trois quarts des habitants du pays ont moins de 35 ans. Pourtant, les femmes et les jeunes brillent par leur absence dans les processus décisionnels.
J'ai tenu à parler aux femmes et je leur ai demandé si elles avaient les moyens de contribuer à résoudre les problèmes auxquels sont confrontées leurs communautés depuis longtemps et à mettre fin à la violence qui y sévit. "Oui, en effet", m'ont-elles répondu. "Si nous disons à nos maris, à nos fils, à nos frères, d'arrêter de se battre, d'arrêter ces actes de violence, ils nous écouteront. Et nous devons trouver un espace qui nous permette de réaliser cela, qui nous permette de peser dans les décisions."
La deuxième question que je leur ai posée est la suivante : "Que puis-je faire pour vous ? Que pouvons-nous faire, en tant que Nations Unies, pour vous aider ?"Elles m’ont répondu qu'elles voulaient trouver des solutions par elles-mêmes, mais qu’elles avaient besoin qu’on les aide à sensibiliser les hommes à la nécessité de changer certaines façons de faire traditionnelles et culturelles.
Aider à trouver des solutions, sans nuire
Pendant la période de crise, le fonctionnement des services éducatifs et sanitaires a été fortement perturbé par les violences commises par des groupes non étatiques violents. Beaucoup de ces services ont dû fermer, ce qui a encore aggravé la situation.
Mais j'ai pu constater l’impact positif que nous, ONU, avons eu avec nos partenaires à travers la distribution de nourriture, la mise en place d’activités extrascolaires, le soutien psychosocial et l’ouverture de centres de nutrition et de centres de santé.
Le principe qui doit guider notre action consiste à veiller à ce que nous contribuions au développement de solutions, sans que cela nuise aux populations. Nous ne pouvons pas considérer que les communautés vulnérables sont seulement des victimes : nous devons aussi les considérer comme des acteurs impliqués dans la recherche de solutions aux problèmes humanitaires auxquels ils font face.
Nous devons les écouter et faire entendre leur voix dans toutes les discussions. Et nous devons être la voix des sans-voix et parler pour eux d'une manière constructive.
Il y a de l'espoir
Le message que je veux adresser aux acteurs non présents au Burkina Faso, notamment aux donateurs et aux partenaires de développement, est qu'il y a de l'espoir malgré toutes les choses terribles qui se produisent dans le pays et que je pense qu’il nous incombe à nous tous, collectivement, de faire en sorte que cet espoir ne s'évanouisse pas.
Nous devons être prêts à essuyer quelques revers. Compte tenu de la situation, ces revers sont probables. Mais cela ne doit pas nous décourager pour autant de continuer à nous concentrer sur l’intérêt des populations, à essayer de les mettre au premier plan des discussions, à soutenir l'État dans ce qu'il fait et à veiller à ce que les dispositifs communautaires traditionnels existants soient mobilisés à tous les niveaux.
Je pense que j'ai vraiment de la chance d’occuper ce poste. Le travail que je fais n'est pas facile, mais c'est un travail que j'aime parce que je suis témoin de tout le spectre des actions menées par l'ONU et que je vois comment le système peut être mieux utilisé pour servir les personnes qui ont besoin de notre aide."
Écrit à l’origine en anglais par Barbara Manzi, Coordonnatrice résidente des Nations Unies et Coordonnatrice humanitaire au Burkina Faso. Publié initialement en anglais sur le site d'ONU Info. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).