Reconstruire en mieux : La stratégie de l’ONU en Thaïlande pour répondre à la COVID-19
En janvier, la Thaïlande a été le deuxième pays à confirmer la détection d’un cas de COVID-19. Depuis, le pays a fait preuve d'une remarquable résilience grâce à l’effet combiné de l’action gouvernementale, d’une société responsable et de la solidarité communautaire. Fin juillet, le pays n’avait enregistré aucun cas de transmission locale depuis près de deux mois.
La réponse globale du pays et sa capacité à freiner la transmission du virus ont conduit l'OMS à considérer la Thaïlande, au même titre que la Nouvelle-Zélande, comme un exemple de réussite en matière de lutte contre la pandémie. Bien entendu, ce succès dépend entièrement de la capacité du pays à maintenir son niveau de vigilance, à opter pour une gestion pansociétale de la crise et à intensifier les tests de dépistage pour éviter qu’une deuxième vague ne survienne lorsque les frontières rouvriront et que l’activité économique reprendra à son niveau antérieur.
La pandémie a eu un grave impact économique : la contraction de l’activité économique attendue pour 2020 est estimée à 8,1%. Selon une enquête récente, 65 % des Thaïlandais déclarent que leur niveau de revenus est totalement insuffisant ou très insuffisant dans les circonstances imposées par la pandémie et un pourcentage quasiment identique de personnes affirment que leurs finances ont subi un impact négatif.
Une vision centrée sur la COVID
Ayant pris mes fonctions à ce poste tout juste une semaine avant le confinement, ma vision de la Thaïlande s’est beaucoup focalisée sur la COVID. Nous avons tous ressenti, dans nos vies personnelles, les différents effets de la pandémie et un grand nombre des fonctionnaires de l’ONU ont été séparés de leur famille pendant des mois en raison des restrictions de voyage. Dans mon propre cas, le regroupement de ma famille a été reporté au premier semestre de l'année et j'espère voir mon mari le mois prochain pour la première fois depuis le début de l'épidémie. Dans le même temps, nous sommes pleinement conscients que ce sont les communautés vulnérables qui font les frais de cette crise, ce qui rend d'autant plus importants notre travail de sensibilisation et l’action que nous menions avec nos partenaires.
En tant coordonnatrice résidente, je me suis attachée à travailler en étroite collaboration avec l'équipe de pays de l‘ONU pour élaborer la stratégie globale de réponse des Nations Unies à la pandémie. J’ai veillé à ce que cette stratégie soit novatrice, tournée vers l’avenir et qu’elle offre un leadership éclairé qui permette au pays de préserver ses gains en matière de développement et de mieux se reconstruire.
Notre compréhension de l'impact de la crise et de ses implications au niveau des objectifs de développement durable évolue encore au moment où je vous parle. Nous commençons tout juste à mieux comprendre les incidences de la COVID-19 sur l'agriculture et sur les ménages agricoles ainsi que son impact social à plus long terme.
Reconstruire en mieux, ensemble
S’agissant de l'approche adoptée par l’ONU dans cette crise, le Secrétaire général António Guterres a donné le ton dans sa déclaration sur une Responsabilité partagée et une solidarité mondiale, soulignant la nécessité absolue d’une réponse globale fondée sur une approche pansociétale et pangouvernementale. La contribution du gouvernement royal de Thaïlande au Fonds des Nations unies pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement témoigne de cette volonté de partager la responsabilité. L’implication d’un million d’agents sanitaires bénévoles, dont les deux tiers sont des femmes, dans la recherche des cas contacts à travers le pays témoigne, elle, du choix d’une approche pansociétale.
Le gouvernement a rapidement mis en œuvre un ensemble complet de mesures d’incitation adéquatement échelonnées dans le temps, représentant 15 % du PIB. Près de la moitié des personnes interrogées au cours la récente enquête ont déclaré avoir reçu une aide du gouvernement. Selon les estimations issues des modélisations économiques, si la dépense publique apparaît comme le moyen le plus efficace de soutenir la croissance et l'emploi, le versement d’aides financières en liquide puis le recours à des prêts à taux réduits semblent être les mesures les plus efficaces à mettre en œuvre dans un second temps. En partenariat avec le Conseil national du développement économique et social - l'agence nationale de planification économique de la Thaïlande - l’ONU en Thaïlande assurera le suivi de l'impact de ces mesures de relance budgétaire orientées principalement vers les économies locales afin d'éclairer l’élaboration des programmes gouvernementaux.
Le gouvernement devra également surveiller de près l'impact de ces mesures au niveau des ménages au cours des troisième et quatrième trimestres et affiner encore cette combinaison de mesures de relance pour déterminer un ciblage plus précis. S’agissant des vulnérabilités, l'analyse d'impact indique que les jeunes pourraient être ceux qui perdent le plus, compte tenu de la hausse du chômage et du fait que près d'un demi-million de jeunes intègreront la population active à un moment où les emplois seront rares. Par ailleurs, si la crise affecte aussi bien les femmes que les hommes, ses répercussions sont de natures différentes selon le sexe, ce qui constituera un frein pour le processus de relance.
La stratégie de l’ONU en Thaïlande consiste à bâtir des partenariats avec des acteurs lucides sur la nécessité de reconstruire le pays en mieux, tout en maintenant le cap sur les ODD. Le plan associe une réponse sanitaire directe basée sur le principe de ne laisser personne de côté et sur un investissement dans des politiques progressistes qui visent à protéger les emplois et les économies et à renforcer le capital social.
Notre réponse immédiate sur le plan sanitaire consiste à aider le gouvernement à renforcer la capacité de veille sanitaire et la capacité des laboratoires, ainsi qu'à faciliter la mobilisation des secteurs privé et public pour la recherche de vaccins et à piloter la mise en place d’un service de santé de "la nouvelle normalité" basé sur la télémédecine. Notre action consiste également à veiller à ce que les groupes vulnérables tels que les migrants ou les réfugiés aient accès aux équipement de protection individuelle et aux services de soins.
Afin de ne laisser personne de côté, l’ONU en Thaïlande mise en priorité sur la protection sociale, notamment en plaidant avec succès pour l'augmentation des allocations pour personnes âgées et enfants ainsi que des pensions d’invalidité. En lien étroit avec le gouvernement royal de Thaïlande, nous appuyons le suivi en temps réel des actes de violence fondée sur le genre et de violence contre les enfants, tout en contribuant au renforcement de la prévention et des interventions. L’ONU travaille en outre à cartographier les infrastructures numériques afin d’identifier les zones géographiques et les communautés mal desservies, de manière à pouvoir combler le fossé numérique et faciliter l’accès aux plateformes d'apprentissage en ligne mises en place pour les écoles.
Pour mieux reconstruire, l’ONU, en partenariat avec les communautés locales, développe des modèles de tourisme durable et protège la biodiversité. Ce travail consiste à relier les chaînes d'approvisionnement aux marchés pour renforcer le réseau de gestion communautaire des produits alimentaires et de travailler avec les petites et moyennes entreprises pour soutenir le développement des technologies vertes de manière à faite redémarrer l'économie locale. L’ONU facilite la participation des jeunes au débat à travers tout le pays, afin de présenter des idées innovantes qui ont permis de créer des emplois pour les personnes marginalisées, en réponse à la crise. Toute porte à croire que la pandémie aura un impact sur les ODD, mais ceci n'est pas une fatalité et peut être évité du moment que les priorités sont redéfinies et que les investissements publics et privés répondent à une stratégie d’optimisation. Pour que le relèvement du pays soit source de résilience, il faut un soutien économique durable ainsi qu’une vision et des politiques de long terme axées sur la construction d’un système plus solide basé sur le redémarrage des économies locales et l’engagement d’une relance écologique.
Se soutenir les uns les autres
Selon les sondages, plus d'un tiers des Thaïlandais ont fait des dons - pour la plupart inférieurs à 5.000 bahts (environ 160 dollars américains) - pendant la pandémie, soit en numéraire, soit sous forme de nourriture ou de produits divers. À mon sens, cela témoigne du capital social du pays et, à bien des égards, de la cohésion de la société. Nous disposons également de données empiriques indiquant que dans des régions plus marginalisées comme le Nord-Est ou l’extrême Sud, le phénomène des dons a été plus important.
Nous avons vu, en Thaïlande comme dans le reste du monde, que les temps de crise font ressortir ce qu’il y a de meilleur chez les gens. La crise de la COVID-19 nous met face à des défis sans précédent, mais nous offre dans le même temps des opportunités pour reconstruire en mieux. L'ONU en Thaïlande reste engagée à travailler en collaboration avec ses partenaires pour aider le pays à se relever de cette pandémie et à construire une nouvelle société, plus équitable, plus juste et plus résistante.
Cet article a été produit par l'ONU en Thaïlande et écrit par la coordonnatrice résidente, Mme Gita Sabharwal. Pour en savoir plus sur l’action de l'équipe dans le pays, consultez le site web de l'ONU en Thaïlande en suivant ce lien: https://thailand.un.org/.