Haïti : Soutenir le processus de reconstruction après le séisme survenu en août 2021

Votre Excellence le Premier ministre Ariel Henry
Mesdames et Messieurs les membres du Cabinet,
Mesdames et Messieurs les membres de la communauté internationale
Excellences,
Collègues de l'ONU
Et chers amis en Haïti,
Je voudrais commencer par remercier le gouvernement d'Haïti d'avoir convoqué cette conférence et remercier tous nos partenaires pour l’engagement qu’ils ont pris de soutenir le peuple d'Haïti.
Il y a six mois, je suis venue en Haïti en compagnie de l'Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, Achim Steiner, pour exprimer notre solidarité au lendemain du tragique tremblement de terre qui a frappé la Péninsule Sud.
J'ai été témoin de la souffrance de la population et des destructions causées par la catastrophe à un moment où Haïti était déjà confronté à de multiples crises.
Des crises dont les effets se sont conjugués pour freiner le développement d'Haïti et éroder les progrès accomplis dans le pays.
Aujourd'hui, je suis de retour en Haïti avec un sentiment renouvelé d'optimisme et d'espoir à l’heure où nous nous unissons dans un partenariat pour aider le pays à surmonter ces revers et à avancer avec détermination sur la voie du développement durable.
Beaucoup de choses se sont passées au cours des six derniers mois.
Grâce à un leadership gouvernemental fort et à un partenariat impliquant les communautés et les parties prenantes internationales, une aide d'urgence a été fournie à 600.000 personnes en difficulté.
À mesure que ces interventions ont été mises en œuvre, le gouvernement haïtien a entrepris d’importantes actions pour préparer le redressement et la reconstruction du pays.
Il a réuni les acteurs nationaux et les partenaires internationaux - dont les Nations Unies - pour travailler avec eux à la réalisation d’un objectif commun : faire en sorte qu'Haïti se reconstruise sur de meilleures bases et se remette sur la voie de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le Plan de relèvement intégré de la Péninsule Sud porté par le gouvernement trace un chemin très clair pour l'avenir.
Il s'appuie sur les enseignements tirés des réponses apportées au séisme dévastateur de 2010 et à l'ouragan Matthew survenu en 2016.
Il consacre une détermination à agir et un leadership national et réaffirme la primauté des acteurs locaux et nationaux.
Ce Plan de relèvement nous donne l'occasion de recentrer l’action sur la prévention, la réduction des risques et la résilience face aux chocs futurs.
Ses quatre priorités - renforcement institutionnel et gouvernance inclusive ; relance économique ; construction d’infrastructures résilientes et amélioration des moyens de subsistance ; inclusion et protection sociale - permettent d’opter pour une approche cohérente et intégrée du processus de reconstruction.
Ce plan est axé sur les causes structurelles des catastrophes plutôt que sur leurs symptômes
Il a été conçu à partir de l'idée que cette crise offre l’occasion d'investir dans l'économie locale et dans les communautés locales. L’occasion d'investir dans les capacités nationales, tant celles du secteur public que celles du secteur privé.
Il reconnaît que les communautés touchées doivent être placées au cœur des décisions qui impacteront leur vie, mais aussi leurs moyens de subsistance. Au sein de ces communautés, les femmes et les filles doivent être les actrices de leur propre relèvement.
Dans son ambition, ce plan nous rappelle que la réponse au tremblement de terre de 2021 peut et doit faire avancer Haïti vers l’élaboration d'un programme beaucoup plus robuste et efficace qui soit pris en main de manière beaucoup plus affirmée par le pays.
Lors des visites que j’ai effectuées en Haïti, j'ai souvent entendu dire que les Haïtiens étaient las de voir que les occasions d’avancer étaient manquées et que les promesses n’étaient pas tenues.
Cette fois-ci, nous devons faire les choses comme il se doit.
Excellences,
Nous sommes conscients que les budgets alloués à l'aide sont soumis à de fortes contraintes partout dans le monde.
Nous savons également qu'il existe une lassitude chez les donneurs.
Et nous avons entendu les préoccupations qui se sont exprimées haut et fort au sujet du bilan de l'aide fournie à Haïti.
Mais ce n'est pas le moment de baisser les bras.
D'abord, parce que le peuple haïtien n'abandonne jamais. À plusieurs reprises, il a fait le deuil des pertes qu’il a subies, puis s’est relevé et a repris son destin en main.
Ensuite, parce qu'Haïti se trouve à nouveau à la croisée des chemins. Les investissements réalisés dans la stabilisation du pays et son développement doivent être protégés. Et les institutions nationales sont clairement prêtes à assumer leur leadership.
Mais elles ont besoin de notre solidarité. Et nous avons besoin qu'Haïti réussisse.
Nous pouvons saisir tout de suite l’occasion qui nous est offerte de faire sortir Haïti d’un cycle de crises qui entrave son développement depuis tellement de temps.
Le tremblement de terre de 2010 a montré que lorsque l’entreprise du relèvement est bien pensée, transparente, responsable et alignée sur les priorités nationales, elle produit des résultats tangibles qui se font sentir dans la vie des Haïtiens et au niveau de leurs moyens de subsistance.
Les Haïtiens ont montré par de multiples exemples inspirants ce qu’ils étaient capables de réaliser, depuis le travail impressionnant de gestion des débris, jusqu’aux efforts inédits déployés pour reloger des millions de personnes déplacées, en passant par les mesures d’endiguement de la transmission du choléra.
En travaillant ensemble, sous le leadership des autorités nationales, nous pouvons améliorer la vie des gens et rentabiliser les ressources dépensées.
Excellences,
Nous devons être conscients que le manque d'investissements adéquats et opportuns dans la reconstruction poussera inévitablement les populations les plus vulnérables, qui n'auront plus les moyens de subvenir à leurs besoins, à adopter des stratégies de survie néfastes.
Les mouvements migratoires internes risquent d’augmenter, notamment vers Port-au-Prince, qui est déjà confrontée à de graves problèmes sociaux et économiques et à des niveaux élevés de violence.
Les mouvements migratoires externes sont également susceptibles d'augmenter, les Haïtiens étant à la recherche de meilleures perspectives de vie à l’étranger, ce qui aura pour effet d’épuiser la réserve de talents qui existe dans le pays.
Les investissements sont essentiels pour aider le gouvernement haïtien à offrir à la population un accès à l’éducation, à la formation et à des opportunités de travail et, surtout, à donner l’espoir d'un avenir meilleur pour les Haïtiens et pour Haïti.
Nous savons que la somme totale nécessaire pour réparer et reconstruire, dans la résilience, qui est estimée à environ 2 milliards de dollars américains, peut sembler décourageante pour beaucoup.
Nous sommes également conscients qu'Haïti est confronté à des défis institutionnels et sécuritaires qui menacent son développement à plus long terme. Et nous sommes tous d'accord sur le fait que nous avons besoin, au bout du compte, que l’environnement soit propice pour que les choses avancent et que les investissements soient réalisés dans le cadre d’une bonne gouvernance et du respect du principe de transparence sur les résultats qu’ils produisent et sur leur impact sur la vie des gens, en particulier sur celles des femmes et des jeunes.
Aujourd'hui, nous appelons à soutenir les interventions mises en œuvre pour répondre aux besoins urgents des populations qui vivent dans le sud. Pour sauver leurs maisons, leurs écoles, leurs hôpitaux et leurs moyens de subsistance.
Pour cela, le gouvernement a besoin d'environ 500 millions de dollars américains, un montant qui est à notre portée et qui peut aider à remettre Haïti sur la bonne trajectoire.
Je suis convaincue que nous pouvons faire en sorte que cela devienne une réalité, ici aujourd'hui, et que nous pouvons contribuer à ce qu’Haïti fasse ce premier pas vers la reconstruction et à ce que les Haïtiens commencent à rebâtir leur vie.
Excellences, collègues et amis,
Permettez-moi de souligner une fois de plus à quel point il est important que les efforts se concentrent sur la résolution des causes structurelles des défis auxquels Haïti est confronté de longue date.
Haïti connaît des déficits de développement depuis des années, voire des décennies, et ces déficits ont donné lieu à des besoins humanitaires importants et créé une instabilité élevée.
Les Haïtiens, en particulier les femmes et les jeunes - comme tous les habitants de notre monde - méritent d’avoir avenir stable, pacifique et prospère.
Aujourd'hui, nous avons l'occasion de faire un pas vers cet objectif.
L’occasion de montrer que nous avons appris des erreurs du passé et que nous savons comment réaliser des investissements intelligents et durables.
L’occasion de montrer que nous savons reconnaître le leadership national lorsqu'il est en marche et que nous pouvons réaliser ces investissements en nous appuyant dessus.
Aujourd'hui, nous réaffirmons notre engagement à nous tenir aux côtés d'Haïti et de son peuple et à soutenir le processus de relèvement pour aider le pays à retrouver la voie du développement durable, de la démocratie, de la stabilité et de la paix.
Le peuple d'Haïti doit toujours être une priorité.
Merci.
Discours prononcé à l'origine en anglais par la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies Amina Mohammed. Cette traduction n’a pas été réalisée par les services de traduction officiels de l’ONU, mais par les équipes du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).