Travailler ensemble pour repenser l'éducation en Bosnie-Herzégovine
Alors que le Sommet sur la transformation de l'éducation débute aujourd'hui à l'Assemblée générale de l’ONU à New York, j’ai tenu à revenir sur l’important travail réalisé par l’équipe de l’ONU en Bosnie-Herzégovine en appui aux autorités nationales pour promouvoir l’équité et l’inclusivité dans le système éducatif du pays.
Lorsque j'ai été nommée, pour la première fois, au poste de Coordonnatrice résidente de l’ONU, il y a deux ans et demi, il était clair pour beaucoup qu'au-delà de la désorganisation qu’avait provoquée la pandémie de COVID-19, le système éducatif de la Bosnie-Herzégovine faisait face, depuis longtemps déjà, à une multitude de problèmes complexes : hyper centralisation, obsolescence des infrastructures, baisse du nombre d'étudiants. En 2018, l'évaluation réalisée par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) a révélé qu’en Bosnie-Herzégovine, le niveau des élèves de 15 ans se situait bien en dessous des niveaux moyens des élèves des pays de l’OCDE en lecture, en mathématiques et en sciences, même si les dépenses par élève étaient relativement élevées par rapport au PIB du pays.
De la crise aux opportunités
La pandémie de COVID-19 a perturbé la scolarité de plus de 400.000 élèves en Bosnie-Herzégovine, mettant en lumière ces difficultés. Mais la crise sanitaire a également fourni une occasion unique d'aider les autorités nationales à mettre en place une réforme éducative solide dans tout le pays.
Au tout début de la pandémie, les entités de l’ONU en Bosnie-Herzégovine se sont réunies pour travailler en priorité sur l'éducation dans le cadre des efforts de relèvement post-COVID-19. Une évaluation rapide des besoins réalisée en mars-avril 2020 par l'UNICEF et l'UNESCO a servi de base à l'élaboration d’un programme de relèvement pour l'éducation. Ce projet conjoint phare, qui a été lancé sous le leadership de l'UNICEF et de l'UNESCO, en partenariat avec l'OIT et le programme VNU, a été baptisé "Réimaginer l'éducation pour les garçons et les filles marginalisés pendant et après la COVID-19" ("Reimagine Education for Marginalized Boys and Girls during and post COVID-19" en anglais).
Il est l'un des 18 projets dans le monde à avoir reçu le soutien du Fonds pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement créé par le Secrétaire général de l’ONU, et le seul à avoir porté sur l'éducation. Plus important encore, ce projet a agi comme un catalyseur en renforçant l’appui fourni par l’ONU aux autorités en matière d'amélioration de la coopération interministérielle, de renforcement des moyens alloués à l’enseignement, de modernisation des équipements basés sur les technologies de l'information et de la communication et de développement de nouvelles plateformes numériques d’enseignement.
L'impact à court terme du projet est manifeste. Entre février 2021 et mars 2022, l'UNICEF, l'UNESCO et l'OIT ont fait bénéficier 2.498 enseignantes et enseignants d’une formation sur l'enseignement numérique et fourni 664 appareils numériques (ordinateurs portables et dispositifs d'assistance) à 110 établissements scolaires (26 % du nombre total d’établissements scolaires).
Vers des engagements communs en matière d'éducation
Alors que la phase aiguë de la pandémie de COVID-19 commençait à être surmontée, il est apparu clairement que les ressources pédagogiques, les formations et les équipements fournis par l’ONU avaient permis de renforcer considérablement la collaboration entre les différents ministères chargés des questions éducatives dans le pays et les autres parties prenantes.
S'appuyant sur cette dynamique de synergie et de coopération, l’équipe de l’ONU en Bosnie-Herzégovine a organisé trois processus consultatifs en amont du Sommet sur la transformation de l'éducation sous la direction du Ministère des Affaires civiles et en étroite collaboration avec les entités fédérales, les cantons et le district nord de Brčko. Près de 1.500 personnes, représentant des organisations gouvernementales, des ONG, des établissements scolaires, des universités, des associations de jeunes et des entreprises du secteur privé ont participé à ces consultations pour débattre des questions éducatives prioritaires en amont du Sommet. Plus de la moitié des participant(e)s (845 personnes) étaient âgé(e)s de moins de 30 ans.
À l’issue d’un été de dialogue et de discussions où tout le monde a pu faire entendre sa voix, les autorités éducatives ont soumis un Rapport et une Déclaration d'engagement au Secrétariat du Sommet sur la transformation de l'éducation à New York.
Cette déclaration a été adoptée par les 16 ministres chargés des affaires éducatives en Bosnie-Herzégovine aux différents échelons de gouvernance. Elle constitue la première prise de position politique sur l'éducation approuvée à l'échelle du pays depuis vingt ans. Pour préparer la suite, l'UNESCO et l'UNICEF travaillent avec les autorités compétentes en matière d’éducation pour élaborer un plan d'action axé sur la mise en œuvre des engagements énoncés dans cette déclaration.
La valeur du travail que nous effectuons ensemble pour transformer et unifier le programme en matière d’enseignement en Bosnie-Herzégovine a également été reconnue par d'autres partenaires. Ainsi, dans le cadre de l’appui important qu’elle apporte à la Bosnie-Herzégovine, l'Union européenne envisage de s’engager davantage pour soutenir l'éducation dans le pays sur les dix prochaines années dans un cadre où l'UNESCO et l'UNICEF contribueraient activement à l'identification des priorités éducatives.
La voie à suivre pour une transformation durable
Alors que nous nous préparons à entrer dans une semaine passionnante de dialogue, de débats et de prises d’engagements à l’occasion du Sommet sur la transformation de l'éducation à New York, je suis fière des initiatives que nous avons entreprises pour aider les autorités de Bosnie-Herzégovine à réformer le système éducatif du pays et à mettre en œuvre une stratégie d’enseignement plus inclusive, plus adaptée et de meilleure qualité pour toutes et tous.
S’il est vrai qu’il reste à la Bosnie-Herzégovine de nombreux défis à relever avant de parvenir à mettre en place un système éducatif de qualité, j'ai appris au cours de mes deux dernières années et demie en tant que Coordonnatrice résidente de l’ONU qu’avec un leadership international fort soutenu par des financements conjoints à effet catalytique et un véritable partenariat entre l’ONU et les autorités, nous avons désormais une occasion unique de réaliser en Bosnie-Herzégovine ces changements transformateurs au niveau de l’éducation qui ne se produisent qu'une fois par génération.
Cet article a été écrit par Ingrid Macdonald, Coordonnatrice résidente de l’ONU en Bosnie-Herzégovine, à l'occasion de l'ouverture du Sommet sur la transformation de l’éducation. Pour en savoir plus sur l’action menée par l'ONU en Bosnie-Herzégovine, consultez le site BosniaHerzegovina.UN.org.
Pour plus d'informations sur le sujet, lisez : "Retour à l'école après la pandémie de COVID-19 : pourquoi pas un retour vers le futur ?" - Note de blog de Mr. Leonardo Garnier, Conseiller spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sommet sur la transformation de l'éducation.
