Qui va raconter leur histoire ? Au Costa Rica, des personnes d'ascendance africaine à l’initiative d’un mouvement en faveur de la justice et de l'équité
Jan André est un jeune homme enjoué et extraverti, un excellent danseur et un futur enseignant. Il veut d’ailleurs devenir le meilleur instituteur du Costa Rica. Fort d’une volonté sans faille et des encouragements de sa famille, il a surmonté la violence et l'adversité auxquelles il a été confronté et est devenu un étudiant d’université brillant.
Mais, malgré sa réussite, certaines personnes changent de trottoir lorsqu’elles le croisent. D’autres mettent leurs affaires à l’abri lorsqu'elles se retrouvent près de lui dans un bus. Lorsqu'il entre dans un supermarché, les vigiles et le personnel le surveillent. Dans la rue, la police le fouille et saisit ses effets personnels même quand il se trouve au milieu d'une foule, dans un espace public.
Profondément marqué par ces expériences, Jan André se bat aujourd'hui pour défendre les droits des personnes d'ascendance africaine qui vivent au Costa Rica.
Inspirés par l’engagement de Jan, mes collègues et moi avons décidé que l’ONU devrait jouer un rôle crucial dans le recueil et la diffusion des histoires de vie des Afro-Costariciens. Ces récits ont été rassemblés dans le cadre d'une initiative baptisée "Je suis costaricien(ne) d'ascendance africaine et voici mon histoire".
Publié en ligne et sous la forme d’un livre, ce recueil d’histoires a également été conçu pour célébrer la première Journée internationale des personnes d'ascendance africaine, ainsi que le bicentenaire de l'indépendance du Costa Rica.
Avec cette initiative, nous avons voulu cesser de parler de façon abstraite des personnes d'ascendance africaine et présenter à nos lecteurs et lectrices les histoires de femmes et d’hommes de tous horizons, jeunes et âgés, vivant en ville ou en milieu rural. Tous ces gens sont uniques et tous ont contribué à faire du Costa Rica ce qu'il est aujourd'hui.
Qu'avons-nous appris de ces récits ?
Nous avons pu montrer à travers ces récits l'incroyable diversité de la communauté des personnes d’ascendance africaine au Costa Rica. Nous avons fait connaître des histoires de vie et de lutte et montré que chacune de ces personnes, selon son profil, a ses propres rêves et ses propres aspirations. Nous avons également montré que toutes ces personnes ont vécu ou vivent une expérience similaire de discrimination et d'injustice et éprouvent, d’une part, le même sentiment de ne pas être "vues" dans leur propre pays et, d’autre part, une force commune que leur transmettent leurs familles et leurs communautés.
Ce n'est pas aux personnes d’ascendance africaine de "surmonter" la discrimination et l'exclusion dont elles font l'objet. C’est à nous toutes et tous qu’il appartient d'éradiquer le racisme et les séquelles durables de l'esclavage. C'est pourquoi, en décembre 2020, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution qui prévoit la célébration, chaque 31 août, de la Journée internationale des personnes d'ascendance africaine. Initiée par le gouvernement du Costa Rica - dirigé par le Vice-Président Epsy Campbell - cette résolution a recueilli le soutien de 52 États membres de l’ONU.
Avec le FNUAP comme entité cheffe de file, nous avons célébré au Costa Rica cette première Journée internationale des personnes d'ascendance africaine.
"Les conséquences de l'esclavage perdurent à travers les siècles", a rappelé la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, dans le cadre de cette commémoration. "Le monde n'a pas encore vaincu le racisme. Nous n’avons pas encore atteint l'égalité et la justice pour tous. Des millions de personnes d'ascendance africaine continuent de subir une discrimination systématique qui perpétue l’inégalité, l'oppression et la marginalisation."
Lorsqu’on garantit l'égalité des chances à toutes les populations en permettant à tous les individus de réaliser leur potentiel et de jouir de leurs droits, on crée une société plus juste et plus prospère pour toutes et tous.
La Journée internationale des personnes d'ascendance africaine est l'occasion de promouvoir le patrimoine diversifié de la diaspora africaine et ses extraordinaires contributions. Elle nous offre aussi l’occasion d’appeler à agir, de nous appeler toutes et tous à nous engager chaque jour de l'année dans la promotion d’une culture qui offre plus de liberté, plus d'inclusion, plus d'équité et plus de perspectives.
Écrit par Allegra Baiocchi, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Costa Rica. Appui éditorial de Carolina Lorenzo et Paul VanDeCarr, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD. Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU au Costa Rica, consultez le site CostaRica.UN.org.
