Agir avant que les catastrophes ne frappent : Le Malawi adopte une nouvelle approche pour faire face au risque climatique
Toutes les innovations ne reposent pas sur des technologies nouvelles. Parfois, pour innover, il faut changer les procédures et les pratiques, c'est-à-dire, par exemple, la manière dont les acteurs travaillent ensemble. C’est sur cette approche que repose, dans une large mesure, une nouvelle méthode employée pour répondre aux urgences humanitaires causées par les chocs climatiques et d’autres types de crises.
Le changement climatique génère des phénomènes naturels plus extrêmes et plus fréquents qu’auparavant. Dans ces conditions, les besoins humanitaires des populations touchées ne peuvent que s’accroître.
Pays à faible revenu d'Afrique australe, le Malawi est l'un des pays les plus durement touchés par les effets délétères des phénomènes météorologiques extrêmes. C’est un pays vulnérable face aux épisodes de sécheresse et aux inondations. Il est également frappé, de façon indirecte, par les cyclones qui touchent terre dans le nord du Mozambique.
Ces dernières années, le Malawi a subi plusieurs chocs climatiques successifs. En 2016 et 2017, les épisodes de sécheresse provoqués par le cyclone El Niño ont fait basculer un tiers des 18 millions d'habitants que compte le pays dans un besoin urgent d’aide alimentaire. Puis, en 2019, le cyclone Idai a engendré des pertes et des dommages qui ont été estimés à 220 millions de dollars.
Heureusement, aujourd'hui, il est possible de prédire avec un niveau de confiance de plus en plus élevé l'occurrence et l'ampleur de l’impact humanitaire de certains chocs climatiques ou météorologiques. Et cela signifie, concrètement, que l’impact de ces phénomènes peut être atténué.
Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et ses partenaires ont élaboré un Cadre d'"action anticipée", qu'ils expérimentent actuellement dans 11 pays différents dans lesquels se produisent différents types de chocs climatiques ou de crises de santé publique.
Ce cadre fonctionne de la manière suivante :
Dans le contexte d’une intervention humanitaire classique, une catastrophe ou un choc se produit, puis les organismes humanitaires interviennent pour évaluer les besoins, planifier la riposte, mobiliser et allouer des fonds et mettre en œuvre les interventions nécessaires sur le terrain.
Dans le contexte du Cadre d'action anticipée, les choses se mettent en place en amont de la crise. Ainsi, avant qu’un choc ne se produise, l'ONU et ses partenaires préparent un cadre prévisionnel d’action et de prise de décision, établissent des plans d'action et prennent des dispositions préalables pour financer ces plans.
Résultat : L’ONU est en capacité de répondre plus rapidement et plus efficacement aux chocs climatiques, ce qui permet de sauver davantage de vies et de moyens de subsistance.
Le Malawi fait partie du groupe initial de pays dans lesquels ce cadre a été testé. Le Cadre d'action anticipée y est expérimenté pour évaluer l’efficacité et la rapidité d’une réponse à des épisodes de sécheresse. Pour élaborer ce cadre pour le Malawi, l’ONU au Malawi a travaillé en étroite collaboration avec l'OCHA et le Centre pour les données humanitaires (en anglais : "Centre for Humanitarian Data").
L’expérimentation du Cadre d'action anticipée au Malawi se fera dans les trois districts les plus touchés par les épisodes de sécheresse qu’a connus le pays : les districts de Balaka, Chikwawa et Nsanje. Ce faisant, le Cadre bénéficiera à plus de 185.000 familles durant la saison 2021/2022. Certaines des interventions prévues dans ce cadre portent sur la sécurité des personnes, l’approvisionnement en eau, l'assainissement, l'hygiène, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le soutien aux moyens de subsistance.
L'utilisation des outils du Cadre d'action anticipée et des enseignements qui en seront tirés aidera en outre le Malawi et d'autres pays à s’appuyer sur les sphères de l’action humanitaire et du développement pour s'adapter au changement climatique et en atténuer les effets, en agissant avant que les catastrophes ne se produisent.
Ce nouveau cadre permettra par ailleurs de renforcer la coopération entre les entités membres de l'équipe des Nations Unies dans le pays, puisque la FAO, l'OIM, le FNUAP, l'UNICEF et le PAM mettront en commun leurs ressources et travailleront conjointement sous la direction du Département de la gestion des catastrophes du gouvernement du Malawi, grâce au travail de facilitation du Coordonnateur résident des Nations Unies et du Bureau du coordonnateur résident au Malawi.
Le principe de l’action anticipée a été intégré dans l'ambitieux Cadre pour l’action climatique du Malawi qui a été adopté lors de la Conférence nationale verte pour le climat, en août 2021.
Plus le changement climatique s'aggravera, plus le Malawi et d'autres pays seront confrontés à des crises. Des innovations comme celle que représente l’approche de l'action anticipée permettent aux pays d’accroître leur niveau de résistance face à un changement climatique qui produit des phénomènes extrêmes.
Article écrit à l'origine en anglais par l'ONU au Malawi. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAC). Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU au Malawi, consultez le site Malawi.UN.org.
Pour connaître les résultats de nos activités dans ce domaine et dans d'autres, consultez le dernier rapport en date de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le BCAD.
