En quête de dignité et d’un emploi décent : Lutter contre la stigmatisation liée au VIH en Chine

Originaire du Plateau tibétain (Plateau du Qinghai-Tibet), Ban Jiu fait partie des quelque 1,25 million de personnes qui vivent avec le VIH en Chine. En 2010, Ban Jiu a souffert de plusieurs problèmes de santé, avant d’être diagnostiqué séropositif. L’homme ignorait que le sida était une maladie infectieuse présente dans les régions tibétaines reculées. Selon les estimations, en Chine, près de 400.000 personnes ignorent potentiellement leur statut sérologique VIH.
Alors que la "confidentialité effective en matière de données personnelles, et notamment de données médicales" est mise ne avant dans la "Recommandation relative au VIH et au sida dans le monde du travail" des normes internationales du travail de 2010 et dans la réglementation nationale chinoise sur le sida, la séropositivité de Ban Jiu a été divulguée par inadvertance, et cela constitue une violation de sa vie privée.
Si les bonnes pratiques en matière de confidentialité des données avaient été respectées, la vie qu’il a menée dans les années qui ont suivi la divulgation de cette information aurait pu être moins difficile.
En raison de sa séropositivité, Ban Jiu a été stigmatisé et est devenu un étranger aux yeux de beaucoup de gens. Il s'est vite rendu compte que la population était encore peu sensibilisée au VIH/sida et qu'il devait prendre la tête d'une campagne qui permettrait aux gens de mieux comprendre ce qu'est le VIH/sida.
Il a donc rejoint le Réseau des femmes contre le sida - Chine (WNAC), une association nationale de personnes vivant avec le VIH bénéficiant du soutien conjoint de l'OIT, d’ONU-Femmes et d’ONUSIDA. Objectif : sensibiliser le public aux questions liées au VIH et au sida et lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. Pour soutenir la cause défendue par Ban Jiu et lui permettre de faire entendre sa voix, l'ONUSIDA a publié un article de fond qu’il a écrit en langue chinoise sur WeChat - le réseau social sur lequel il s’exprime - avec le soutien de l'OIT et de l'Association tibétaine pour la prévention des MST/sida et la lutte contre ces maladies. L'article de Ban Jiu a totalisé plus de 500.000 vues et a été largement diffusé auprès des communautés de personnes vivant avec le VIH/sida. Profondément touché par les réactions chaleureuses et les mots d'encouragement du public, Ban Jiu a senti que son engagement pour la cause qu’il défendait bénévolement devenait de plus en plus fort.

En quête d'un emploi décent
Après avoir été diagnostiqué séropositif, Ban Jiu s'est rapidement retrouvé au chômage et a dû quitter le Tibet pour trouver un emploi ailleurs. Il a finalement trouvé un poste d’ouvrier de fabrication du ciment à Yushu, dans le Qinghai, en Chine. Malgré la pénibilité de ce travail manuel, Ban Jiu était content de pouvoir travailler et subvenir aux besoins de sa famille.
"Je pouvais gagner 5.000 renminbis (690 dollars USD) par mois, ce qui est beaucoup. Ma mère elle aussi avait besoin de cet argent", explique-t-il.
Bien que la Recommandation sur les normes internationales du travail relative au VIH/sida dans le monde du travail stipule que "les personnes atteintes d'une maladie liée au VIH ne devraient pas être privées de la possibilité de continuer à exercer leur métier", Ban Jiu n'a pas bénéficié du traitement qui aurait dû lui être accordé en vertu de cette recommandation. Il a au contraire rapidement été victime de discrimination en tant qu'ouvrier du ciment et a perdu son emploi.
Après ce revers, Ban Jiu a lancé une série de petites affaires à Qinghai : vente d'orge des hauts plateaux et de beurre, ou encore ouverture d'une imprimerie. Mais ces projets ont échoué. Confronté à des dettes de plus en plus importantes et à une discrimination constante de la part de ses clients, il a finalement été contraint d’abandonner et d'accepter des emplois temporaires, précaires, mal payés et souvent difficiles à trouver.
Ban Jiu n'est pas la seule personne vivant avec le VIH qui soit au chômage ou dans une situation précaire au niveau de l’emploi.
"Une centaine de Tibétains séropositifs avec qui j'ai échangé sont sans emploi. Ces gens n'ont pas de revenus stables, pas les moyens d'envoyer de l'argent à leur famille, ni de bénéficier d’examens de santé approfondis ou de contrôles médicaux réguliers", déplore-t-il.

Le droit à un "emploi décent" fait partie intégrante des priorités et des travaux du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) en Chine, programme qui vise à mettre fin aux discriminations à l'égard des personnes vivant avec le VIH, à combattre les stéréotypes liés à cette infection et à créer une société inclusive qui promeuve les droits des individus en ne laissant personne de côté.
En 2020, en tant que membre du Réseau des femmes contre le sida, Ban Jiu a pris part à l'Atelier pour l’élaboration de la Stratégie 2021-2022 du Réseau des femmes contre le sida - Chine. Objectif : renforcer l'employabilité et les compétences professionnelles des personnes vivant avec le VIH qui sont pauvres ou gagent peu d’argent. Cette stratégie est mise en œuvre à travers une série d'ateliers de formation baptisés "Démarrez et développer votre entreprise", organisés dans le sud-ouest de la Chine avec l’appui d’ONUSIDA.
En tant que personne vivant avec le VIH, bénévole dans un centre local de prévention du VIH et de lutte contre cette maladie, Ban Jiu espère qu'un jour, toutes les personnes vivant avec le VIH pourront trouver un emploi stable, accéder aux services et à l’aide dont elles ont besoin et vivre une vie sans discrimination ni stigmatisation.
Cet article a été écrit à l’origine en chinois par Wei Xiangnan, de l'ONUSIDA, et adapté pour le site du GNUDD par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD.
Pour en savoir plus sur l’action menée par l'ONU en Chine, consultez le site China.un.org.