Peuples autochtones : 3 exemples de réussite en matière de revitalisation de la diversité linguistique
En février 2020, à Mexico, plus de 500 participants venus de 50 pays, dont des représentant(e)s de gouvernements, des dirigeant(e)s autochtones, des chercheurs/euses, des partenaires du secteur privé et d'autres parties prenantes, ont adopté une feuille de route stratégique pour la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032), qui a été proclamée par l'Assemblée générale de l’ONU. L'UNESCO agit comme entité principale de l’ONU pour l’organisation de cette Décennie et coopère dans ce cadre avec le Département des affaires économiques et sociales (DESA) et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH).
Guidées par le principe selon lequel rien ne saurait être fait pour elles sans leur participation ("Rien pour nous sans nous"), les communautés autochtones sont devenues les principales forces qui font progresser leur autonomisation et leur inclusion et leur permettent de participer à la vie de la société de manière significative.
Qu'il s'agisse de chanter du rap en mazatec ou de s'approprier les campagnes mondiales de lutte contre la COVID-19, les peuples autochtones continuent de faire preuve de leur sens du bien commun et de trouver des moyens pour s'exprimer dans la langue de leur choix :
Au Mexique, la sagesse ancestrale est mise en musique
"Ce que nous voulons, c'est sauver la langue maternelle de notre village, pour que d'autres jeunes s'y intéressent davantage. Les principaux sujets sur lesquels je m’appuie pour écrire des chansons sont Mère Nature et les racines de mon peuple, de ma communauté. C'est pour cette raison que je parle de notre culture, de nos vêtements faits de "manta" [un tissu artisanal traditionnel]. Je porte fièrement ces vêtements car ils sont uniques", explique Jose Antonio.
Diego Aurelio Olivera (23 ans) crée des mélodies et José Antonio Andrés Bolaños (25 ans) écrit des paroles de chansons en mazatec, une langue transmise oralement et avec laquelle les deux jeunes hommes ont grandi.
Ces jeunes artistes se définissent comme des mazatèques, des autochtones originaires des régions de Cañada et de Papaloapan, dans l'État d'Oaxaca, au Mexique.
Le Mexique est le dixième pays au monde en termes de diversité linguistique et, selon les données du dernier recensement en date (Institut national de la statistique et de la géographie, 2021), plus de 7,3 millions de personnes dans le pays, soit 6,1 % de la population, parlent une langue autochtone.
"Parfois, ils [les gens qui se sont moqués de moi dans la rue] me font perdre de l’énergie. Mais je fais toujours des efforts. Je ne me sens pas mal. Je viens de Oaxaca et je parle 100% mazatec", insiste Diego.
Malgré la marginalisation et la discrimination dont ils sont victimes, Diego et José Antonio veulent être une source d’inspiration pour les enfants et les jeunes et les inciter à s’approprier leur patrimoine culturel et à préserver l’identité de leur communauté.
Le Paraguay adopte une approche multilingue pour sa campagne de vaccination contre la COVID-19
"Au début, c’était difficile de convaincre les communautés. Elles ne voulaient pas se faire vacciner. Elles ne croyaient pas au vaccin. Nous avons dû organiser plusieurs réunions avec leurs dirigeant(e)s et leurs défenseurs/seuses de la santé. Maintenant, elles sont devenues demandeuses du vaccin", a déclaré Elisa Viviana Vila, la responsable du programme élargi de vaccination dans la région de Boquerón, dans le Chaco paraguayen.
Dès le tout début de la pandémie, la Fédération pour l'autodétermination des peuples autochtones (en espagnol : "Federación por la Autodeterminación de Pueblos Indígenas", ou FAPI) et d'autres organisations autochtones ont encouragé l'adoption de mesures de prévention telles que le lavage des mains, le port du masque, ou encore la distanciation physique. La Direction nationale de la santé des peuples autochtones (DINASAPI) a conçu des protocoles pour encourager les communautés à continuer à adopter ces mesures de prévention, avec l'aval des représentant(e)s et des dirigeant(e)s de 19 communautés autochtones, qui sont réuni(e)s au sein du Conseil national de la santé des populations autochtones (CONASAPI).
L’adoption d’une approche communautaire et inclusive a permis à la campagne de vaccination contre la COVID-19 de s’amplifier. Les autorités du pays ont promu cette campagne avec l’appui de l'OPS-OMS et d'autres entités de l’ONU présentes au Paraguay.
Grâce à des supports graphiques et audio publiés sur les réseaux sociaux par le ministère paraguayen de la Santé publique et du Bien-être social et retransmis par des stations de radio communautaires, les messages de cette campagne ont été diffusés en espagnol et dans plusieurs langues autochtones, dont le guarani, le nivacle, l'enlhet norte, l'enxet Sur, le maka, l'ache, l'yshir ybytoso, l'ayoreo, le sanapana et le qom. L’objectif était de diffuser ces messages auprès de 19 tribus autochtones différentes qui représentent près de 120.000 personnes (soit 2 % de la population, selon le recensement de 2012).
Déploiement de la campagne #OnlyTogether au Panama
En mars, l'ONU a lancé la campagne mondiale #OnlyTogether, qui a été adaptée avec succès au Panama grâce à une collaboration entre le gouvernement, différentes parties prenantes et plus de 20 agences, fonds et programmes de l’ONU actifs dans le pays.
"La pandémie nous a contraints à arrêter de faire beaucoup de choses que nous aimons faire, comme nous réunir avec les membres de notre famille, passer du temps avec nos amis et nos proches...Les vaccins contre la COVID-19 empêchent que davantage de personnes perdent la vie, [ils réduisent également] le risque d’apparition de nouveaux variants, contribuent à la reprise des activités économiques et, surtout, permettent de surmonter cette pandémie", a déclaré Cristian Munduate, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Panama.
Sous les auspices de la Coordonnatrice résidente des Nations Unies Cristian Munduate et de la Première dame du Panama Yazmín Colón de Cortizo, cette campagne a été lancée dans tout le pays pour promouvoir la vaccination volontaire contre la COVID-19. Elle met en avant, notamment, l'importance de la vaccination pour surmonter les effets multidimensionnels de la pandémie.
Depuis son lancement, cette campagne a été diffusée sur des chaînes de télévision, notamment sur les réseaux SERTV, Medcom, TVN Media, GESE (La Estrella et El Siglo) et Metro Libre. Elle a également été distribuée par des entités affiliées à l'Association panaméenne de radiodiffusion et par des sociétés de publicité. En août et en septembre, un nombre croissant de personnalités médiatiques et de sociétés de publicité se sont jointes à cet effort de communication. En savoir plus sur cette campagne.
Les langues sont un facteur de mobilisation
La diversité linguistique et le multilinguisme sont devenus la pierre angulaire de la mobilisation des individus et de la société tout entière dans la perspective d'un relèvement pandémique plus solide. Le multilinguisme aide en effet à mettre en œuvre des interventions collectives plus cohérentes face aux multiples conséquences de la COVID-19.
Il y a plus de deux décennies, la 31ème Session de la Conférence générale de l'UNESCO a permis l'adoption à l'unanimité de la Déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle. Pour la première fois, la communauté internationale décidait d’ériger la diversité culturelle au rang de patrimoine commun de l'humanité et de faire de sa protection un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité humaine.
L'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones (UNPFII) a été créée le 28 juillet 2000 par la résolution 2000/22 du Conseil économique et social. Depuis l'adoption en 2007 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, plusieurs pays, notamment en Amérique latine, ont pris des mesures pour reconnaître l'identité et les droits des peuples autochtones. Il reste néanmoins encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Cet article est une adaptation réalisée avec la participation du Centre d'information des Nations Unies au Mexique, du Centre d'information des Nations Unies à Asunción (Paraguay), du Centre d'information des Nations Unies au Panama, du Bureau régional pour l'Amérique latine et les Caraïbes et des membres dévoués des équipes de pays des Nations Unies au Mexique, au Paraguay et au Panama. Appui éditorial fourni par Carolina Lorenzo, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD.
Pour connaître les résultats de nos activités dans ce domaine et dans d'autres, consultez le dernier rapport en date de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le BCAD.