"Le genre d'avenir que je ne souhaite à aucun enfant" : Des survivants d'abus sexuels sur enfants se battent aujourd'hui pour protéger d’autres enfants
Avertissement relatif au contenu : L'histoire qui suit contient des détails relatifs à des abus et sévices sexuels pouvant heurter la sensibilité de certains lecteurs.
"Ces années ont laissé une cicatrice énorme" - À Ho Chi Minh Ville, le Dr Thu enseigne aux enfants et aux adultes à prévenir les abus sexuels sur les enfants
Il y a quelques années, j'ai compris que ce qui m'était arrivé étant adolescent était des abus sexuels. J'ai eu ma première expérience sexuelle à 15 ans.
Les adolescents sont souvent curieux. Et je n’ai pas dérogé à la règle à l'époque. Alors, quand [un homme] m'a dit qu'il me laisserait toucher son torse si je faisais ce qu'il me demandait de faire, je l’ai fait. Au début, c'était des attouchements et des actes de masturbation. Au bout d'un an, les actes de pénétration ont commencé. J'ai été "entraîné" à devenir un jouet sexuel pour satisfaire le plaisir de cet homme.
Ces années-là ont impacté considérablement ma façon de voir la vie : je n’arrive pas à associer sexualité et amour. À ce jour, alors que j'ai la trentaine, je n'ai jamais été physiquement proche de quelqu'un que j'aime. Je ne peux avoir de relations sexuelles qu’occasionnellement avec des personnes pour qui je n’éprouve aucun sentiment.
C'est le genre d'avenir que je ne souhaite à aucun enfant. Et c'est pourquoi j'ai commencé à donner des cours d'éducation sexuelle. Je veux que ceux qui sont enfants aujourd'hui apprennent avant tout à se protéger. Je donne la priorité aux élèves des collèges et des lycées. Je leur demande de représenter sur un dessin leur "vision de la sexualité". Cela contribue à ce qu’ils entretiennent certains liens avec leur propre corps et prennent conscience de la diversité des identités de genre.
Par la suite, j’ai commencé à participer à des discussions sur l'élaboration et la mise en œuvre de politiques. C'est ainsi que j'ai découvert qu'au Viet Nam, beaucoup trouvent encore des excuses aux abus sexuels qu’ils commettent sur des enfants, en affirmant des choses comme " [L'enfant ou l'adolescent] était consentant", ou encore "Il/elle a trouvé du 'plaisir' ". C'est tout simplement faux, horriblement faux ! C'est pourquoi je dis toujours : "Peu importe qu'un enfant ou un adolescent mineur donne sa permission ou agisse de son plein gré, tout adulte qui se livre à des actes sexuels sur lui commet une infraction au sens de la loi ". Point final.
Ce que j'espère c’est qu’un enfant qui développe aujourd'hui des sentiments pour quelqu'un puisse demander facilement conseil à des personnes plus expérimentées, des personnes en qui il a confiance, comme ses parents, par exemple. Si les adultes apprennent à leurs enfants à accepter et à gérer leurs sentiments, alors ils permettent à ces enfants de se comprendre eux-mêmes mieux et de manière saine.
"La peinture est un moyen pour moi d'exprimer mes sentiments" - À Hanoi, Tu Thanh Thuy défend les enfants atteints d'autisme
Il y a des moments où je me réveille en ayant l'impression d'être au bord d’un précipice. Je dois alors me dire à moi-même de ne pas sauter de mon balcon.
J’ai été abandonnée à ma naissance et j'ai grandi avec mes grands-parents paternels à Can Tho. Dès mon plus jeune âge, j'ai compris que j'avais des problèmes [de santé], mais ce n'est que récemment, après des examens de dépistage complets, que j'ai découvert que j'étais autiste. Ç'a été pour moi une révélation.
J'ai subi des abus sexuels de la part d’un voisin tout au long de mes années de collège. Ni ma famille ni mes voisins ne m’ont crue. Ils me disaient que, parce que j'étais psychologiquement instable, j’avais séduit cet homme pour qu'il me touche. Lorsque, plus tard, j'ai subi d’autres abus sexuels et des actes d'intimidation, personne n’a jamais pris parti pour moi. Quand j'étais à l'école, j'étais traînée au fond de la cour à chaque récréation et battue par d’autres élèves. Le pire a été ma première année : un jour, on m’a coincée dans un coin et j'ai fini par devoir me battre contre les autres, à la suite de quoi j'ai été renvoyée !
Puis j’ai laissé tout ça derrière moi et j'ai fait mon entrée dans le monde. Malheureusement, l’histoire s’est répétée : j’ai subi d’autres abus et agressions, sous d’autres formes.
Aujourd'hui, j’ai de nouveau affaire à des brutes qui ne comprennent pas ce qu’est être autiste ou avoir un trouble mental. Même les enseignants parfois ne comprennent pas : ils pensent que je réfléchis trop et que je me fais du mal à moi-même.
Mais même si ce monde peut être rude, il offre aussi beaucoup d’ouvertures. Je me suis battue pour terminer le lycée à Da Nan, puis l'université. Je suis allée à Hanoi en raison de ma passion pour le savoir. L'éducation est la voie à suivre pour défendre les personnes dans mon cas.
Parallèlement aux cours, j’ai fondé avec des amis à moi un groupe dont la mission est de sensibiliser le public à l'autisme par le biais d’activités diverses, dont l'improvisation.
Je participe aussi à un cours de peinture spécial pour les enfants autistes. La peinture est un moyen pour moi d'exprimer mes sentiments. J’aimerais que la perception que la société a de l'autisme change et je ne veux pas que d'autres enfants autistes souffrent comme j’ai souffert.
Je me bats encore chaque jour contre la stigmatisation et la discrimination. Mais chaque matin, je me dis aussi : "Aujourd'hui est un jour nouveau !"
L’ONU EN ACTION AU VIET NAM : Au Viet Nam, ONU Femmes travaille en étroite collaboration avec le gouvernement et ses principaux partenaires pour promouvoir des programmes multisectoriels coordonnés de prévention et d'intervention visant à mettre fin à toutes les formes de violence de genre commises au sein du foyer, à l'école, au travail et dans les espaces publics ; à toutes les formes de violence commises envers les travailleurs migrants, les femmes vivant avec le VIH/sida, les personnes LBGTIQ+, ainsi qu’aux mariages précoces ou forcés. Au niveau local, ONU Femmes travaille avec les communautés, les hommes et les garçons pour aider à lutter contre les normes de genre et les relations de pouvoir qui contribuent à perpétuer la violence. ONU Femmes soutient en outre la recherche sur la violence de genre afin de contribuer à la constitution d’une base de données probantes visant à guider l’élaboration de lois, de politiques et de programmes.
L’ONU EN ACTION AU VIET NAM : Au Viet Nam, ONU Femmes travaille en étroite collaboration avec le gouvernement et ses principaux partenaires pour promouvoir des programmes multisectoriels coordonnés de prévention et d'intervention visant à mettre fin à toutes les formes de violence de genre commises au sein du foyer, à l'école, au travail et dans les espaces publics ; à toutes les formes de violence commises envers les travailleurs migrants, les femmes vivant avec le VIH/sida, les personnes LBGTIQ+, ainsi qu’aux mariages précoces ou forcés. Au niveau local, ONU Femmes travaille avec les communautés, les hommes et les garçons pour aider à lutter contre les normes de genre et les relations de pouvoir qui contribuent à perpétuer la violence. ONU Femmes soutient en outre la recherche sur la violence de genre afin de contribuer à la constitution d’une base de données probantes visant à guider l’élaboration de lois, de politiques et de programmes.
Article produit par l’ONU au Viet Nam. Adapté de deux histoires originales publiées sur le site web de l’ONU au Viet Nam : 1. [Des figures de courage] Dr. Thu, Ho Chi Minh Ville et 2. [Des figures de courage] Tu Thanh Thuy, Hanoi. Ces histoires ont été écrites par Doan Thanh Ha, consultante en communication à ONU Femmes et Nguyen Thi Nhung, consultante en communication à l’ONUSIDA. Le présent article a été édité par Paul Vandecarr, du Bureau de la coordination des activités de développement. Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU au Viet Nam, consultez le site https://vietnam.un.org/.