L'égalité, maintenant : En Serbie, l’ONU contribue à changer les normes de genre et fait avancer l'égalité entre les sexes sur tous les plans
Les inégalités entre les sexes nuisent aux femmes et aux filles et empêchent des sociétés entières de se développer. Lorsque les femmes sont libres, égales aux hommes et autonomes, elles sont plus heureuses sur le plan personnel et en meilleure santé et elles contribuent de manière plus significative à la vie de leur famille, de leur communauté et de leur pays.
L'équipe de l’ONU en Serbie se consacre depuis longtemps à la lutte contre les inégalités entre les sexes. Elle œuvre à ce qu'aucune femme ou fille en Serbie ne soit laissée pour compte. Elle travaille pour cela sur plusieurs fronts : élimination des mariages d'enfants, élimination de la violence domestique, promotion de la santé des femmes pendant la pandémie de COVID-19, etc.
Voici quelques-unes des interventions que nous mettons en œuvre sur le terrain dans ce cadre.
Prévenir les mariages d'enfants
Lorsque les filles se marient jeunes, elles ont moins de chances de poursuivre leur scolarité et d’accéder à d'autres opportunités. En Serbie, le nombre de mariages d'enfants est plus élevé dans les campements de Roms que dans la population générale : plus de 50 % des filles roms se marient avant l'âge de 18 ans, contre 6 % pour l’ensemble des filles en Serbie. L'UNICEF en Serbie s'efforce de renforcer le rôle et le leadership des communautés roms dans la lutte contre le mariage des enfants au moyen de dialogues communautaires, d’aides directes aux familles et d’une communication sur des exemples de jeunes filles roms qui ont réussi. L'UNICEF soutient l’action de la Coalition nationale pour l’élimination du mariage des enfants. Entre 2018 à 2020, l’Organisation a mené un travail de sensibilisation auprès des filles et de leurs parents dans 21 campements de Roms.
Lutter contre le féminicide
Comme de nombreux autres pays, la Serbie n'a pas de politique publique globale en matière de prévention du féminicide, un terme qui désigne le meurtre d’une femme, généralement commis par un partenaire intime. La Serbie ne dispose pas non plus de registres sur les féminicides qui pourraient aider à la réalisation de travaux de recherche, à l'identification de ce type de crimes et à la compréhension du problème dans son ensemble. ONU Femmes en Serbie a réalisé une étude interdisciplinaire sur les féminicides dans le pays. Cette étude examine les causes du féminicide, ses déclencheurs, ainsi que les réponses à y apporter. Fruit d'une année de recherche, cette étude s'est appuyée sur des décisions de justice, des études de cas, des entretiens approfondis avec un certain nombre d’auteurs de ces crimes et un examen de la façon dont les institutions serbes répondent aux féminicide et recueillent des données sur ce sujet.
Maintenir opérationnelles les plateformes téléphoniques d’aide pendant la pandémie de COVID-19
Les plateformes téléphoniques d’aide gérées par les associations communautaires sont souvent la première et parfois la seule source d'information et d’aide vers laquelle peuvent se tourner les femmes ayant survécu à des actes de violence de genre. ONU Femmes et le PNUD en Serbie travaillent sans relâche pour s'assurer que ces services téléphoniques restent largement disponibles et connus du public. Pendant la période de l’état d'urgence appliqué en réponse à la COVID-19, ONU Femmes a aidé 22 organisations communautaires de femmes à garder leur service d’aide téléphonique opérationnel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour permettre aux femmes d’obtenir des conseils et un soutien psychosocial et juridique. Le PNUD a de son côté fourni des kits sanitaires et des équipements de protection individuelle à trois centres accueillant des victimes de violence de genre ou de viol et a aidé ces centres à ouvrir de nouveau services téléphoniques destinés à aider les femmes ayant survécu à ce type de violences.
Des processus de budgétisation qui tiennent compte des questions de genre
Pour que les femmes puissent s'épanouir, il faut investir des ressources - des politiques, des programmes et des budgets - dans leur bien-être. On parle alors d’une "budgétisation qui tient compte des questions de genre" (en anglais : Gender responsive budgeting, ou GRB). Il s’agit pour les fonctionnaires de discuter des besoins des femmes et des jeunes filles et de la manière dont doivent être allouées les ressources pour répondre à ces besoins. ONU Femmes a travaillé dans ce cadre avec le ministère des finances, l'organe de coordination pour l'égalité entre les sexes et le secrétariat provincial des finances. Il a ainsi été convenu que 66 des 79 institutions nationales et provinciales incluraient la prise en compte des questions de genre dans leurs budgets pour 2020. Plus de 1.300 fonctionnaires ont par ailleurs été formés, depuis 2015, aux processus de budgétisation tenant compte des questions de genre. Nous avons en outre obtenu que ces processus de budgétisation soient intégrés dans le logiciel de budgétisation gouvernemental à l’échelle national et provinciale.
Se mobiliser en faveur des femmes handicapées
Pour les femmes et les filles handicapées, les actions du quotidien que la plupart des gens considèrent comme allant de soi peuvent sembler impossibles à réaliser, surtout lorsqu'il est question d’accéder à des services de santé sexuelle et reproductive. En Serbie, une femme ou adolescente handicapée sur cinq déclare avoir des difficultés à accéder aux services de santé dont elles a besoin et une sur sept n'a jamais subi d'examen gynécologique.
En 2020, le FNUAP et l'ONG Iz Kruga Vojvodina ont lancé un projet destiné à traiter une partie de ce problème. Des femmes issues de cinq municipalités étudient les droits des femmes en matière de procréation, cartographient les obstacles auxquelles ces femmes sont confrontées et élaborent des solutions adaptées aux circonstances locales. Et la pandémie COVID-19 ne les as pas freinées. Ces cinq femmes ont uni leurs forces à celles d'autres acteurs pour introduire des changements au niveau local : remise en état d'une table pour examens gynécologiques, réalisation de vidéos sur leur vie et engagement d’un dialogue avec les décideurs politiques. En outre, ONU Femmes en Serbie a mis en place le premier programme de mentorat du pays pour jeunes femmes handicapées et organisé dans ce cadre un premier cours, durant lequel dix mentors ont pu donner à des jeunes femmes des conseils sur leur carrière et sur les aptitudes qu’elles peuvent développer pour mener leur vie de tous les jours.
Adopter une approche basée sur l'économie circulaire
Les femmes et les filles subissent de manière beaucoup plus importante que les hommes et les garçons les effets des mauvaises pratiques en matière de gestion des déchets. Elles détiennent pourtant, pour beaucoup d’entre elles, un savoir traditionnel sur les pratiques durables dans ce domaine. ONU Femmes a étudié les pratiques de gestion des déchets dans les ménages serbes afin d’appréhender le rôle des femmes dans la génération et la gestion des déchets. Les résultats de cette étude ont été utilisés pour créer des campagnes d'éducation publique sur l'action climatique. Dans le courant de cette année, le PNUD aidera le gouvernement de Serbie à obtenir des financements pour passer d'une économie linéaire (production, consommation, élimination) à une économie circulaire (production, consommation, recyclage, réutilisation, réduction des émissions de carbone). Le PNUD travaille sur la création d’un défi pour stimuler l’émergence de projets innovants (qu’il s’agisse de projets pilotes ou non) proposant des solutions nouvelles au-delà des pratiques habituelles.
Améliorer la qualité de la couverture médiatique des violences à l'égard des femmes
Les médias, qui ont le pouvoir de transformer l'opinion publique et de susciter des changements dans la société, sont un facteur la clé de l’élimination de la violence contre les femmes. Il y a trois ans, le PNUD et le fonds B92 ont mis sur pied un groupe de femmes reporters et rédactrices en chef - qui compte aujourd'hui plus de 60 membres - qui se sont engagées à rendre compte de manière responsable des violences faites aux femmes. Avec l’appui du PNUD, le groupe a utilisé les réseaux sociaux pour remettre en question les stéréotypes sur les violences faites aux femmes, a analysé des reportages sur les cas de violence contre les femmes - notamment des cas d'utilisation d'armes à feu contre des femmes - et élaboré des directives à l’intention des médias sur la réalisation de reportages responsable sur le sujet. Fin 2020, le groupe a reçu le Prix du courage féminin de la société AVON.
Récit d’Aleksandra Stamenkovic, Spécialiste des communications et du plaidoyer à l’ONU en Serbie, écrit en collaboration avec le Groupe de communication des Nations Unies en Serbie. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus sur l’action menée par l'équipe de pays des Nations Unies en Serbie, consultez le site www.serbia.un.org.