Madagascar : Aider les personnes atteintes d'albinisme à s’émanciper grâce à la coopération et à l’adoption d’une approche fondée sur les droits de l'homme

Entre les mois de janvier et août 2022, plus de 20 enlèvements de personnes atteintes d'albinisme ont été enregistrés par les autorités de Madagascar. Le peuple malgache a été choqué par cette hausse dramatique du nombre d’agressions et par la nature barbare des blessures infligées à certaines des victimes. Si dans certains pays africains, les agressions contre les personnes atteintes d'albinisme ne datent pas d’hier, à Madagascar en revanche, ce phénomène est relativement nouveau. Ces agressions ont lieu principalement dans le sud du pays et ont commencé il y a environ six ans, lorsque la région a commencé à être frappée par une sécheresse extrême qui a plongé de nombreux habitants dans l’extrême pauvreté.
Les discussions menées par le Bureau du Coordonnateur résident de l’ONU à Madagascar - sous la direction de l'équipe de la Conseillère principale pour les droits de l'homme - avec les communes touchées par ce phénomène, les acteurs de la société civile et les autorités de l'État ont révélé que le problème allait au-delà des enlèvements et des agressions physiques.
"Les structures administratives locales et nationales ne tiennent pas compte des besoins spécifiques des personnes atteintes d'albinisme, si bien que beaucoup de ces personnes sont privées d’accès à l’école, à l'emploi, ou aux soins médicaux particuliers dont elles ont besoin", a regretté Sabine Lauber, Conseillère principale pour les droits de l'homme auprès de l’ONU à Madagascar. "De ce fait, de nombreuses personnes atteintes d'albinisme sont exclues et privées de tout pouvoir, ce qui les rend plus vulnérables face aux agressions et aux enlèvements. Toute stratégie visant à lutter contre ces agressions implique l’adoption d’une approche globale qui garantisse l'accès de toutes et tous aux services de base", a poursuivi Mme Lauber.
Le Coordonnateur résident de l’ONU à Madagascar, M. Issa Sanogo, a expliqué à l'équipe de pays de l’ONU sur place que la situation exigeait une réaction urgente.
"C'est un sujet sur lequel l'ONU peut faire une grande différence", a-t-il souligné.
"En nous appuyant sur l'expérience acquise dans d’autres pays et sur l'expertise multisectorielle de chaque agence, fonds et programme de l’ONU, nous pouvons changer la vie de ces personnes, qui ont effectivement été laissées pour compte".
À la suite des discussions menées avec des experts au niveau international et régional, et notamment avec l'Experte indépendante de l’ONU sur la protection des droits des personnes atteintes d'albinisme, la Conseillère principale pour les droits de l'homme a créé un comité technique interne interorganisations au sein de l’ONU. Les membres de ce comité ont rencontré des représentant·e·s des principaux ministères malgaches afin d’initier un travail commun dans l’optique d’élaborer un plan d'action national global basé sur les droits de l'homme qui permette de faire avancer les droits des personnes atteintes d'albinisme dans le pays. Ainsi, sous la houlette du Ministère de la Justice, un comité technique national a été créé pour prendre en charge cette question. Ce comité est composé de représentant·e·s des ministères concernés, de la gendarmerie, des entités de l’ONU et des personnes atteintes d'albinisme. L'approche globale et pluridisciplinaire promue par les entités du système de l’ONU, sous la direction du Coordonnateur résident à Madagascar, bénéficie désormais du concours des principaux.ales ministres, membres du parlement et gouverneur.eure.s locaux.ales.

S'inspirant du leadership du Coordonnateur résident et de son approche de la concertation, des entités de l’ONU ont développé leurs propres initiatives conjointes pour faire avancer la cause des personnes atteintes d’albinisme. L'UNICEF, par exemple, a engagé un consultant afin qu’il étudie la situation actuelle des personnes atteintes d'albinisme en s’aidant des conseils du comité technique. De même, l'équipe de la Conseillère principale pour les droits de l'homme, l'UNICEF et l'UNFPA ont organisé une conférence conjointe avec les autorités nationales et les acteurs de la société civile en juin 2022 afin d'identifier les recommandations à suivre pour l’élaboration du plan d'action national pour la défense des droits des personnes atteintes d’albinisme. Les représentant·e·s des personnes atteintes d’albinisme ont participé activement aux débats et ont pu ainsi, à partir de leur vécu personnel et de leur point de vue, nourrir le travail de l’ONU sur l’élaboration de politiques qui leur permettent d’exercer leurs droits dans la société malgache.
Autre succès notable : la création de la toute première Association de personnes atteintes d'albinisme de Madagascar, une initiative soutenue par le système de l’ONU afin que ces personnes soient consultées à tous les niveaux des processus d'élaboration des politiques publiques. "Notre objectif est d'unir les personnes atteintes d'albinisme à Madagascar et de leur donner accès aux mêmes droits que les autres personnes", a déclaré M. Fulgence Soja Ramiandrisoa, Président de l'association.
"Nous voulons prendre la place qui nous revient dans la société, à tous les niveaux, et faire de la discrimination un lointain souvenir".
En outre, le Gouvernement malgache a accepté que l’Experte indépendante de l’ONU sur la protection des droits des personnes atteintes d'albinisme effectue une visite officielle dans le pays. Le fait que le gouvernement accepte le principe de cette visite - qui s’est déroulée du 20 au 30 septembre - est une marque de confiance dans la qualité de l’appui et des compétences que peut apporter le système de l’ONU pour aider le pays à faire en sorte que les personnes atteintes d'albinisme puissent réaliser pleinement leurs droits. Cette visite donnera lieu à un rapport qui sera ensuite présenté au Conseil des droits de l'homme de l’ONU en mars 2023. Ce rapport sera assorti d'une série de recommandations fondées sur les normes internationales et les bonnes pratiques en matière de droits humains.
En mobilisant les forces et ressources collectives des organismes de l’ONU et en favorisant la création de partenariats avec le gouvernement, la société civile et les expert.e.s en matière de droits humains, le Coordonnateur résident de l’ONU à Madagascar a initié des progrès importants dans la protection des droits des personnes atteintes d'albinisme dans le pays.
Article écrit par des membres de l’équipe de l'ONU à Madagascar, avec l’appui éditorial du Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD). Il a été traduit de l’anglais vers le français par le BCAD.
Pour en savoir plus sur l’action menée par l'ONU à Madagascar, consultez le site Madagascar.UN.org.