De Milan à Glasgow, les jeunes leaders marocain(e)s se mobilisent pour le climat

Une jeunesse marocaine consciente de l’urgence climatique
"Ce sont les jeunes qui peuvent faire pencher la balance du bon côté dans la lutte contre les changements climatiques", s’est enthousiasmée Manal Bidar, une jeune militante marocaine originaire d’Agadir et engagée dans l’action climatique.
Aujourd’hui âgée de 18 ans, Manal a mené, à tout juste 13 ans, sa première action pour le climat et la préservation de l'environnement. "Avec mes camarades d’un club local, nous avons procédé au nettoyage d’une plage". Depuis, elle a fait de la mobilisation des jeunes et de leur inclusion dans les processus de négociation mondiaux sur le climat son cheval de bataille. Elle est ambassadrice de l’African Youth Climate Hub - une plateforme qui réunit de jeunes militant(e)s africain(e)s engagé(e)s dans la lutte contre le changement climatique - et Conseillère pour le Centre mondial pour l'adaptation (en anglais : "Global Center on Adaptation", ou GCA), un organisme international à but non lucratif qui œuvre pour l’accélération de la mise à l'échelle de solutions innovantes d'adaptation climatique et de renforcement de la résilience dans le monde entier.
Comme Manal, Hasnae Bakhchouch, une étudiante de 22 ans originaire de Rabat, la capitale marocaine, s’investit dans la lutte contre les effets du changement climatique sur notre planète et sur les populations. "Avec ses effets néfastes sur la biodiversité et la santé des êtres vivants, le changement climatique met en péril les sociétés et peut provoquer des conflits pour l'accès aux ressources naturelles", prévient-elle.
Hasnae a été coordinatrice nationale de la délégation des jeunes marocain(e)s à la Conférence des Nations Unies pour la jeunesse sur le climat, qui s'est tenue fin septembre 2021 à Milan, en Italie. "L'objectif [de la conférence] était d'inclure les jeunes dans la lutte contre le changement climatique en les aidant à formuler des recommandations en vue de la [26ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques] (COP26), [qui s'est tenue à Glasgow, en Écosse, en 2021]", explique-t-elle. La COP26 représente une étape majeure de la décennie de travaux menés sous l'égide des Nations Unies pour faire face à ce qui a été qualifié d’urgence climatique imminente.
La conférence s'est achevée sur un "compromis" sur le climat que le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a jugé insuffisant, tout en encourageant les jeunes et toutes les personnes engagées dans l’action climatique à poursuivre leurs efforts en dépit d’un chemin semé d'embûches, car, selon lui, "nous menons le combat de notre vie, et ce combat doit être gagné".
Faisant écho à l'appel du Secrétaire général, Manal, Hasnae et d'autres jeunes leaders marocain(e)s ont apporté leur contribution à l'action climatique et, plus généralement, aux efforts déployés à l’échelle mondiale pour faire avancer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).
La mobilisation de ces jeunes est mise à l’honneur dans la campagne baptisée "De Milan à Glasgow : les jeunes leaders marocains à l’honneur", qui a été lancée par l'équipe de pays des Nations Unies au Maroc en juillet 2021 dans le cadre d’un appui plus large de l’ONU à l’autonomisation des jeunes au Maroc et aux efforts engagés par le pays en matière d’atténuation des effets du changement climatique.

"Nous avons fait le pari d’être aux côtés de la jeunesse marocaine engagée pour le climat au moment où celle-ci se préparait pour la COP26, notamment en mettant à sa disposition nos différentes plateformes dédiées à ces questions", a indiqué Sylvia Lopez-Ekra, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Maroc.
Foisonnement d’idées et création de start-ups innovantes au service d’une économie verte
Un jour, alors qu’il dégustait un café, Hamza Laalej, un étudiant marocain de 23 ans originaire de Meknès, s’est demande s’il n’y aurait pas moyen de recycler les grandes quantités de marc de café qui finissent quotidiennement dans les poubelles.
Au bout de plusieurs mois de persévérance, Hamza a réussi à fabriquer des briques de construction écologiques en mélangeant le marc de café à de l'argile. "Inspirée de la tradition artisanale marocaine, la production de ces briques de construction permet de limiter le recours au chauffage et contribue ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre", assure Hamza.
Hamza s’est associé avec une jeune marocaine de 23 ans, Nour El Houda Ben Khoudja, pour fonder une société spécialisée dans la collecte, le tri et la transformation du marc de café en produits de construction et de décoration. Tous deux envisagent l’avenir avec beaucoup d’optimisme et, en évoquant leur parcours et leur contribution au développement d’une économie verte au Maroc, se sont accordés pour dire que :
"Il ne faut pas attendre le moment parfait pour démarrer. Ce sont les obstacles qu’on rencontre sur notre chemin qui rendent l’aventure entrepreneuriale inspirante et fructueuse".
Lors d'une table ronde organisée en novembre dernier à l'occasion du lancement de cette campagne de l’ONU pour les "jeunes leaders marocain(e)s", d'autres jeunes ont présenté des projets similaires de start-up vertes et ont pu avoir des échanges fructueux, notamment sur l'esprit d'entreprise, la préservation de l'environnement et les énergies propres.
Oussama Nour et Mohamed Taha El Ouaryachi, par exemple, ont présenté un procédé de production d’électricité à partir des vagues qui permet aux entreprises actives dans le port de Tanger Med. de disposer d’une source d’énergie propre qui couvre leurs besoins énergétiques.

De son côté, Younes Ouazri a présenté une méthode écologique et peu énergivore pour la construction de résidences secondaires et le développement du tourisme communautaire. Cette méthode s’appuie sur l’utilisation de matériaux locaux.
Hicham Zouaoui et Otman Harrak ont quant à eux mis au point une application de covoiturage qui permet aujourd'hui à quelque 400.000 Marocain(e)s de se déplacer entre les villes du Royaume. Non seulement cette solution de covoiturage permet d'économiser des frais de transport, mais elle présente également un avantage écologique puisqu’elle permet de réduire les émissions de CO2.
Pour sa part, Seifeddin Laalej est à la tête d’une start-up spécialisée dans le recyclage des déchets plastiques pour la fabrication de briques de construction qu'il commercialise depuis juin 2021 à l'échelle du pays.
"Il est important que les jeunes croient en leurs potentialités et lancent leurs propres projets en s’appuyant sur leurs compétences et leurs réseaux professionnels", a insisté Seifeddine Laalej.
Le Maroc, un acteur clé de lutte contre les changements climatiques
La mobilisation des jeunes marocain(e)s s’inscrit dans le cadre d’un effort national de lutte contre le changement climatique. À travers un programme ambitieux de réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) et la mise en œuvre de stratégies sectorielles d’adaptation pour la préservation des ressources naturelles, le pays entend réduire de 45,5% ses émissions de GES d’ici à 2030 et atteindre une part de 52% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique.
"Grâce à une politique publique résolue en matière d'action climatique poursuivie depuis plusieurs années, le Maroc est aujourd’hui un des rares pays à afficher une ambition élevée en matière de réduction des émissions de carbone et à être en phase avec l’objectif d’un réchauffement climatique maximal de 1,5°C" ", a souligné la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Maroc.
L’engagement des jeunes marocain(e)s en faveur du climat bénéficie notamment de l’appui du FNUAP, de l’UNESCO, de la FAO, du Bureau de la coordonnatrice résidente et du Centre d'information des Nations Unies. L’ONU au Maroc travaille, dans ce cadre, en partenariat avec les ambassades d’Italie et de Grande-Bretagne et le British Council.
Une première version de cet article a été produite par l’ONU au Maroc et publiée sur le site web de l’Organisation. La présente adaptation a été réalisée avec l’appui éditorial de Ahmed Ben Lassoued, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU au Maroc, consultez le site https://morocco.un.org/fr.