Sortir du charbon ne sera pas facile, mais c’est essentiel pour notre avenir commun, a déclaré la Vice-Secrétaire générale de l'ONU
La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies a appelé lundi les pays d'Asie et du Pacifique à accélérer leur sortie des combustibles fossiles et leur transition vers de nouveaux modèles de développement à faible émission de carbone en adoptant une approche juste et inclusive.
"Sortir du charbon et des combustibles fossiles dans une région qui représente 75 % de la capacité mondiale de production au charbon ne sera pas facile. Mais c'est essentiel pour notre avenir commun et c'est financièrement et technologiquement possible", a déclaré Amina Mohammed.
Mme Mohammed a également souligné la nécessité d'investir davantage dans des projets d’adaptation et de prendre des mesures urgentes pour renforcer la capacité des pays en développement à s'adapter au changement climatique et à renforcer leur résilience face à ses effets.
"Le dernier rapport du GIEC [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] a dressé une carte des souffrances humaines, en particulier dans la région Asie-Pacifique, où l'existence même de nations entières est menacée par la montée du niveau des océans et où les vulnérabilités vont s'accroître avec l'augmentation des épisodes d’inondations, des vagues de chaleur, de la sécheresse et des phénomènes météorologiques extrêmes", a ajouté Mme Mohammed.
La Vice-Secrétaire générale de l'ONU s’est exprimée en ces termes à l’occasion du neuvième Forum Asie-Pacifique sur le développement durable (en anglais : "Asia-Pacific Forum on Sustainable Development", ou APFSD), à Bangkok, où les gouvernements, les principaux acteurs du secteur privé et des représentants de la jeunesse et de la société civile venus de toute la région se sont réunis en présentiel et via Internet, à l’heure où l’on observe une stagnation des progrès en matière de réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Le Forum Asie-Pacifique sur le développement durable se tiendra jusqu'au 31 mars.
Au cours des quatre prochains jours, les participants au Forum entreprendront un examen approfondi des progrès réalisés dans la région en matière de mise en œuvre de l’ODD 4 (éducation de qualité), de l’ODD 5 (égalité des sexes), de l’ODD 14 (vie aquatique), de l’ODD 15 (vie terrestre) et de l’ODD 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs). Les conclusions retenues à l’issue de ce forum régional alimenteront les discussions prévues dans le cadre du Forum politique mondial de haut niveau qui se tiendra en juillet.
L'Asie-Pacifique "perd rapidement du terrain" en matière de développement durable
Selon les estimations, la croissance du PIB de la région pourrait ralentir et l'inflation augmenter, principalement en raison de la flambée des prix du pétrole et des matières premières, des perturbations expérimentées au niveau de la chaîne d'approvisionnement et des contraintes budgétaires. On craint également une augmentation du fardeau de la dette pour les pays émergents et les pays en développement.
Selon la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), qui organise le Forum Asie-Pacifique sur le développement durable, la région "perd rapidement du terrain" en termes de capacité à atteindre les objectifs de développement d'ici à 2030, et ce en raison de la pandémie de COVID-19 et de la crise complexe qui s’en est suivie.
Les progrès réalisés dans la région Asie-Pacifique dans les domaines relatifs aux ODD sur une éducation de qualité, sur l'égalité des sexes, sur la vie aquatique, sur la vie terrestre et sur les partenariats - les cinq ODD examinés lors de la réunion - "ont été limités, voire ont stagné dans certains cas", a déploré Mme Armida Salsiah Alisjahbana, la Secrétaire exécutive de la CESAP.
"Malheureusement, la région a même régressé sur d'autres ODD, notamment sur celui relatif à une consommation et une production durables, ainsi que sur celui relatif à la lutte contre les changements climatiques", a-t-elle ajouté, appelant les gouvernements à mettre en œuvre des politiques en alignant leurs stratégies nationales de relance sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
La Cheffe de la CESAP a également appelé à renforcer les investissements publics et privés destinés à financer un développement inclusif et durable, et à placer les populations et la planète au centre de ces investissements.
Karl Kendrick Chua, le Secrétaire de l'Autorité nationale pour l'économie et le développement (en anglais : "National Economic and Development Authority", ou NEDA), qui a été élu Président du neuvième Forum Asie-Pacifique sur le développement durable, a indiqué pour sa part que l’expérience unique qui est celle des pays d'Asie et du Pacifique "ainsi que [les] difficultés communes que nous avons surmontées pour relever les défis posés par la pandémie constituent une mine d’enseignements à tirer et de bonnes pratiques à retenir dont nous pouvons tous nous inspirer dans le cadre des efforts que nous déployons pour façonner une région plus solide face à la nouvelle réalité."
Le soixante-quinzième anniversaire de la CESAP
Ce lundi a également été marqué par le soixante-quinzième anniversaire de la CESAP, l’organe de l’ONU chargé des questions de développement en Asie et dans le Pacifique.
La Commission économique pour l'Asie et l'Extrême-Orient, comme on l'appelait alors, a été créée en 1947 à Shanghai, en Chine, pour servir de plateforme de collaboration régionale destinée à aider les pays à œuvrer pour le développement économique et la reconstruction au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
En 1976, la Commission a changé de nom pour devenir la CESAP, reflétant ainsi son élargissement à de nouveaux pays et l’extension de son champ d'action. Depuis sa création, la CESAP a mis en place des institutions qui ont joué un rôle essentiel en permettant d’assurer une croissance continue dans la région. Ces institutions comprennent notamment la Banque asiatique de développement, le Réseau routier asiatique et le Réseau ferroviaire transasiatique, qui couvre par exemple plus de 117.500 kilomètres de voies ferrées et plus de deux douzaines de pays.
Dans le contexte de la célébration de cet anniversaire, Mme Alisjahbana a indiqué que la CESAP a été la plateforme la plus inclusive en matière de promotion du dialogue et d’une action régionale conjointe en Asie et dans le Pacifique.
"Réaffirmons notre engagement à mener notre mission. Je compte sur vous pour continuer à vous engager, à soutenir ce travail et à montrer la voie", a-t-elle déclaré.
Cet article a été publié à l’origine en anglais sur le site d’ONU Info. La traduction française du texte original a été réalisée par l’équipe du Bureau de Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD).