Quand les eaux montent : Gestion des risques d'inondation dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord
15 décembre 2021
Légende: Dans les zones inondées du Soudan du Sud, beaucoup de familles conservent leurs denrées alimentaires périssables en les plaçant sur des échafaudages de fortune.
Au cours des 40 dernières années, les inondations ont été responsables des deux tiers environ du nombre total des pertes humaines dues aux catastrophes naturelles. C'est pourquoi la gestion des risques d'inondation fait désormais partie des stratégies de réduction des risques de catastrophe adoptées dans de nombreuses régions du monde. Mais ce n'est le cas ni au Moyen-Orient, ni en Afrique du Nord, du moins pas encore. Dans cet article, nous montrons comment l’ONU, au Soudan, en Égypte et en Somalie, aide à renforcer les stratégies nationales visant à prévenir les inondations ou à en limiter l’impact.
Soudan - Les réfugiés sont les plus durement touchés par les inondations massives
Légende: Au Soudan, Bak, un réfugié âgé, est assis près de son abri, qui a été endommagé par des inondations.
"Les inondations se sont produites durant la nuit. L'eau coulait à l’intérieur de mon abri et je n’ai pas pu dormir", raconte Bak, un réfugié de 80 ans originaire du Soudan du Sud qui vit à cinquante mètres du Nil Bleu. "L'eau a continué à couler pendant sept jours, puis son débit a diminué".
Pendant les inondations de 2020 - comme c’est le cas lorsque d’autres événements météorologiques extrêmes se produisent - les personnes les plus durement touchées ont été les réfugiés vulnérables et les riverains.
"J'ai perdu tous mes vêtements et aussi un sac de blé", poursuit Bak. Ailleurs dans le pays, beaucoup de maisons, de points d'eau et de latrines ont subi des dommages ou ont été détruits.
En réponse à la situation, le PNUD et la Banque mondiale ont travaillé avec le gouvernement soudanais pour rendre compte des dégâts occasionnés par les inondations et formuler des recommandations sur la manière de réduire l'impact de futures catastrophes.
Le rapport issu de ce travail préconise l'application des principes du programme "Reconstruire sur de meilleures bases".
Parmi ces principes : impliquer les communautés locales de manière significative dans la reconstruction, et les efforts déployés seront plus fructueux et donneront des résultats plus durables.
Égypte - Protéger le delta du Nil
Légende: Des mesures de prévention sont mises en œuvre le long des rives du delta du Nil.
"Les pêcheurs et les agriculteurs avaient peur d'aller travailler", raconte Aziz, "parce que pendant les tempêtes, le niveau de l'eau monte et l’eau submerge la rive."
Aziz vit avec sa famille dans une modeste maison, dans une ville côtière du delta du Nil. Les membres de sa famille comptent parmi les 18 millions de personnes exposées au danger dans cette région du pays.
"Nous avons compris que si les eaux qui montaient nous atteignaient, c’est parce qu'aucune mesure n’était prise pour nous protéger et protéger nos biens", explique Aziz.
Le delta du Nil est l'une des zones les plus vulnérables au monde face à l'élévation du niveau de la mer, aux événements météorologiques extrêmes et à d'autres phénomènes aggravés par le changement climatique. C'est ce qui ressort d'un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Pour faire face à ce problème, le PNUD et le Fonds vert pour le climat (FVC) ont collaboré avec le gouvernement égyptien et lancé un nouveau projet d’adaptation au changement climatique.
À ce jour, 10 % des digues prévues dans le cadre de ce projet ont été installées. Leur résistance a été mise à l'épreuve en décembre 2020, lors d’une violence tempête. Les digues ont réussi à bloquer la montée de l’eau sur les rives du delta du Nil.
Ce plan prévoit également la mise en place d'un système de surveillance de l'évolution du niveau de la mer et de l'impact du changement climatique en termes d’érosion côtière et de stabilité des rivages.
Somalie - Améliorer l’efficacité des interventions grâce à la télédétection
Légende: En Somalie, dans une zone résidentielle inondée, deux jeunes garçons marchent les pieds dans l’eau.
La fréquence des inondations a augmenté en Somalie au cours des 20 dernières années, provoquant des perturbations économiques et mettant à mal la capacité des ménages touchés à subvenir à leurs besoins.
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a mis au point un système d'alerte rapide robuste qui s'appuie sur les informations fournies par des dispositifs d’observation des phénomènes climatiques et des stations de jaugeage qui mesurent le débit des rivières. Ce système d'alerte précoce alerte ensuite le gouvernement, les communautés vulnérables et les intervenants chargés de mettre en œuvre les opérations d'urgence.
"Transmises à temps, ces informations sont cruciales car elles permettent à toutes les parties prenantes de planifier et de mettre en œuvre rapidement des programmes d'atténuation des risques d'inondation", a déclaré Ugo Leonardi, Conseiller dans le cadre du projet. "Ce système a permis de sauver des vies et de donner aux habitants vulnérables les moyens de préserver leurs moyens de subsistance en cas de choc".
Compilation de récits réalisée à partir d’articles publiés à l’origine par les Nations Unies au Soudan (et sur cette page), en Égypte et en Somalie. Compilation réalisée avec l’appui éditorial de Elie Baaklini, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD.