Suriname : Vers une production durable d'ananas

Nous publions cet article à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation 2022.
Situé sur la côte atlantique nord-est de l'Amérique du Sud, le Suriname est considéré comme le berceau de la culture de l'ananas. Bien que la superficie consacrée à la production de ce fruit soit modeste, la diversité génétique des variétés qui y sont cultivées est extraordinaire et le potentiel de croissance du secteur important.
Cultivé principalement par les populations autochtones vivant le long de la ceinture de savane, et notamment par les peuples Lokono (Arawak) et Kaliña (Caraiben), l'ananas permet d’envisager de très bonnes perspectives d'amélioration des moyens de subsistance des populations. Le système des Nations Unies au Suriname entend aider le pays à exploiter ce potentiel.
Il existe actuellement plus de 15 variétés uniques d'ananas biologique cultivées au Suriname. Cela représente un énorme potentiel d'exportation pour le pays. L’ONU soutient justement un projet qui prévoit de protéger juridiquement ces variétés et les droits génétiques qui y sont liés, mais aussi de tracer les grandes lignes d'un processus de certification qui permette aux peuples autochtones et aux autres agriculteurs·trices au Suriname de ne pas perdre le contrôle de leurs variétés d’ananas au fur et à mesure que celles-ci gagneront en popularité.
Depuis 2018, dans le cadre d’une collaboration avec les ministères concernés, la FAO et l'ONUDI, en partenariat avec l'OIT et l’UNFPA, travaillent avec des agriculteurs·trices surinamien·ne·s et d'autres parties prenantes pour analyser la filière de l'ananas et faciliter l'élaboration d'une stratégie commune pour le secteur à l’horizon 2030.
En 2022, le programme conjoint "Développement durable de la filière ananas" a reçu un financement du Fonds conjoint pour les ODD.
Le programme comprend plusieurs volets, et notamment : le financement (attirer les investissements conformes aux ODD dans la filière ananas et réduire les risques supportés par les investisseurs afin d’accroître la productivité et les revenus des petits exploitants) ; et l'utilisation de méthodes plus pratiques par la création entre autres du Pôle d'innovation pour la culture de l'ananas (une fondation locale offrira aux exploitants des services adaptés en matière d'agronomie, de création d’entreprise et de gestion).
Dans le discours d'ouverture qu’il a prononcé à l’occasion du lancement de ce projet, Dennis Zulu, le Coordonnateur résident des Nations Unies par intérim au Suriname a déclaré :
"Aux Nations Unies, nous sommes déterminés à soutenir, accompagner et ouvrir la voie à de nouvelles façons de faciliter la mise en relation des acteurs de la filière et des prestataires de services, de renforcer et d'institutionnaliser les connaissances au niveau des institutions locales et de contribuer à faire émerger un climat politique favorable. Mais nous devons le faire ensemble et nous ne pouvons certainement pas le faire les uns sans les autres".

Du "Pôle d'innovation pour la culture de l'ananas" vers les marchés
L'une des premières mesures concrètes prises dans le cadre de ce projet onusien est l'élaboration des matériels de formation agricole à destination des populations autochtones, un travail qui s’inspire de ce qui s’est fait au Costa Rica en matière de production biologique d'ananas. L'étape suivante consiste à favoriser la collaboration avec les institutions financières internationales afin qu’elles apportent les financements nécessaires. La dernière étape se traduit par la réalisation, par la FAO, d’une analyse scientifique des variétés cultivées et des sols qui les produisent en vue d'optimiser la mise sur le marché des produits de l’ananas.
La culture de l'ananas dans la région "va certainement continuer à se développer car je vois d’ores et déjà plus de jeunes s’orienter vers ce secteur", se réjouit Wendolien Sabajo, Capitaine de Matta, un village autochtone.
Les régions intérieures du Suriname pâtissent d’un déficit de développement et d’accès aux services publics, et la population y souffre beaucoup plus qu’ailleurs de la pauvreté et du chômage. L'agriculture durable est considérée comme une opportunité de croissance pour ces régions - et l'objectif de ce projet est justement d’accroître les revenus des agriculteurs·trices en les aidant à développer une agriculture biologique pérenne.
En s'attaquant aux contraintes financières qui ont empêché le Suriname d’exploiter le potentiel considérable de sa filière ananas, le pays devrait devenir un producteur d'ananas durable et être en mesure d’approvisionner les marchés locaux et internationaux.
Le projet conjoint de l’ONU fait intervenir un large éventail de parties prenantes - communautés et organisations autochtones, producteurs, transformateurs, négociants et autres fournisseurs d'intrants, ministères, autorités villageoises, institutions de recherche et de financement et plusieurs entités onusiennes - et permet au Suriname d’améliorer ses perspectives en matière de développement d’un secteur agricole unique et durable de l’ananas.
Objectif : Faire passer la production d'ananas de 2.000 à 3.000 tonnes par an (le niveau actuel) à 20.000 tonnes par an d'ici à 2030.
Le programme "Développement durable de la filière ananas" est né d'une proposition soumise dans le cadre de l'"Accélérateur pour le développement et l'innovation dans les secteurs de l'agriculture et de l'agro-industrie Plus (3ADI+)"* ("The Accelerator for Agriculture and Agroindustry Development and Innovation Plus", en anglais) et qui a été sélectionnée parmi un ensemble de propositions soumises par plus de 100 pays.
*L’Accélérateur 3ADI+ a été rebaptisé "Accélérateur pour la transformation des systèmes agroalimentaires" ("Agrifood Systems Transformation Accelerator", ou ASTA, en anglais), un programme mondial co-piloté par l'ONUDI et la FAO qui aide les pays à accélérer la réalisation d’investissements dans la transformation de leurs systèmes alimentaires en vue d’atteindre les ODD, notamment par le développement de filières agricoles, de mécanismes de commercialisation, de modèles économiques d’entreprises et de financements inclusifs.
Article écrit à l’origine en anglais. Basé sur des contributions de l'ONU au Suriname, du Fonds conjoint pour les ODD, de l'ONUDI et de la FAO. Travail de compilation et d’édition réalisé par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD.
Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU au Suriname, consultez le site Suriname.UN.org.














