Une agente de santé communautaire de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, décrit le travail de porte-à-porte qu'elle fait pour sensibiliser à la prévention du choléra.
Le choléra est une maladie mortelle mais traitable lorsqu'elle est prise à temps. Il se propage à travers Haïti et, selon les derniers chiffres du gouvernement publiés le 16 novembre, quelque 8.100 personnes ont été hospitalisées en raison du choléra et plus de 170 sont décédées de la maladie.
Esterline Dumezil a été formée par le Ministère de la Santé publique et de la population et par l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS/OMS).
« Je travaille dans la commune de Cité Soleil à Port-au-Prince depuis 2014, donc depuis huit ans. La situation s'est détériorée avec le temps, ce qui signifie que la vie est devenue très difficile pour les personnes qui vivent ici. Les gens me parlent de leurs soucis de santé, mais ils s'inquiètent aussi de la situation économique et sécuritaire. Ils ont très peur du retour du choléra.
Mon travail consiste à faire de la sensibilisation auprès des habitants du quartier. Je donne beaucoup d'informations de santé publique et maintenant que le choléra a refait surface, je fais du porte-à-porte pour rendre visite aux familles à domicile. J'éduque les gens sur l'importance qu'il y a à utiliser de l'eau traitée pour boire, à cuisiner à la maison, à se laver les mains, et je les sensibilise à d'autres mesures qu'ils peuvent prendre pour empêcher la propagation de la maladie.
Les habitants ont beaucoup de questions, ils veulent aussi me faire part de leurs préoccupations et de leurs problèmes. Je les rassure en leur rappelant que le choléra n'est pas toujours mortel et qu'il se soigne. Si les règles d'hygiène de base sont respectées, on peut combattre la maladie.
Légende: Esterline Dumezil est employée en tant qu'agente de santé communautaire à Cité Soleil depuis 2014.
Lorsque je vois qu'une personne souffre de diarrhée, peut importe son degré de sévérité, je l'oriente vers l'un des deux hôpitaux de la commune qui ont été équipés pour recevoir les malades du choléra ; je sais que cette personne y sera bien traitée.
Il est très important pour moi de compter les cas suspects et de noter les informations que les populations locales partagent avec moi. Je transmets ces informations à mes supérieurs au Ministère de la Santé, ce qui aide nos épidémiologistes à mieux comprendre comment les gens sont touchés par le choléra, partout dans le pays.
Aider les personnes les plus vulnérables
Nous sommes toujours sur le terrain, malgré les difficultés que pose la situation actuelle dans le pays. Les agents de santé communautaires ne chôment pas. Nous sommes formés pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables. C'est un devoir, et c'est une source de fierté pour moi de participer à cet effort.
Personnellement, j'aime à penser que chacun peut contribuer à améliorer la vie au sein de sa communauté. C'est pourquoi j'ai décidé de devenir agente de santé communautaire : j'aime aider les gens et faire en sorte que les choses changent. C'est aussi un travail très important qui peut sauver des vies.
Aller à la rencontre des gens et les aider est ce qui me rend la plus heureuse dans ce travail. J'aime aller chez eux et je me sens à l'aise dans le quartier, malgré l'insécurité causée par les gangs, car les gens me connaissent et me font confiance.
Je n'ai jamais regretté d'avoir consacré ma vie à ce travail. J'aime aller à la rencontre des gens chez eux et c'est là que je me sens la plus heureuse ».
Légende: Des personnels de l'OPS/OMS forment des agents de santé communautaire à la prévention et à la détection du choléra.
Plusieurs entités des Nations Unies, dont l'OIM, l'ONUSIDA, l'UNFPA, l'UNICEF et le PAM, ainsi que le Service aérien d'aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS), prennent également part à la réponse des Nations Unies au choléra en Haïti.
Les "Agents de santé communautaires polyvalents", ou ASCP, jouent un rôle central dans la stratégie de santé communautaire soutenue par l'OPS/OMS. Grâce à un accès aux communautés qu'ils desservent et à une connaissance approfondie du terrain, les ASCP ont été à l'avant-garde d'une réponse intégrée au choléra, en particulier dans les zones difficiles d'accès telles que Cité Soleil. Jusqu'à présent, 300 ASCP ont été formés et déployés sur le terrain pour mener des activités de communication sur les risques et de mobilisation communautaire.
Cette intervention a été rendue possible grâce à l'appui financier des bailleurs de fonds qui soutiennent les interventions de l'OPS en Haïti tels que le Fonds central des Nations Unies pour les interventions d'urgence (CERF) et le Service de la Commission européenne à la Protection Civile et aux opérations d'aide humanitaire européennes.
Ce témoignage a été publié à l'origine le site de l'ONU en Haïti. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD) a procédé a quelques modificationséditoriales sur la version orginiale.
Pour en savoir plus sur l'action menée par l'ONU en Haïti, consultez le site https://haiti.un.org/fr.