Traitement de la question du genre dans les médias palestiniens : Changements de perception et sensibilisation de la population

De par leur travail d’information et leur importante capacité à modifier les perceptions, les médias jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation du public à la question du genre dans le contexte de la mondialisation.
Le Programme conjoint HAYA
Selon une enquête du Bureau central palestinien de la statistique basé en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, environ 30 % des femmes actuellement mariées ou ayant été mariées sont ou ont été victimes de violences physiques de la part de leur conjoint ou de leur ex-conjoint et 14 % des femmes non mariées sont victimes de violences de la part d'un membre de leur famille. Plus de la moitié de ces femmes ne demandent pas d'aide, soit parce qu'elles ne savent pas à qui s’adresser, soit parce qu'elles craignent les conséquences de leur démarche.
Le Programme conjoint HAYA a été mis en place dans le pays pour éliminer la violence à l'égard des femmes et des filles à travers des activités de sensibilisation visant à faire évoluer les pratiques, les attitudes et les comportements préjudiciables aux femmes et aux filles et à renforcer l'accès des survivantes aux services d’assistance.
Ce programme conjoint est mis en œuvre grâce à un financement du Gouvernement canadien par un certain nombre d'organismes onusiens : ONU-Femmes, l’UNFPA, ONU-Habitat et l'ONUDC.

Le rôle des médias
Mais d'abord, les médias eux-mêmes doivent acquérir une compréhension plus globale et plus complète de ces problématiques et connaître les méthodes les plus efficaces pour appréhender les besoins et susciter des changements de comportement au sein de la population. Les intervenants du Programme HAYA travaillent justement directement avec les journalistes et les diplômé(e)s en journalisme et en médias pour les familiariser avec les méthodes de traitement journalistique de la question des violences faites aux femmes.
Ainsi, grâce à la formation organisée par l’ONUDC dans le cadre du Programme conjoint HAYA, les journalistes et les diplômés des départements médias des universités sont armés pour prendre en compte les normes de genre et adapter leurs choix éditoriaux et lexicaux lorsqu’ils réalisent des reportages.
"Je me faisais une idée différente de la violence de genre et des questions de genre en général".
C'est ce qu'a confié Razan, une étudiante spécialisée dans les médias et stagiaire en journalisme âgée de 20 ans, qui a expliqué par ailleurs qu’à l’issue de la formation qu’elle a suivie avec 24 autres étudiant(e)s en journalisme spécialisé(e)s dans les médias, elle comprenait mieux comment réaliser des reportages tenant compte des questions de genre et qu’elle avait pris conscience que des changements de mentalité étaient possible par ce biais.
"Dans notre société, en raison de nos coutumes et de nos traditions, la violence à l'égard des femmes et la violence sexiste sont des questions très sensibles. Mais maintenant, nous savons ce que cela signifie et quelles sont les questions qui se posent autour de la notion de genre. Auparavant, nous ne comprenions pas bien le concept de violence basée sur le genre. Ces concepts sont beaucoup plus clairs pour nous à présent", a reconnu Razan.
Formation au métier de journaliste
La formation organisée par l’ONUDC dans le cadre du Programme conjoint HAYA était destinée à permettre aux participant(e)s de mieux comprendre les questions de genre et de violence et d’acquérir les capacités techniques nécessaires pour la production de photos et de vidéos et la réalisation de reportages journalistiques promouvant la recherche de solutions.
La Directrice du Programme conjoint HAYA, Mme Hizam Tahboub, a déclaré que les médias offraient d'excellentes opportunités pour la sensibilisation de la population à la question de la violence à l'égard des femmes et des filles, avant d’ajouter : "Nous travaillons dur dans le cadre du Programme conjoint HAYA pour doter les journalistes de meilleures connaissances et compétences qui leur permettent de rendre compte efficacement des réalités liées à la question du genre sans aucun préjugé et d’utiliser le formidable espace dont ils et elles disposent pour promouvoir l'égalité entre les sexes".
Pour Razan, les comportements que l’on observe envers les femmes ont été façonnés par la société dans son ensemble et par les individus en particulier, quel que soit leur sexe, et chacune et chacun dans la société doit faire sa part du travail pour mettre fin aux violences faites aux femmes. Aujourd’hui, Razan possède les compétences nécessaires pour traduire ses nouvelles connaissances en outils de communication et susciter des changements dans l’état d’esprit des femmes et des hommes du pays.

L’information, un outil puissant et efficace
Pour Razan, les médias sont un outil puissant qui peut contribuer à ce changement, mais cela prend du temps : "C'est difficile de changer les comportements, c'est un processus lent".
La formation qu’a suivie Razan a motivé la jeune femme à s’engager plus avant dans la lutte contre la violence de genre à travers le journalisme. "Je vois que les femmes sont confrontées à ces problèmes, qu’elles sont marginalisées, et je veux les aider".
Razan continue à s’informer et à informer les autres grâce à un travail bénévole d’élaboration de programmes et de campagnes de sensibilisation traitant des problèmes de violence à l'égard des femmes. Elle a également animé un atelier pour ses collègues de l'agence média où elle travaille, afin de partager avec eux les connaissances techniques et conceptuelles qu’elle a acquises dans le cadre de la formation organisée par l’ONUDC.
Razan et ses collègues de l'agence de presse pour laquelle elle travaille continueront à diffuser ces connaissances auprès de médias actifs dans d'autres régions de Cisjordanie, en particulier dans les régions où les crimes dits "d'honneur" sont plus fréquents qu’ailleurs.
Razan prévoit également de mener une initiative de sensibilisation dans son université pour informer ses camarades sur les différentes formes de violence sexiste. "Il ne fait aucun doute que les médias peuvent aider à faire reculer les violences faites aux femmes", insiste-t-elle. Razan espère un jour produire une émission télévisée qui prendra en compte les questions de genre et contribuera à produire un changement durable pour les générations futures.
Article publié à l’origine en arabe sur le site d’ONU Info. Traduit en français par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD).
Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU en Palestine, consultez le site Palestine.UN.org.














