UNOWAS et ses partenaires onusiens promeuvent la participation des femmes dans les processus de paix
Il y a vingt ans, la communauté internationale, à travers le Conseil de sécurité de l’ONU, prenait une positon ferme en adoptant une résolution appelant au respect des droits fondamentaux des femmes, à leur protection contre la violences et à leur participation dans les processus de paix. C’est ainsi qu’est née la Résolution 1325.
Dans le souci que les États prennent en main l’application de la (Résolution 1325), cette dernière leur demande instamment de veiller à ce que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de la prise de décisions au niveau des institutions et des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention, de gestion et de règlement des différends. Elle demande aussi aux États d’intégrer, entre autres, la dimension de genre dans tous leurs programmes, y compris dans leurs programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration. La Résolution 1325 met en outre l’accent sur la responsabilité qui incombe à tous les États de mettre fin à l’impunité et de poursuivre en justice ceux qui sont accusés de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, y compris de toute forme de violence fondée sur le genre et de tout autre acte de violence à l’égard des femmes et des filles.
Au fil des années, la Résolution 1325 a été complétée par huit autres résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité, à savoir : 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013), 2242 (2015), 2467 (2019) ; ainsi que par les résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) sur les jeunes, la paix et la sécurité.
Un travail continu de plaidoyer
Depuis 20 ans, les appels pour une plus grande participation des femmes aux processus de cessez-le-feu et de paix se multiplient. Tout dernièrement, au regard de la pandémie de la COVID-19 et de ses effets, le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA) et ONU Femmes ont publié, le 3 août 2020, une note de synthèse intitulée "COVID-19 et conflits : faire progresser de manière significative la participation des femmes aux processus de cessez-le-feu et de paix”. Cette note reconnait que la pleine participation des femmes est essentielle pour une réponse efficace à la pandémie de COVID-19 et dans l’optique de faire avancer les processus de paix.
À travers ce document, les deux structures onusiennes rappellent que "Les femmes ont un droit fondamental et un intérêt à participer à la prise des décisions qui les concernent elles et l’avenir de leur pays". La note précise aussi que "l’engagement des femmes dans les processus de paix présente des avantages substantiels. Leur participation directe peut contribuer à changer la dynamique et à élargir les questions en discussion, ce qui augmente la probabilité de s’attaquer aux causes profondes du conflit et de renforcer l’adhésion de la communauté au processus et à son résultat".
La note fournit en outre une analyse préliminaire de l’impact de la COVID-19 sur la participation des femmes aux cessez-le-feu et aux processus de paix et propose une série de recommandations.
Priorité à l’inclusion et à la protection des femmes
En Afrique de l’Ouest et au Sahel, les conflits armés se sont intensifiés. En plus de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme dans plusieurs pays, les crises liées aux élections, comme en Guinée et en Côte d’Ivoire, le changement climatique, les activités de piraterie et la criminalité transnationale organisée sont autant de menaces pour la sécurité et la stabilité dans cette sous-région qui exigent une action coordonnée de la part des États impliquant la participation des jeunes et des femmes.
Cette année, la pandémie de COVID-19 s’est ajoutée aux nombreux défis auxquels la sous-région fait face. Elle a mis à l’épreuve les acteurs politiques et économiques. Elle a de surcroît accentué les inégalités entre les sexes et elle menace de compromettre les droits de l’homme.
UNOWAS s’emploie chaque jour à veiller à la mise en œuvre des différentes résolutions du Conseil de sécurité, mais aussi à encourager davantage les gouvernements de la sous-région à faciliter l’intervention des femmes dans les processus de prise de décisions politiques.
Dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et par le biais d’un partenariat étroit avec des organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l’Union du Fleuve Mano, le G5 Sahel, des entités de l’ONU telles qu’ONU Femmes, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) ainsi que d’autres parties prenantes, UNOWAS promeut l’inclusion systématique des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, la médiation, la négociation et la reconstruction post-conflit, ainsi que la prise en compte du genre dans la réforme du secteur de la sécurité. Elle encourage l’intégration du genre dans les programmes et processus de paix, de même que l’adoption et la mise en œuvre de politiques, lois et mesures en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité hommes-femmes, conformément aux instruments légaux internationaux et régionaux existants.
Lors de sa participation, le 8 octobre 2020, à la réunion ministérielle de la CEDEAO sur la violence sexuelle basée sur le genre et les droits des femmes et des filles dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a réitéré l’engagement continu des Nations Unies, en partenariat avec la CEDEAO, à donner la priorité à la protection et à la promotion des droits et libertés des femmes et des filles dans la sous-région.
Encore un long chemin à parcourir
"Depuis l’adoption de la Résolution 1325, nous avons fait des progrès significatifs dans la compréhension et la résolution des difficultés auxquelles les femmes sont confrontées pour parvenir à une participation pleine et égale à la prévention des conflits, au règlement des différends, à la consolidation de la paix et au maintien de la paix", a déclaré Mme Rosemary A. DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, lors de son intervention, le 2 octobre 2020, devant la Commission de la consolidation de la paix. "La contribution des femmes à la paix et à la sécurité se fait encore souvent en dehors du cadre officiel et leurs apports sont trop souvent sous-évaluées", a-t-elle ajouté.
Faisant écho au constat de Mme DiCarlo, Mohamed Ibn Chambas a rappelé, lors de son intervention à la réunion ministérielle de la CEDEAO sur la violence sexuelle basée sur le genre et les droits des femmes et des filles, "qu’ensemble, nous devons travailler pour investir dans l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, non seulement en tant que fins en soi, mais aussi en tant que moyens indispensables pour atteindre notre objectif primordial de prévention des conflits et de consolidation de la paix et de la prospérité dans la région".
Malgré un effort international soutenu pour la mise en œuvre de la Résolution 1325, les femmes sont toujours largement exclues des négociations de paix et le niveau de violence à leur égard reste encore élevé. Leur niveau de participation aux processus de négociation et de consolidation de la paix ainsi qu’aux processus de justice transitionnelle, de reconstruction et de développement reste trop faible.
En effet, le nouvel Indice des normes sociales relatif à l’égalité des sexes publié le 5 mars 2020 par le PNUD révèle que, malgré des décennies de progrès pour combler l’écart entre les hommes et les femmes en matière d’égalité, près de 90 % des hommes et des femmes nourrissent au moins un préjugé envers les femmes. La même étude souligne par ailleurs que moins de 24 % des sièges parlementaires dans le monde sont occupés par des femmes et que sur 193 pays, seules 10 femmes sont chefs de gouvernement, alors même que les hommes et les femmes votent dans les mêmes proportions.
Mettons à profit la célébration du vingtième anniversaire de la Résolution 1325 pour appeler à des efforts accrus en vue de faciliter la pleine participation des femmes aux processus de paix et à la construction d'un monde meilleur.
Produit par UNOWAS. La version originale de l'article a été publiée sur le site web de UNOWAS le 28 octobre 2020.