Vaincre la COVID-19 grâce à la solidarité
En Sierra Leone, lorsqu’en en mai 2020, le gouvernement a rendu le port du masque facial obligatoire dans les lieux publics, l'équipe de l’ONU a travaillé avec les autorités locales et la population pour freiner la propagation de la COVID-19, en rassemblant les acteurs de la société autour de la riposte à la crise.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a aidé à relayer l’information en mettant au point des initiatives de communication relative aux risques afin de sensibiliser le public. Il a fait pour cela l’acquisition de plus de 5.000 affiches, 800 pancartes, 27 bannières, 300 mégaphones, ainsi que de piles et de systèmes de sonorisation destinés à être utilisées pour la campagne.
Afin de mobiliser rapidement le soutien de la société autour de l'idée du port du masque et de l’application des mesures de distanciation physique, l'équipe de l’ONU s’est en outre appuyée sur des leaders de la société civile et des relais d’opinion.
Haja Marie Kondeh, présidente d'une association de femmes
Pour Haja Marie Kondeh, présidente de l'influente association des femmes du marché de Freetown, en Sierra Leone, recevoir environ 1.000 masques en tissu pour les distribuer aux femmes les plus vulnérables du marché a été une aubaine. Les masques fabriqués localement peuvent coûter jusqu'à un dollar, ce qui est plus cher que ce que la plupart des commerçantes peuvent se permettre de dépenser.
"Si nous ne portons pas de masques, ce n’est pas parce que nous ne voulons pas en porter, mais parce que nous n'avons pas les moyens d’en acheter".
Ces masques faisaient partie d'un lot de 52.000 pièces achetées par le PNUD dans le cadre d'une campagne sur les mesures de prévention de la COVID-19, appelée "Corona fet na wi all fet", en krio, ce qui signifie "La victoire contre la COVID-19 se fera grâce à la solidarité". Cette campagne vise à encourager les changements de comportement et à promouvoir l’application de mesures de prévention pour préserver la santé et la sécurité des personnes dans les lieux publics.
"Dans des circonstances aussi inédites que celles que nous visons, il y a deux choses essentielles que nous pouvons faire : apporter notre appui au système de soins pour aider à traiter et gérer les cas et renforcer la communication relatives aux risques et la mobilisation de la population pour contribuer à ralentir et à réduire la propagation de la maladie", a expliqué le Dr Samuel Doe, Représentant résident du PNUD en Sierra Leone.
George Wyndham, médaillé aux Jeux paralympiques
"La pandémie m'a obligé à arrêter de faire ce que j'aime faire le plus : du sport. Elle m'a empêché de gagner de l’argent pour prendre soin de ma famille et de moi-même. [Désormais], je fais usage de ma notoriété pour le bien de mon pays et pour moi-même", confie George Wyndham.
Ce dernier est particulièrement préoccupé par le sort des jeunes en Sierra Leone pendant la période de pandémie. "Je sais comment ils sont vécu l’épisode de la guerre puis l’épidémie d’Ebola. Avec la COVID-19 et la pauvreté qui s’est aggravée à cause de cette maladie, le pays a connu des violences à certains endroits, mais nous devons tenir bon, rester forts, nous serrer les coudes, espérer et travailler pour le meilleur. C'est le message que je veux leur adresser".
Wahid, musicien et artiste
"Nous voulons sortir plus forts de cette bataille et cheminer vers un avenir meilleur", confie Wahid, un jeune artiste sierra-léonais connu pour son travail de sensibilisation en faveur de la paix et du développement.
Wahid et d'autres musiciens à travers le pays ont soutenu la campagne en créant et en interprétant une sorte d’hymne national pour soutenir la lutte contre la COVID-19. Interprétée dans les différentes langues parlées dans le pays, cette chanson encourage les gens à être solidaires les uns avec les autres et met l’accent sur le besoin d'unité et de cohésion sociale.
"Le pays aime ces jeunes hommes et ces jeunes femmes. L'idée était juste de les encourager à se joindre au reste de la population et à mener le combat", explique Solomon Jamiru, porte-parole national de la riposte à la COVID-19 en Sierra Leone, à l’origine de cette idée de chanson.
Le PNUD a apporté un soutien à la fois technique, avec l'élaboration d'une stratégie de mobilisation sociale et communautaire pour le déploiement rapide de la campagne, et financier, avec la réaffectation de 253.000 dollars puisés dans les budgets programmatiques financés par les ressources de base de l'Organisation.
Les "Corona Fighters" ("Combattants de la lutte contre le Corona")
Ces ressources financières ont également permis de recruter les "Corona Fighters" ("Combattants de la lutte contre le Corona"). Il s’agit d’un groupe constitué d’un millier de bénévoles communautaires qui ont été rapidement formés à la communication relative aux risques et à la mobilisation de la population. La plupart de ces bénévoles avaient déjà participé à la campagne "Stop Ebola" engagée entre 2014 et 2016. Les formations ont été organisées par le Centre national d'intervention d'urgence contre la COVID-19 et ont été approuvées et déployées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en collaboration avec le ministère de la santé et de l'assainissement.
En plus de faciliter la mobilisation de la société, ce transfert de fonds a permis de mettre en place un filet de sécurité indispensable qui a contribué à améliorer les moyens de subsistance de la population.
"J'ai reçu un message sur mon téléphone m'annonçant que j'avais reçu de l'argent pour ma première semaine de travail comme bénévole communautaire. Honnêtement, je ne m'attendais pas à être rémunéré, je savais que je m’investissais pour mon pays. Mais cette [indemnité] va beaucoup aider notre famille ; les choses sont très difficiles pour nous en ce moment avec la COVID," raconte Samuel Mattia, présentateur d’une radio communautaire qui s'est porté volontaire pour faire un travail de pédagogie auprès des communautés du district rural de la zone de l’Ouest, après que de violentes émeutes contre les forces nationales de sécurité ont éclaté en réaction aux mesures de confinement.
Au total, ces initiatives ont permis d’aider des milliers de personnes à travers le pays, ce qui a eu un impact sur la vie de celles et ceux qui auraient voulu respecter les mesures de santé et de sécurité mais qui ne pouvaient pas les appliquer, faute de ressources.
Grâce à la solidarité, les personnes vulnérables au sein de la société n'ont plus à choisir entre acheter un masque ou nourrir leur famille.
Cet article est une adaptation partielle d'un article écrit par Helen Mayelle, de l'équipe du PNUD en Sierra Leone et publié à l'origine sur la plateforme Medium. Il a été traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).