En Trinité-et-Tobago, les femmes prennent encore plus le contrôle de leur vie procréative

Après la naissance de son fils, Dalini Bhim a décidé d'attendre avant d'avoir un deuxième enfant. Cette mère de 32 ans a alors choisi de recourir à la contraception.
Plus tard, en 2020, le centre de santé publique auquel elle se rendait lui a proposé de participer à un projet dans le cadre duquel serait expérimentée l’utilisation d’une nouvelle méthode contraceptive pouvant prévenir des grossesses pendant cinq ans. Contrairement aux autres moyens contraceptifs, celui-ci nécessiterait une intervention chirurgicale mineure qui permettrait d’insérer un implant sous la peau de la face interne de l’avant-bras.
"Ça a été rapide et pas douloureux du tout", se souvient Dalini. "J'étais très contente à l'idée de ne plus dépendre d'autres contraceptifs. En plus, c’est un moyen de contraception très économique qui revient moins cher que de devoir acheter la pilule, par exemple. Il suffit d'une seule intervention, et c'est fini".
Dalini explique qu'elle désire passer plus de temps avec son fils de cinq ans avant d'avoir un deuxième enfant. Elle prévoit d'agrandir sa famille après le retrait de son implant, qui doit intervenir dans cinq ans.
"Nous pouvons décider d’avoir un enfant ou non. Nous sommes donc mieux à même de planifier le moment où nous concevrons un enfant", se réjouit Dalini.

Une solution plus pratique
Après avoir donné naissance à son troisième enfant, Savitri Singh-Jones a décidé de ne plus avoir d'enfant. Elle s'est alors tournée vers des contraceptifs oraux. Elle a dû pour cela payer chaque mois le renouvellement de sa plaquette de pilules.
"Il ne faut pas oublier de prendre la pilule tous les jours. Or, il m’est arrivé d'oublier", admet Savitri, aujourd'hui âgée de 43 ans.
Dans un second temps, Savitri a essayé des contraceptifs injectables, mais ceux-ci l'obligeaient à se rendre chaque mois chez son médecin pour obtenir une nouvelle dose du produit.
Lasse des contraintes que lui imposaient la prise régulière de la pilule puis la prise de rendez-vous mensuels au centre de santé pour l’obtention de produits d’injection, Savitri a souhaité recourir à une solution plus pratique. Lorsqu'une infirmière du district où elle vivait lui a demandé si elle était intéressée par une forme de contraception permettant de lui éviter de tomber enceinte pendant cinq ans, Savitri a sauté sur l'occasion.
"L’aspect le plus pratique de ce dispositif, c'est que l’implant est sous la peau de votre bras. J’ai donc discuté un moment avec l’infirmière, puis j’ai décidé de me le faire poser."
Au cours de l'année qui a suivi la mise en place de son implant, Savitri a constaté que le dispositif avait un avantage collatéral : des menstruations plus courtes et plus légères. Or, elle avait toujours eu, jusque-là, des saignements abondants qui duraient des semaines.
"Mentalement, ça m'épuisait. La plupart du temps, mon taux sanguin [d’hémoglobine] était bas, alors je devais aller voir un médecin pour essayer de le faire remonter avec des comprimés de fer", se souvient-elle. "Maintenant, mes règles sont très, très légères, et ça me convient beaucoup plus. C'est un grand soulagement pour moi."
"Ce que j’y ai gagné, personnellement, c'est la tranquillité d'esprit", poursuit Savitri. "J'encourage toutes les femmes à recourir à ce type d’implant".
Comme Savitri, près de 400 autres femmes en Trinité-et-Tobago ont bénéficié gratuitement de cet implant contraceptif, qui offre un moyen efficace et durable de prévenir des grossesses, peut être retiré en toute sécurité et peut être suivi par une récupération rapide de la capacité à concevoir. Ces femmes sont les toutes premières à en avoir bénéficié dans le pays.
Une enquête réalisée par le gouvernement en 2011 a révélé que 40,3 % des femmes âgées de 15 à 49 ans et mariées ou en couple à Trinité-et-Tobago ont recours à au moins une méthode de contraception.
Plus d’options pour les femmes en âge de procréer souhaitant recourir à la contraception

"Cet implant permet d'offrir une nouvelle option aux patientes", explique Chennel Davis-Gentle, sage-femme et infirmière en planification familiale ayant participé au programme de pose d'implants dans un centre de santé de l'est de la Trinité.
"Et comme c’est un dispositif peu invasif et qu'il agit longtemps tout en ayant des effets réversibles, les femmes trouveront dans cette méthode beaucoup d’avantages pour les aider à gérer leur vie procréative. Elles trouvent cette option intéressante, et c'est quelque chose de nouveau. C'est quelque chose de nouveau pour nous aussi".
L'implant fonctionne en libérant de manière continue de faibles doses d'une hormone synthétique appelée lévonorgestrel, qui empêche de tomber enceinte et empêche l'ovulation.
Si une femme décide qu'elle veut avoir un enfant, elle peut choisir de faire retirer l'implant plus tôt et, très vite, elle retrouve des règles normales, ce qui signifie qu’elle récupère sa capacité à concevoir presqu’instantanément.
Une fois que l’état de santé de la femme a été évalué et qu’aucune pathologie qui contre-indiquerait la pause d’un implant ne lui a été trouvée, deux petites tiges de la taille d'une allumette sont insérées sous la peau de son avant-bras. L’intervention ne nécessite qu'une anesthésie locale et ne prend pas plus de trois minutes.
"Ce qui m’a sauté aux yeux, entre autres, c'est que cette méthode présente moins de contre-indications", explique la Dre Jamila Belgrave, l'une des médecins qui ont aidé à coordonner l’expérimentation à Sangre Grande.
"Du coup, nous avions un petit groupe de patientes qui pouvaient bénéficier de cet implant contraceptif alors qu’elles étaient hypertendues. Cette méthode était accessible à ces patientes alors qu’elles n’avaient auparavant qu’un choix très limité parmi les autres méthodes contraceptives", poursuit-elle.
Selon la Dre Belgrave, la plupart des femmes qui se sont fait poser cet implant avaient déjà eu au moins un enfant et essayaient soit de ne plus tomber enceinte, soit de différer d’éventuelles grossesses futures.
"J'espère que ce programme sera poursuivi car beaucoup de femmes demandent à bénéficier de cet implant", souligne-t-elle.
Une première en Trinité-et-Tobago
Les implants contraceptifs sont sur le marché depuis les années 1990, mais ils n'étaient pas disponibles en Trinité-et-Tobago.
Le FNUAP et la Direction de la santé des femmes du Ministère de la Santé ont travaillé ensemble sur un plan visant à introduire cette méthode contraceptive dans le pays. À cet effet, l'OPS/OMS et le FNUAP ont dispensé des formations à un groupe de médecins et d'infirmières de tout le pays.
Durant la phase expérimentale du projet, qui s'est déroulée entre juillet 2019 et juin 2020 dans des centres de soins de deux autorités sanitaires régionales, les implants ont été proposés aux femmes gratuitement.
Article écrit par Faine Richards, Responsable de la coordination des activités de développement au sein de l’ONU en Trinité-et-Tobago. Basé sur un article publié à l’origine sur le site de l'ONU en Trinité-et-Tobago. Appui éditorial de Carolina Lorenzo et Paul VanDeCarr, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD. Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU en Trinité-et-Tobago, consultez le site Trinidadandtobago.UN.org.
Pour connaître les résultats de nos activités dans ce domaine et dans d'autres, consultez le dernier rapport en date de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le BCAD.