En Ouganda, une jeune fille survit à la double peine d'un viol et d'un mariage d’enfant
ODRAMACAKU, Ouganda - La période de Noël est l'une des plus chargées de l'année pour les salons de beauté de cette petite ville du district d'Arua, dans le nord de l'Ouganda. Pour Irene Asibazuyo, 16 ans, cette hausse de l’activité signifie qu'elle va gagner un peu plus d'argent.
Contrairement aux autres jeunes filles de son âge, Irene est coiffeuse et tresse les cheveux des clientes au lieu d'aller en cours. Avant, elle était inscrite à l'école primaire et aimait étudier les mathématiques, les études sociales et l'anglais. Mais son enfance a pris fin brusquement en 2017, lorsqu'elle a été violée lors d'une visite chez son oncle au Soudan du Sud. L'homme qui l’a violée a ensuite disparu.
"Dans ma culture, lorsqu'un homme viole une fille, il doit la prendre pour épouse", explique Irene. "Sinon, la famille de la fille risque d'être maudite ou frappée par le mauvais sort".
Irene s'est retrouvée face à un dilemme : "Je ne pouvais pas retourner chez moi car je savais que je serais ridiculisée par mes camarades et même par mes propres parents. Alors, je suis allée au domicile de cet homme. J'ai expliqué ce qu’il s’était passé à ses parents, qui m'ont conseillé de rester. Comme il m'avait violée, je savais qu'aucun homme ne me prendrait jamais pour épouse."
Une opération de secours transfrontalière
Irene s'est sentie abandonnée, apeurée, désorientée et maltraitée. Elle est restée au domicile de l'homme qui l’avait violée pendant une semaine, mais il n'est jamais revenu. Cependant, dans sa culture, son mariage était considéré comme ayant déjà commencé.
"Pendant que je vivais dans cette maison, je pensais à mes amis", se souvient-elle. "Je ne faisais que pleurer et je ne pouvais rien manger. J'allais chercher de l'eau, entre autres corvées et j’étais inquiète pour mon avenir."
La situation de la jeune fille n'a commencé à changer que lorsque ses parents, qui vivaient de l'autre côté de la frontière, ont appris l'existence de la campagne "Mettons fin au mariage des enfants" mise en œuvre par l’organisation World Vision avec l’appui du Programme mondial conjoint du FNUAP et de l’UNICEF visant à accélérer la lutte contre le mariage d’enfants.
Cette campagne est destinée à sensibiliser les filles, leurs parents et les autres membres de la communauté aux dangers du mariage d’enfants. Elle les encourage également à identifier et à signaler les cas de violences commises contre des enfants.
Les parents d’Irene ont traversé la frontière qui sépare l’Ouganda du Soudan du Sud avec un travailleur social formé par l'UNICEF pour secourir leur fille, défiant ainsi les tabous culturels pour lui venir en aide.
Cet extrait est une adaptation d'un article publié sur le site du FNUAP. Pour lire la version originale et intégrale de l'article, rendez-vous sur https://www.unfpa.org/fr/news/ouganda-tresse-apr%C3%A8s-tresse-se-remettre-dun-viol-et-du-mariage-denfants.
Extrait traduit de l'anglais au français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).