Réduction des risques de catastrophe naturelle : L’indispensable participation des femmes
Chan Kanha n'oubliera jamais la saison des pluies de l’année 2016.
"Les troupeaux et les rizières des villageois ont été ravagés", se souvient Kanha, "mais la mort par noyade d'une fillette de sept ans m'a brisé le cœur."
La mort de la petite fille a laissé la communauté de Mme Kanha sous le choc.
Lorsqu'une catastrophe frappe, les garçons et les hommes ne sont pas exposés aux mêmes vulnérabilités que les filles et les femmes. Ces différences déterminent la façon dont les uns et les autres vivent la catastrophe et s'en remettent. L'inégalité entre les sexes constitue l'une de ces vulnérabilités.
Les femmes représentent plus de la moitié de la population du Cambodge. Pourtant, dans ce pays comme dans le reste du monde, lorsqu'il faut se préparer à affronter une catastrophe et réagir, les femmes sont sous-représentées dans des proportions considérables.
Lorsqu’une catastrophe survient, les inégalités et les rapports de force entre hommes et femmes sont mis à jour de la manière la plus effrayante qui soit. Dans les pays où l'inégalité entre les sexes est omniprésente, le pourcentage de femmes et de filles qui meurent est beaucoup plus élevé, tout comme les taux de violence de genre, dont les taux de viols, d’actes de traite des êtres humains et de violences domestiques.
"Les femmes sont des actrices du changement et leur participation à la réduction des risques de catastrophe est une question qui relève des droits des femmes, un principe fondamental défendu par le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes", s’est exprimée Khun Sophea, Analyste de programme à ONU Femmes.
Le gouvernement royal du Cambodge est partie au Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes ("CEDAW", en anglais). En tant que membre du Comité, le gouvernement royal s'est engagé à garantir le respect de normes solides en matière d'égalité et de non-discrimination en faveur de toutes les femmes. Le Comité établit également des normes fondamentales qui sont intrinsèquement liées au Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Au Cambodge, les femmes représentent actuellement 51 % de la main-d'œuvre primaire dans le secteur de l'agriculture de subsistance et 57 % de la main-d'œuvre dans le secteur de l'agriculture orientée vers le marché, mais elles ne bénéficient que de 10 % des services de vulgarisation agricole. En d'autres termes, lorsqu'une catastrophe touche le secteur agricole, ce sont surtout les femmes qui ne bénéficient pas des programmes de protection sociale existants.
Il existe pourtant une solution simple. Les femmes doivent être incluses à l’échelle nationale et infranationale dans les processus de préparation aux catastrophes et d’intervention.
Le gouvernement royal du Cambodge a reconnu le rôle des femmes et les fait participer aux processus de préparation aux catastrophes et d’intervention. Chan Kanha, la Gouverneure adjointe du district de Kampot Krong, travaille déjà à faire entendre la voix des femmes dans le débat sur la réduction des risques de catastrophe.
"Il est extrêmement important que les femmes soient représentées dans les discussions sur la réduction des risques de catastrophe", a-t-elle déclaré.
Mme Kanha est convaincue qu'une représentation accrue des femmes permettrait à d'autres femmes de s’exprimer sur les problèmes qu’elles rencontrent, de faire connaître leurs priorités et d'identifier des solutions à partir de leur point de vue et de leur propre expérience. D'après l’expérience de Mme Kanha, plus les femmes pourront participer aux interventions de réduction des risques de catastrophe, plus largement l’information et le savoir seront partagés avec d'autres femmes au sein des communautés.
"Plus les femmes sauront comment se préparer, plus elles seront capables de s'adapter en cas de catastrophe", explique Mme Kanha.
Les femmes comme Mme Kanha peuvent apporter une contribution considérable à la réduction des risques de catastrophe. Elles sont souvent les premières à réagir en cas de catastrophe, à répondre aux besoins de leur famille et de leur communauté et à faire face aux conséquences de l’événement sur leurs moyens de subsistance.
"Si vous regardez comment s’organisent la réduction des risques de catastrophe et les interventions au niveau communautaire, vous constaterez que les hommes sont plus nombreux que les femmes à intervenir. C’est ce que nous essayons de changer", précise Mme Kanha.
"Si les femmes sont exclues des débats sur la réduction des risques de catastrophe, cela nous prive littéralement de 50 % des compétences et des connaissances de la population. Les femmes apportent des manières de voir différentes et précieuses qui peuvent aider à préparer une communauté et, si besoin, à la reconstruire", insiste Mme Sophea.
Il est vrai que ce sont les femmes qui connaissent le mieux les problèmes des femmes. Pour renforcer leur participation dans les comités de gestion des catastrophes au Cambodge, en particulier au niveau infranational, il faut donner des moyens à plus de femmes dirigeantes comme Mme Kanha et les associer aux processus de préparation et de réponse aux catastrophes.
"Sans les femmes, les problèmes que rencontrent les femmes ne sont pas identifiés. Sans leur participation, leurs priorités avant, pendant et après une catastrophe ne seront pas prises en compte", a prévenu Mme Kanha.
À propos du projet
Le projet EmPower (en français : "Autonomiser") d'ONU-Femmes et d'ONU Environnement créé en partenariat avec le gouvernement royal du Cambodge vise à permettre aux organisations féminines de la société civile de comprendre, d'influencer et de participer aux processus de prise de décision dans les domaines du changement climatique et de la réduction des risques de catastrophe. ONU-Femmes œuvre à promouvoir l’accession des femmes à des postes de direction au sein du gouvernement et des organisations de la société civile en vue d’agir pour le climat et la réduction des risques de catastrophe.
Article publié à l'origine en anglais sur le site web de l’ONU au Cambodge. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).