Une chose à la fois : L'agence des Nations Unies pour la santé des femmes aide à transformer les normes sociales néfastes
Selon l'agence des Nations Unies pour la santé des femmes (le Fonds des Nations Unies pour la population, ou FNUAP), l'une des plus grandes chefferies de la province orientale de la Zambie remet en question les normes sociales néfastes, notamment le mariage des enfants, les rites initiatiques dangereux et l'impunité accordée aux auteurs de violences sexuelles.
"En tant que cheffe traditionnelle, je veux être un modèle pour les membres de ma chefferie. Je veux faire en sorte que nous luttions collectivement contre les normes et pratiques sociales et traditionnelles qui ont un effet néfaste sur nos femmes et nos filles". Kawaza, Cheffe du peuple Chewa.
Kawaza est à la tête de plus de 650 villages comptant en tout quelque 100.000 habitants. Elle fait partie des nombreux chefs traditionnels communautaires de la province orientale du pays qui contestent ces pratiques dangereuses.
"Beaucoup de filles sont obligées d'abandonner l'école pour se soumettre à des rites initiatiques", lesquels reposent souvent sur des informations erronées concernant la santé sexuelle et procréative, a fait remarquer la cheftaine.
Dans certains cas, les jeunes sont encouragés à "avoir" une activité sexuelle qui peut les amener à contracter des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH, ou conduire à des grossesses non désirées.
"[J'ai] demandé aux conseillers traditionnels qui pratiquent les rites initiatiques de réviser leur programme de sorte qu’il ne porte plus que sur des concepts progressistes et des pratiques culturelles qui favorisent le respect des droits de l'homme", a expliqué la Cheftaine Kawaza.
"J'ai également émis une directive pour que toutes les cérémonies traditionnelles n'aient lieu que pendant les vacances scolaires", a-t-elle ajouté.
Changer les mentalités
La Cheftaine a commencé à constater un changement de perception autour de ces pratiques, et pas seulement en Zambie. Une publication récente montre en effet que partout dans le monde, les communautés se mobilisent pour changer les croyances et les pratiques.
Intitulée De la nécessité de transformer les normes sociales pour parvenir à l’égalité entre les sexes, cette publication du FNUAP montre comment cette approche a contribué avec succès à mettre fin à des coutumes néfastes dans différentes régions du monde.
Elle met également en avant un certain nombre de mesures qui peuvent être appliquées partout pour modifier toutes sortes de normes discriminatoires afin de parvenir à l'égalité entre les sexes.
La recette du changement
La clé, selon les experts, est de donner aux membres de la communauté les moyens de délibérer sur la manière dont leurs pratiques sont liées aux valeurs auxquelles ils croient profondément. C’est cela, selon eux, qui permet d’obtenir des changements.
Ce processus comprend plusieurs étapes distinctes : identification d'une norme néfaste, travail de sensibilisation par des membres influents de la communauté, échange d’expériences et de points de vue au sein de la communauté et, enfin, appels au changement. Ces diverses étapes peuvent survenir de manière organique ou être appliquées délibérément, peut-on lire dans cette nouvelle publication.
Mettre fin aux mutilations génitales féminines
Cette approche a permis de mener avec succès, dans le monde entier, des actions collectives qui ont touché des millions de personnes.
"L'un des succès notables auxquels nous avons contribué a été la déclaration publique de l'abandon des mutilations génitales féminines", s’est réjouie Lacina Zerbo, qui travaille pour le FNUAP au Burkina Faso. "Plus de quatre millions de personnes ont publiquement déclaré abandonner la pratique des mutilations génitales féminines".
Soutenues par le Programme conjoint FNUAP-UNICEF sur les mutilations génitales féminines, des actions de ce type ont été menées dans 16 pays, touchant plus de 34 millions de personnes et conduisant à l’adoption d’une série de nouvelles lois et politiques.
Le succès du processus, a précisé M. Zerbo, dépend de la capacité à "créer un climat de confiance entre les membres de la communauté et les personnes influentes ou les décideurs".
Le rôle clé des membres influents de la communauté
"Les personnes influentes sont la clé de la transformation des normes sociales", a souligné Nafissatou Diop, Cheffe de la section "Genre et droits de l'homme" du FNUAP - qui a élaboré ce nouveau rapport - précisant qu'il pouvait s’agir de chefs traditionnels, religieux ou politiques, suivant le contexte.
Discuter
Les membres de la communauté doivent être encouragés à s’écouter les uns les autres et à réfléchir à de nouvelles idées.
"Le deuxième élément important est la discussion, la réflexion sur les valeurs et l'éducation. Ce débat peut avoir lieu dans les écoles de filles, au sein des associations de parents, à la télévision, à la radio, ou dans des espaces publics", a expliqué Mme Diop. "Il faut que les différentes forces, idées et positions se confrontent les unes aux autres dans le cadre d‘un débat".
Un marché des idées
L'abandon des normes préjudiciables fait partie intégrante du progrès.
Mme Diop a fait remarquer qu’au cours des derniers siècles, "du bandage des pieds aux différents types de violence de genre", les communautés ont progressivement mis fin collectivement à des normes sociales discriminatoires.
Le rôle du monde virtuel
Aujourd’hui, avec les plateformes numériques et les réseaux sociaux, les nouvelles idées sont à portée de clic et les voix marginalisées, où qu’elles soient dans le monde, sont amplifiées.
"Avec les réseaux sociaux, les gens, en particulier ceux qui luttent contre les normes discriminatoires, sont capables de catalyser et d'activer le changement dans n'importe quelle partie du monde", a déclaré Mme Diop, soulignant par ailleurs la nécessité de donner du pouvoir aux groupes de population marginalisés afin qu'ils fassent entendre leur voix.
"Les réseaux sociaux ont donné aux communautés et aux jeunes en particulier les moyens de s’unir pour créer le changement collectivement. Et c'est ce dont nous avons besoin : des actions collectives pour introduire des changements qui favorisent l’égalité entre les personnes ", a-t-elle conclu.
Article publié à l’origine en anglais sur ONU info. Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU dans le, consultez https://zambia.un.org/.