"L’aventure ne fait que commencer - Rendez-vous à l’ONU100 !": Témoignages recueillis en Ouzbékistan à l’occasion de la campagne ONU75
Il reste dix ans au monde pour atteindre les objectifs de développement durable, ou ODD. Dix ans pour atteindre l’ambitieuse série d’objectifs pour la prospérité et la paix dont les pays du monde ont convenu à l’ONU en 2015.
En Ouzbékistan, l’ONU et le gouvernement ont décidé de prendre le pouls du pays et de ses priorités. Des milliers de personnes ont été mobilisées à travers tout le pays pour cet exercice. Elles ont raconté leurs histoires et fait part de leurs points de vue sur ce que devrait être la mission de l’ONU pour leur pays dans cette nouvelle étape.
L’ONU en Ouzbékistan a organisé 49 dialogues avec la population à travers tout le pays, rassemblant plus de 5.500 personnes, notamment des personnes parmi les plus vulnérables face à la pauvreté, aux problèmes de santé et à d'autres réalités révoltantes. 35 000 autres personnes ont participé à l'enquête lancée dans le cadre de la campagne #UN75 (ONU75).
Plusieurs d'entre elles ont évoqué la COVID-19 et souligné la nécessité de soulager la population des effets de cette pandémie qui dure au moins depuis le 15 mars, date à laquelle les premiers cas ont été enregistrés.
Nilufar : "Penser à construire l'avenir"
Nilufar est une mère célibataire, étudiante à l’université et employée au ministère régional de la santé. Elle fait également du bénévolat en collectant et en distribuant de la nourriture aux membres de sa communauté.
"Je me demandais parfois pourquoi je faisais ça, pourquoi je mettais ainsi ma vie et ma santé en danger, mais à chaque fois que j'apportais de l'aide à des personnes âgées, à des personnes handicapées ou à des personnes dans le besoin, j’avais ma réponse. Je suis instruite, je parle plusieurs langues. Alors, quand des amis à moi m'ont dit : "Pourquoi ne pars-tu pas pour ta propre sécurité ?", j'ai répondu : "Si les gens comme moi partent, qui va s'occuper de construire l'avenir ?" L'idée de ne laisser personne pour compte correspond parfaitement à ma foi en un avenir meilleur. Nous devons être plus solidaires, plus passionnés et nous aider davantage les uns les autres".
Rajab : "La route va être longue"
Rajab est un étudiant de 19 ans qui vit dans l'ouest de l'Ouzbékistan. À 13 ans, il a perdu sa jambe dans un accident de voiture.
"Après mon accident de voiture, j'ai traversé une période de profonde dépression, mais avec le soutien de ma famille et de mes proches, j'ai décidé de ne pas abandonner mes rêves et j'ai étudié dur pour entrer à l'université. Avant la COVID-19, j’allais retrouver mes amis tous les jours. Nous parlions pendant des heures. La vie était différente. Maintenant, pendant le confinement, c'est dur d'être isolé, de ne pas voir ses amis, de ne pas pouvoir leur parler de visu. En plus de cela, pendant le confinement, mes deux parents ont perdu leur emploi, ce qui a fait que ma famille a commencé à avoir beaucoup de mal à payer les factures. L'avenir promettait pourtant au pays des perspectives réjouissantes : des soins de santé accessibles et abordables, un accès abordable aux technologies numériques, le respect des droits de l'homme et un emploi décent pour les jeunes. La route va être longue, mais il faut continuer à avancer. Rendez-vous à l’ONU100 ! C'est difficile à imaginer, mais en 2045, j'aurai 44 ans. Croisons les doigts pour que d’ici là nous soyons en meilleure posture".
Muborak : "Quel va être leur avenir ?"
La COVID-19 a pris beaucoup de gens par surprise, y compris Moubarak, 48 ans, banquière à Tachkent.
"Au début du mois de juillet, j'ai contracté le coronavirus et j'ai été hospitalisée. Je partageais ma chambre d’hôpital avec deux femmes âgées. Malgré mon anxiété, mon incertitude et mon état de déprime, je m’accrochais à l'espoir : c’était le seul moyen de rester positive. Nous avons essayé à chaque occasion de nous entraider, en partageant des souvenirs heureux et des projets d'avenir. Je suis sûre que c'est la gentillesse dont nous avons fait preuve les unes envers les autres qui nous a aidées à nous en sortir ; la gentillesse nous a guéries et nous a apporté une lueur d'espoir. En voyant mes enfants aujourd’hui, je me surprends souvent à m’interroger : Quel va être leur avenir ? Pourront-ils trouver un emploi décent ? L'État de droit sera-t-il respecté ? Quelle sera l’état de l’environnement en Ouzbékistan" ?
Rouslan : "La relance va prendre un certain temps"
Rouslan est un homme d'affaires de 43 ans qui vit à Tachkent. En 2020, sa vie a été marquée par la naissance de son deuxième fils et par l’abandon de tous ses projets pour cette année-là, dont l'ouverture d'un nouveau magasin de pièces automobiles. Ruslan est membre actif d’une communauté virtuelle d'hommes d'affaires qui aident à l’achat de nourriture et de médicaments pour les personnes âgées en Ouzbékistan.
"Mon entreprise était au bord de l'effondrement et il m’a été psychologiquement difficile de rester à la maison, de ne pas pouvoir communiquer avec les gens de visu et surtout de ne pas pouvoir voir mes parents. Nous allons vaincre cet ennemi invisible [le coronavirus]. Nous devons faire preuve de bienveillance et nous aider mutuellement et en particulier aider les personnes âgées. Ma dernière photo avec mes parents date de 2011 et je me reproche de ne pas avoir passé beaucoup de temps avec eux. La pandémie m'a rapproché de mes parents, elle nous a tous rendus plus forts. Mais il est trop tôt pour baisser la garde. La relance va prendre un certain temps. La communauté internationale doit renforcer la solidarité entre les nations et les peuples et faire de l'accès universel aux soins de santé une priorité".
Histoire produite par l'ONU en Ouzbékistan. Écrite par Anvar Meliboev, Spécialiste national de l'information publique, de l’ONU en Ouzbékistan, avec l’appui éditorial de Paul VanDeCarr, du Bureau de la coordination des activités de développement. Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU dans le pays, consultez le site https://uzbekistan.un.org/.