Au Yémen, en partenariat avec le FNUAP, l'OMS assure la disponibilité et l'accès à des services de santé procréative vitaux
27 avril 2020 - Au Yémen, le système de soins de santé reproductive était déjà très insuffisant avant que la situation ne soit aggravée par la guerre, laquelle a rendu des millions de personnes encore plus vulnérables et a fait quasiment s’effondrer le système de santé. En 2020, 3,75 millions de femmes et de jeunes filles en âge de procréer et 600.000 femmes enceintes ou sur le point d’accoucher sont exposées à un risque de mortalité et de morbidité. Le système de santé ne fonctionne qu'à moitié, un tiers seulement des établissements de santé en activité étant en capacité de dispenser des soins de santé procréative en raison du manque de personnel et de matériel et de l'incapacité à faire face aux coûts opérationnels ou aux dommages causés par le conflit. Il est capital de continuer à soutenir les établissements de santé dans tout le pays pour les aider à dispenser des soins essentiels de santé procréative, maternelle et néonatale.
L'OMS et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) travaillent en partenariat, avec l’appui des Émirats arabes unis, pour renforcer les capacités du système de santé et des services communautaires afin d’accroître la disponibilité des services de santé procréative d'urgence et de permettre aux femmes, en particulier aux femmes enceintes, ainsi qu’aux communautés vulnérables impactées par le conflit en cours d’y accéder.
Après 16 ans de tentatives infructueuses pour devenir mère, (F.M.S) est tombée enceinte dans un village isolé situé sur une montagne rocheuse du Gouvernorat de Hajjah, où les services de base comme la santé, l'eau et les transports sont inexistants. Le centre de santé le plus proche de son village (celui d'Azan) se trouve à près d'une heure et demie de route et le chemin qui y conduit est très accidenté. Ces difficultés n’ont pas empêché F.M.S de se rendre régulièrement au centre pour des examens de contrôle, au cours desquels elle a découvert qu'elle portait des jumeaux. (F.M.S) a finalement accouché de ses jumeaux, Iyad et Muayyad, en toute sécurité. Son mari et elles sont heureux de voir que leurs jumeaux sont en bonne santé.
Le centre de santé d'Azan est soutenu par l'OMS et le FNUAP. Il permet de dispenser des soins à environ 730.500 personnes, dont 36.500 hommes, 37.000 femmes et environ 16.000 femmes en âge de procréer.
Des millions de femmes et de filles ont besoin de recevoir des soins
Le FNUAP estime que 6 millions de femmes et de filles en âge de procréer (15 à 49 ans) ont besoin de recevoir des soins. En raison des pénuries alimentaires croissantes, plus d'un million de femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition et risquent de donner naissance à des nouveau-nés présentant de graves retards de croissance. En outre, on estime que 144.000 femmes risquent de développer des complications lors de l'accouchement.
Khayal est âgée de 21 ans. Enceinte de neuf mois, elle était prête à accoucher chez elle avec l'aide d'une sage-femme. Mais des complications lui ont causé une grave hémorragie et elle a dû être transportée d'urgence à l'hôpital de santé maternelle et infantile de Mokha, où elle a reçu des soins médicaux. "Après que le médecin m'a examinée, j'ai été informée que mon bébé était mort en raison de l'importance de l'hémorragie. Si je n'étais pas venue au centre, je serais morte aussi", raconte Khayal. La perte de son bébé a été une expérience douloureuse pour Khayal, mais sa famille est reconnaissante qu’on lui ait donné la chance de vivre.
Grâce au soutien fourni par les Émirats arabes unis, le partenariat entre l'OMS et le FNUAP a permis de venir en renfort de 103 établissements de santé dans 17 gouvernorats du Yémen. Pour la seule période comprise entre octobre 2019 et février 2020, près de 200.000 femmes et filles ont été protégées grâce à des soins de santé procréative vitaux, plus de 60.000 personnes ont bénéficié de services de planification familiale, quelque 74.000 femmes ont pu accoucher sans risque et plus de 4000 césariennes ont pu être réalisées avec succès.
Un financement accru et régulier est nécessaire pour continuer à dispenser des soins de santé procréative d'urgence aux femmes et aux filles. Si aucun financement supplémentaire n'est reçu d'ici au moins d’avril 2020, les soins de santé procréative dispensés par 103 établissements de santé bénéficiant actuellement du soutien de l’ONU devront être interrompus.
Article produit par l'OMS. Publié à l'origine le 27 avril 2020 sur la page web du Bureau de la Région de la Méditerranée orientale consacrée au Yémen. Traduit de l'anglais au français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour lire la version originale de l’article et en savoir plus, cliquez ici.