"Les grandes victoires commencent par des petits pas" : En Ouzbékistan, on encourage les filles à embrasser des carrières scientifiques et technologiques
Aujourd'hui, 11 février, nous célébrons la Journée internationale des femmes et des filles de science pour réaffirmer à quel point il est important que les femmes et les filles puissent accéder à des carrières scientifiques et y être représentées dans les mêmes proportions que les hommes et les garçons. Nous vous racontons à cette occasion l’histoire de trois jeunes filles originaires d’Ouzbékistan prénommées Malika, Madina et Sarvinoz.
Ces trois jeunes filles ont participé récemment à Technovation Girls Uzbekistan, le plus grand programme d’innovation technologique destiné aux filles et aux jeunes femmes du pays. Lors de cet événement, les participantes mettent en pratique leurs connaissances pour développer des solutions qui permettent de résoudre, grâce à des outils technologiques, les problèmes divers de la vie quotidienne de leurs communautés.
Cet événement s’adresse aux jeunes femmes et aux filles d’Ouzbékistan depuis 2018. Il est organisé par Technovation Girls, une organisation internationale à but non lucratif qui poursuit des missions d'éducation et d’éveil technologique et qui donne aux jeunes femmes et aux filles les moyens de devenir des entrepreneures et des leaders dans le secteur de la technologie. Le programme est soutenu par des entités de l'ONU, dont l'OIM, l’UNFPA, l'UNICEF, le PNUD et l'ONUSIDA, ainsi que par d’autres organisations partenaires en Ouzbékistan.
Malika, Madina et Sarvinoz sont revenues sur cet événement auquel elles ont participé. Elles ont évoqué la question de la présence des filles dans le secteur des technologies, l'importance qu’ont eue pour elles les encouragements de leurs proches (de leurs parents notamment) et les projets qu’elles envisagent pour leur avenir.
Malika, 17 ans
Bonjour, je m'appelle Malika ! Je viens d'Uchkuduk, une petite ville de la région de Navoiy, dans le centre de l'Ouzbékistan. Je suis élève dans un lycée, à Tachkent, et je prépare mes examens d'entrée dans une université technologique.
J'aime beaucoup les mathématiques, la physique, la chimie, la biologie et l'anglais. Avant, je pensais que je consacrerais ma vie à la médecine et que je deviendrais médecin. Mais après avoir suivi le programme Technovation Girls, j'ai compris que mon avenir était dans le secteur de la technologie et de l'ingénierie. Et c'est ça qui me motive depuis trois ans.
Ma mère et mon père m’encouragent beaucoup. C’est important pour eux que leurs enfants trouvent leur véritable vocation. Je leur suis incroyablement reconnaissante de me payer les frais de scolarité pour mes cours d'anglais et de veiller à ce que j'aie le matériel dont j'ai besoin - notamment un ordinateur portable et un téléphone mobile - pour mener à bien mes projets technologiques.
À l’occasion du programme Technovation, j'ai appris comment créer une startup, comme coder et, surtout, comment travailler en équipe et se fixer des objectifs de travail. Mon équipe et moi avons créé iMigrant, une application mobile qui aide les migrants à trouver les informations juridiques et les conseils dont ils ont besoin et à accéder à d’autres services utiles au niveau de la commune où ils se trouvent.
Bien que la filière des STIM soit très convoitée, les femmes et les filles ne sont toujours pas représentées dans ce secteur.
Pour l'avenir, j'aimerais ouvrir mon propre centre de STIM pour les filles en Ouzbékistan afin de les encourager à se lancer dans des métiers scientifiques et technologiques et lutter contre les stéréotypes qui véhiculent l’idée selon laquelle les filles ne seraient pas capables de réussir dans le secteur de l'ingénierie et de l'informatique.
Madina, 19 ans
Bonjour à tous. Je m'appelle Madina et je viens de Namangan, une ville située dans la magnifique vallée de Fergana, dans l'est de l'Ouzbékistan. Actuellement, j'étudie l'informatique et l'économie à l'Université de Brandeis, aux États-Unis.
Les grandes victoires commencent par des petits pas. Autour de moi, les membres de ma famille étaient les seuls à approuver et à comprendre ma passion pour l'informatique. Donc, tout naturellement, je savais que je ne correspondrais pas aux idées reçues véhiculées par la société à propos des femmes et de la technologie. Mais je constate aujourd'hui que l'attitude des gens à l'égard des femmes actives dans ce secteur est en train de changer.
Dans le cadre du programme Technovation, d'autres filles et moi avons développé une application qui aide à mettre en relation des organismes à but non lucratif et des bénévoles désireux d’aider à résoudre les problèmes que rencontrent leurs communautés en matière de développement.
Le fait de participer à des programmes technologiques m'a appris à être plus concentrée et plus assidue. J'ai également appris à créer une application mobile à partir de rien et à élaborer un plan d'affaires simplifiée. Plus important encore, ma plongée dans le monde de la technologie a considérablement changé ma manière de voir l'innovation technologique.
Avec le temps, je me suis rendu compte qu'il y a beaucoup de gens qui sont prêts à vous soutenir et qu’il suffit en fait de les trouver. Et maintenant que de plus en plus de filles intègrent des formations dans le domaine de l'informatique et des STIM, il est important qu'elles se sentent inspirées et responsabilisées. Personnellement, je pense que l'Ouzbékistan est un pays qui est prêt à soutenir les jeunes filles qui aspirent à embrasser des carrières dans le domaine des STIM, en particulier dans celui des technologies de l'information.
Sarvinoz, 18 ans
Bonjour, je m'appelle Sarvinoz. Je suis née dans une famille ordinaire de Tachkent. Aujourd'hui, je suis étudiante en première année d'informatique à l'école de commerce de Riga, en Lettonie.
Je suis très reconnaissante envers mes parents. Quand ils ont vu que mes yeux brillaient [en parlant d’informatique], ils ont soutenu mon choix. Ils n'ont jamais douté du fait que je réussirais.
À l’école, j'aimais toutes les matières, mais j'appréciais plus particulièrement la géographie, les mathématiques et la littérature. J'aime autant les auteurs classiques russes que les auteurs occidentaux modernes. En ce moment, je lis le livre de Stephen Covey intitulé "La vitesse de la confiance".
En 2020, j'ai participé au programme Technovation Girls Uzbekistan pour la première fois. Mon équipe et moi avons travaillé sur un projet écologique et développé une application de type jeu qui permet d’apprendre aux utilisateurs comment préserver l'environnement et de les sensibiliser à la notion de durabilité.
Parmi les compétences que j'ai acquises en participant à ce programme, il y a les bases de la programmation et la création d’entreprise, qui me sont aujourd’hui très utiles pour mes cours à l'université. Mais ce que j’ai aimé le plus à Technovation, c’est d’avoir créé un réseau précieux et utile. En 2021, j'y ai à nouveau participé, mais cette fois en tant qu’ambassadrice des étudiantes.
Je ne rêve pas : je me fixe des objectifs. Et l'un de mes objectifs est de retourner dans mon pays natal en tant que professionnelle expérimentée et de contribuer au développement de la société ouzbèke pour aider l'Ouzbékistan à franchir un nouveau cap.
Article écrit par Anvar Meliboev, Spécialiste de l'information au sein de l’ONU à Tachkent, avec l’appui éditorial de Maria Podkopaeva et de Michal Shmulovich, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD.
Pour en savoir plus sur l’action menée par l’équipe de pays de l’ONU en Ouzbékistan, consultez le site Uzbekistan.UN.org.