Crise en Ukraine : Des familles terrifiées s'abritent dans les sous-sols de la capitale
Alors que l’on signale des tirs de missiles meurtriers lancés par la soi-disant "opération militaire spéciale" de la Russie en Ukraine, notamment dans la capitale Kiev et dans d'autres villes, des familles terrifiées ont été contraintes de s'abriter dans les sous-sols, a déclaré l'ONU ce vendredi, qui a également indiqué qu'au moins 100.000 personnes ont probablement été déplacées du fait des violences en cours.
"Il y a eu des attaques majeures à Kiev qui ont accru le niveau de peur et de panique au sein de la population, avec des familles réellement effrayées qui se réfugient avec leurs enfants dans les métros et les abris, et c'est clairement un moment terrifiant pour les enfants partout dans le pays", a déclaré Afshan Khan, la Directrice régionale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en Europe et en Asie centrale, qui s'exprimait depuis Genève.
Une offensive "inacceptable" mais "pas irréversible"
Ces derniers développements interviennent au lendemain d’une nouvelle condamnation de la décision russe par le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, qui a lancé jeudi un appel à la paix et alloué 20 millions de dollars du Fonds central pour les interventions d'urgence (CERF) à des interventions destinées à répondre aux besoins urgents.
Le recours à la force par un pays contre un autre constitue "une répudiation des principes que chaque pays s'est engagé à respecter", et cela s'applique à l'offensive militaire en cours en Ukraine, a insisté M. Guterres.
En parlant de l’offensive russe en cours, M. Guterres a déclaré : "Elle est inadmissible. Elle est contraire à la Charte. Elle est inacceptable. Mais elle n'est pas irréversible".
Des morts de civils confirmées
Deux jours après que la Russie a lancé des opérations militaires à l'intérieur de l'Ukraine, le HCDH - le Bureau des Nations Unies pour les droits de l’homme - a confirmé que de nombreux civils ont déjà été tués ou blessés.
"Nous avons reçu des informations faisant état d'au moins 127 victimes civiles, dont 25 personnes tuées et 102 autres blessées en Ukraine en raison des bombardements et des frappes aériennes... Ces chiffres sont très probablement en deçà de la réalité ", a déclaré Ravina Shamdasani, Porte-parole du HCDH.
Les humanitaires de l'ONU ont également déjà fait savoir que les communautés sur place avaient, déjà à ce stade, besoin qu’on leur envoie de l'aide
Pénuries de carburant, d'argent et de fournitures médicales
"S’agissant des pénuries, il est question de pénuries de carburant, dont les médias ont beaucoup parlé, de pénuries d'argent liquide, parce que dans les situations de crise humanitaire, l'aide financière en espèces est souvent le premier type de soutien que nous apportons aux familles, alors évidemment, les gens ont effectué des retraits bancaires", a déclaré Mme Khan, de l'UNICEF.
Faisant écho à ce message et appelant à garantir l'accès à l’aide humanitaire pour les personnes les plus vulnérables, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu que les équipes médicales risquaient d'être débordées.
"Les informations relatives aux blessures subies par les patients et les détails d’ordre médical ne nous sont pas encore remontés des hôpitaux", a indiqué Jarno Habicht, le Représentant de l'OMS en Ukraine.
"À ce stade, nous mettons l’accent sur le pré-positionnement de kits médicaux. Nous allons bientôt en manquer, donc ce qui est important à l’heure actuelle … c'est de faire en sorte que de nouvelles fournitures arrivent et... [d’] avoir accès à des couloirs humanitaires depuis les pays voisins."
Des besoins prioritaires
Les organismes de l'ONU sont actifs en Ukraine depuis de nombreuses années, en particulier depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 - une annexion qui a été largement désapprouvée par la communauté internationale.
Parmi les actions prioritaires qu’il faut entreprendre, il y a l’évaluation des besoins des communautés déjà vulnérables des régions orientales de Donetsk, de Luhansk et d'autres oblasts.
"Nous essayons toujours à ce stade de suivre l’évolution de l’état des infrastructures civiles", a déclaré Mme Khan, de l'UNICEF.
"Comme vous le savez, des infrastructures clés ont été touchées à l'est, en particulier dans le Donbass, pendant plusieurs années, et elles ont été mises hors service, d'où les [opérations] de transport d'eau mises en place par l'UNICEF. Dans le scénario actuel, nous essayons toujours de savoir quelles infrastructures civiles ont été touchées [et] où."
À l’occasion de l’annonce de l'allocation d'un financement d'urgence de 20 millions de dollars pour répondre à la crise ukrainienne, M. Guterres a fait savoir que l'ONU et ses partenaires humanitaires étaient "déterminés à rester sur place et à tenir leurs promesses afin de soutenir la population ukrainienne en ces temps difficiles."
Des vies brisées
Des déplacements de masse forcés ont par ailleurs déjà commencé, comme l’a confirmé l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
"Nous estimons à plus de 100.000 le nombre de personnes qui ont perdu leur foyer et qui se sont déplacées à l'intérieur [du] pays ; et nous savons également que plusieurs milliers d'entre elles ont traversé les frontières pour se rendre dans d’autres pays de la région ; et nous voyons que cela est réellement en train de se produire depuis le début de l’offensive", a déclaré Shabia Mantoo, Porte-parole du HCR.
"Nous avons eu connaissance de ces informations et nous avons vu par exemple hier qu'il y avait déjà environ 5.000 arrivées de réfugiés en Moldavie, mais d’autres mouvements de population nous sont signalés en Pologne, en Roumanie, en Slovaquie et dans la Fédération de Russie."
Mise en garde des manifestant(e)s russes
Le Bureau des Nations Unies pour les droits de l'homme (HCDH) a fait savoir que la population ukrainienne était "terrifiée par la perspective d’une nouvelle escalade" et la Porte-parole de l'agence, Ravina Shamdasani, a relayé les inquiétudes de la population russe.
"Plus de 1.800 personnes auraient été arrêtées... il est impossible à ce stade de savoir combien de personnes exactement il y avait", a indiqué Mme Shamdasani à propos des manifestant(e)s opposé(e)s à la guerre.
"On ne sait pas si certaines de ces personnes ont été libérées depuis. Ce que nous comprenons, c'est que parmi celles qui ont été arrêtées, il y avait des journalistes, et que ces journalistes ont été arrêtés dans plus de 50 villes de Russie."
Article publié à l’origine en anglais sur le site d’ONU Info. Traduction française réalisée par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU en Ukraine, consultez le site Ukraine.un.org.