En conjuguant nos efforts, nous contribuerons à réduire les risques de catastrophe au Ghana
Il ne fait pas de doute que les organismes de l’ONU présents au Ghana ne sont pas toujours informés des chevauchements qu’il peut exister entre l’action qu’ils mènent et le travail de leurs différents partenaires gouvernementaux. Si nous entendons mettre en œuvre le Programme 2030, nous devons fournir au pays un soutien intégré en matière d’orientations stratégiques. C'est exactement ce que nous nous sommes employés à faire, au sein du Groupe sur les données de l’ONU au Ghana, lorsque nous avons découvert que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme alimentaire mondial (PAM) offraient au gouvernement des services d’appui potentiellement complémentaires aux nôtres.
Dans le cas du PNUD, l'équipe apporte un appui à l'Organisation nationale de gestion des catastrophes pour l’aider à mettre en place un système d'alerte précoce pour la détection des risques de catastrophe. Ce système est basé sur des données scientifiques et axé sur l’intérêt des populations. Il génère des flux de données et d'informations d’une importance capitale pour le projet CREW ("Community Resilience through Early Warning", qui signifie "Renforcement de la résilience des collectivités au moyen de systèmes d'alerte précoce"). Le PAM teste quant à lui un système de collecte hebdomadaire de données sur les prix du marché par le biais d’agents recenseurs. Il s’appuie pour cela sur des innovations technologiques mobiles et collabore avec le Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture. Ce projet permet à la fois de réduire les délais de recueil des données et de fournir des informations en temps réel. Enfin, avec le soutien de la FAO, le Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture a lancé un programme de cyberagriculture qui permet de fournir des services agricoles abordables et efficaces par le biais d'Internet.
Bien que ces interventions aient eu pour but de permettre aux agriculteurs et au gouvernement d'accéder à des informations dans des délais plus courts, elles n'avaient été testées auprès des collectivités locales. Or, cous savions qu’il était plus efficace d’être deux (dans ce cas, trois) plutôt qu’un pour réfléchir. Alors, nous avons rejoint cette initiative pour contribuer à la fourniture de données sur les catastrophes agricoles, en travaillant par exemple sur le problème de la lutte contre la chenille légionnaire d'automne, qui infestait les exploitations agricoles dans différentes régions - coûtant de ce fait très cher au Ghana - et pour laquelle il est indispensable pour le pays de disposer d'un système permettant de réaliser rapidement les opérations de signalement, d’établir des diagnostics et de lutter contre les infestations.
Commencer en visant des objectifs réalistes, tester des solutions et tirer des enseignements
Les équipes de l'ONU et celles du gouvernement se sont réunies pour réfléchir à l'approche la plus réaliste pour amener les agents de vulgarisation agricole du Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture et les Groupes de volontaires chargés de la gestion des catastrophes servant l'Organisation nationale de gestion des catastrophes à travailler avec les collectivités agricoles locales.
Plutôt que d'inventer encore une nouvelle application ou une nouvelle solution, nous avons opté pour la solution la plus pragmatique : voir s'il était possible d'intégrer des éléments pertinents du programme de cyberagriculture du Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture avec les dispositifs du Centre des opérations d'urgence/Projet CREW de l'Organisation nationale de gestion des catastrophes. Plus précisément, il s'agissait pour nous de tester l'introduction de quelques nouvelles variables dans une application déjà en place du Ministère des Finances qu’était la Base de données nationale des agriculteurs. Cette application est utilisée par les agents de vulgarisation agricole. Notre objectif a donc été d'unir les efforts déployés sur le terrain en permettant aux Groupes de volontaires chargés de la gestion des catastrophes d'utiliser cette application et de signaler les catastrophes agricoles.
En travaillant les unes avec les autres et en partageant leurs données, en particulier au niveau local, les collectivités agricoles pourraient bénéficier des avantages d’une réponse commune.
Il est primordial d'adapter l'application aux réalités du terrain
Pendant que les développeurs s’employaient à intégrer les nouvelles variables à l'application et à y donner accès aux Groupes de volontaires chargés de la gestion des catastrophes, nous nous sommes rendu(e)s avec des représentant(e)s du gouvernement dans les deux districts qui avaient été proposés pour la réalisation de l’expérimentation (Akatsi et Techiman, deux districts où les entités de l’ONU fournissaient déjà un soutien) en vue d’évaluer les points forts et les point faibles des flux d'informations existants. Une fois l'application prête à être utilisée, l'équipe conjointe est retournée sur le terrain, cette fois pour la tester. Nous avons mobilisé pour cela les responsables régionaux des systèmes informatiques et du Centre des opérations d’urgence. Avec l'équipe conjointe composée des représentant(e)s de l'Organisation nationale de gestion des catastrophes et des représentant(e)s du Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture, nous avons également rencontré les personnels techniques au niveau des districts pour leur présenter l'application telle que nous l’avions repensée.
Les volontaires chargés de la gestion des catastrophes et les agents de vulgarisation ont été formés à l'utilisation de l'application. Ils ont en outre appris à installer des pièges à phéromones et à lire le nombre de chenilles légionnaires d'automne capturées dans ces pièges afin de pouvoir envoyer ces informations via l'application, la géolocalisation des fermes concernées ayant été préalablement enregistrée dans le système. Nous nous sommes également tous rendus sur les marchés pour obtenir des informations sur les prix des denrées alimentaires et les comparer aux prix indiqués sur le portail créé avec l’appui du PAM.
On peut puiser l'inspiration partout (et notamment sur "Silo Fighters")
La pièce du puzzle la plus difficile pour nous a été de savoir si ce modèle économique/de prestation de services durerait dans le temps et d'étudier les moyens qui permettraient de faire en sorte que ces services soient rendus de manière plus durable, notamment par le biais de plateformes électroniques. Dans un premier temps, pour des raisons d’équité, les données fournies par le biais de l’application intégrée le seront gratuitement. La connexion à Internet est généralement payée par le projet concerné, car beaucoup d’entités gouvernementales ont du mal à assumer les frais liés à l'informatique et à la connexion à Internet sur le terrain, mais cela n'est pas viable à long terme. Par comparaison, il existe une application relativement similaire dans le secteur privé (celle de ESOKO, issue d’une collaboration avec Vodafone), qui fait payer le service (au prix nominal de 2 GHC/mois) aux fins de compenser les coûts. Ce service est même gratuit dans certains pays, où le fournisseur d’accès répartit les coûts sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Dans un second temps, les organismes gouvernementaux participant à cette initiative continueront à tester l'application à l’issue de la phase d’expérimentation et étudieront les moyens disponibles pour pérenniser le service. Mais nous avions une deuxième préoccupation : trouver le moyen de faire en sorte que les efforts conjoints et l'interopérabilité des systèmes deviennent la norme. Bien que le Ghana ait mis en place un Cadre gouvernemental d'interopérabilité, celui-ci n'était ni largement connu ni suffisamment mis en œuvre.
Nous tenons à remercier nos collègues basés au Guatemala pour nous avoir fait connaître leurs initiatives en matière de données sur "Silo Fighters", il y a quelques mois ! En tant que membres du Groupe des Nations Unies sur les données, nous avons puisé une partie de notre inspiration dans leur article intitulé "Busting silos in statistical capacity in Guatemala" (en français " Lutter contre le cloisonnement des capacités statistiques au Guatemala"), qui met en avant un certain nombre d’initiatives dans le domaine des données et explique comme créer un vrai changement sur le terrain en conjuguant différents avantages comparatifs, diverses solutions et la volonté de plusieurs acteurs !
Article traduit de l’anglais vers le français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).