Des avancées tangibles pour les femmes en politique : La note de blog du Coordonnateur résident de l’ONU à Sao Tomé-et-Principe

“Plus de femmes pour plus de développement" : telle est l'une des devises inspirantes des associations de femmes de Sao Tomé-et-Principe qui luttent pour que les femmes participent davantage à la vie politique de leur pays.
Beaucoup de femmes ont vu leur rêve se réaliser le 28 juillet lorsque l'Assemblée nationale de Sao Tomé-et-Principe a adopté une loi sur la parité en politique qui a longtemps été débattue et qui prévoit que désormais un minimum de 40 % des sièges dans les instances élues soient réservés aux femmes et que des postes au sein du cabinet leur soient réservés également. Actuellement, les femmes occupent 12 % des sièges à l'Assemblée nationale et 20 % des postes ministériels, mais grâce à une campagne de plaidoyer efficace menée par des femmes parlementaires, des organisations de la société civile, des avocates et d'anciennes femmes politiques, la situation va bientôt changer. Grâce à une alliance entre les partis politiques pour la promotion de l'égalité des droits entre femmes et hommes, le pays a réussi à réaliser cette avancée et rejoint un certain nombre d’autres pays d'Afrique à l'avant-garde du combat pour l'égalité entre les sexes.
L'ONU a joué un rôle déterminant s’agissant de donner plus de moyens aux associations de femmes [pour la lutte pour l’égalité entre les sexes] et d’aider à constituer une coalition d'acteurs/trices du changement, notamment au sein du gouvernement, du parlement, des partis politiques, des organisations de la société civile et des médias. Le travail de plaidoyer effectué a permis de faire en sorte que la forte adhésion du pays aux valeurs d'égalité et d'équité entre les sexes se traduise en termes concrets.
En tant que Coordonnateur résident, j'ai fait appel à l'expertise de nos collègues d'ONU-Femmes basés au Sénégal, ainsi qu'aux équipes du Programme des Nations Unies pour le développement et du Département des affaires politiques des Nations Unies. Je pense avoir réussi à mettre les compétences des équipes de l'ONU au niveau mondial, régional et national à la disposition des plus hautes instances politiques du pays, afin que les progrès vers la réalisation de l'égalité entre les sexes s’accélèrent.
J'ai rencontré avec beaucoup d’enthousiasme des femmes dirigeantes pour les encourager à poursuivre leur action et leur réitérer notre soutien. Récemment, lors d'une réunion avec ces femmes dirigeantes, je leur ai dit "faremos o caminho caminhando", qui se traduit par "nous allons tracer notre chemin en marchant". En effet, l'approbation de la loi sur la parité est une étape importante du travail qui doit être fait pour que le pays fasse de l'égalité entre les sexes une réalité concrète.
L’année 2022 promet d'être celle du changement pour les femmes de Sao Tomé-et-Principe. Lors d'un récent cours sur les femmes en politique - organisé par l'ONU avec l’appui du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale (BRENUAC) et en partenariat avec une université locale - l'une des 30 participantes, adhérente de base de l'un des partis politiques du pays, m'a dit :
"À présent, nous ne pouvons pas faire marche arrière. Au sein de mon parti, je vais dire haut et fort que je suis candidate, parce que ma plus grande peur... ce plafond de verre, comme j’ai appris qu’on l’appelait ici, a disparu".
Quand je me réunis avec les dirigeant(e)s de l’ensemble des partis politiques, je veille toujours à ce que les femmes soient présentes et je me renseigne sur ce que les différents partis ont pris comme mesures pour placer des femmes sur leurs listes électorales. Les prochaines élections parlementaires, qui auront lieu en septembre, verront le nombre de femmes candidates en forte augmentation.
Le manuel sur la "participation des femmes en politique" a été lancé le 8 juillet avec le concours de l’ONU et un premier exemplaire a été offert au Président de l'Assemblée nationale et à tous les chefs de partis politiques du pays. Ce manuel a été écrit par l'ancienne Première ministre Maria das Neves et l'ancienne Ministre de la justice Ilza Amado Vaz, qui l’ont enrichi de réflexions et d’anecdotes personnelles. J'ai pris plaisir à la discussion animée qui s’est déroulée à l’occasion du forum organisé avant le vote [de la loi sur la parité] au parlement, et je rejoins l’avis des auteures de ce manuel qui ont déclaré : "La représentation politique des femmes n'est pas seulement une question de justice démographique ; c'est aussi une exigence pour le développement du pays."

Les femmes avaient déjà commencé à mener campagne en décembre de l'année dernière, avec une déclaration commune qui a été le point de départ de la campagne de plaidoyer, laquelle a fait intervenir toutes les instances souveraines, tous les médias et tous les partis politiques à travers des articles, des talk-shows dans les médias et une série d'événements et de formations destinés à renforcer les moyens dont disposent les femmes et à créer une dynamique autour de la loi sur la parité.
Le site internet mulheresstp.com montre que les femmes sont prêtes et très désireuses de s’exprimer dans l'arène politique du pays, ce qui vient démentir l’idée répandue selon laquelle il n'y aurait pas assez de femmes aptes à s'engager en politique.

La bataille pour l'égalité entre les sexes n'est pas menée par des femmes uniquement. Aux côtés des femmes, des personnalités masculines importantes, comme le Président de la République ou encore le Président de l'Assemblée nationale, ont exprimé leur soutien au combat des femmes. Le chemin qui mène vers l'égalité entre les sexes ne s'arrête pas là, mais avec l’approbation de la loi sur la parité - à l'unanimité des 55 députés de l’Assemblée - un signal politique fort a été donné en faveur de la concrétisation de la participation des femmes à la vie politique et de l'égalité entre les sexes.
Cette note de blog a été écrite à l’origine en anglais par Eric Overvest, le Coordonnateur résident des Nations Unies à Sao Tomé-et-Principe. Pour en savoir plus, consultez le site saotomeeprincipe.un.org et suivez @eric_overvest sur Twitter.