Guyana : Atteindre les ODD et mener une action climatique ambitieuse

Pour marquer le lancement de la Conférence des Nations Unies sur les océans qui commence aujourd'hui à Lisbonne, j'ai décidé d'écrire cette note de blog pour faire passer un message simple et important : nous n'avons qu'une seule Terre et qu’un seul océan, et il nous incombe à tous de défendre notre planète et de nourrir, restaurer et protéger ses systèmes et ses ressources naturelles.
La protection de nos océans et de notre planète est une entreprise complexe et de longue haleine.
Il y a cinquante ans, l’ONU a accueilli la Conférence de Stockholm sur l'environnement. C’était la première fois que le monde se réunissait pour placer la protection de l'environnement au centre de ses préoccupations et que les dirigeants du monde reconnaissaient explicitement les effets de l'activité humaine sur notre environnement et l'impact négatif du changement climatique sur nos vies.
Un demi-siècle plus tard, les leaders mondiaux du climat se sont à nouveau réunis à Stockholm les 2 et 3 juin 2022 pour faire progresser la coopération internationale sur la question climatique et environnementale et pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour surmonter, dans un effort collectif, la plus grande épreuve à laquelle l'humanité ait été confrontée : la "triple crise planétaire" du changement climatique, de la perte de la biodiversité et de la pollution.
La perte de biodiversité perturbe l'équilibre fragile de notre planète et de nos océans, réduit la capacité naturelle de l'environnement à gérer et à atténuer les effets du changement climatique et menace les systèmes alimentaires dont nous dépendons tous. L'extinction des espèces se produit environ 1.000 fois plus vite qu’au rythme où elle se produirait sans intervention humaine. L'activité humaine a déjà altéré 75 % de la surface terrestre, 50 % des cours d'eau et 40 % de l'environnement marin de la planète.
La pollution d'origine humaine - notamment due au rejet de déchets liquides, solides et aériens - est l'une des plus grandes menaces qui pèsent sur les écosystèmes et la biodiversité. Les microplastiques contaminent nos chaînes alimentaires, tuent les animaux et pénètrent même dans notre corps. Chaque année, au moins neuf millions de tonnes de polluants plastiques pénètrent dans les écosystèmes aquatiques.
L'océan, notre unique source de vie
Alors que les contraintes qui s’exercent sur notre planète ne cessent d’augmenter, il est clair que nous devons trouver un nouveau moyen pour équilibrer notre relation avec la nature, et notamment avec notre environnement marin.
Couvrant 70 % de la surface de la planète, les océans jouent un rôle essentiel dans le maintien de la vie sur Terre. Ils produisent au moins la moitié de l'oxygène de la planète et abritent la majeure partie des espèces vivantes du globe. Mais comme d'autres parties de l'écosystème, les océans sont menacés. L'impact de l'activité humaine, notamment de la pollution et de la surpêche, a fait payer un lourd tribut à cette source de vie indispensable. La moitié des récifs coralliens de la planète ont été détruits et plus de 90 % des populations de gros poissons ont disparu.
Pour protéger notre environnement marin et faire face à la triple menace planétaire qui pèse sur nous, nous devons limiter la hausse des températures à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Cela implique de réduire de 50 % de nos émissions mondiales de gaz à effet de serre au cours des sept prochaines années et demie. Mais nous sommes, malheureusement, loin d'avoir atteint cet objectif.

Des responsabilités communes, mais différenciées
Bien que certains pays aient contribué plus que d'autres à l’émergence de cette triple crise planétaire - par des émissions plus importantes de gaz à effet de serre, la dégradation des habitats naturels et la production de déchets - nous avons tous aujourd'hui une responsabilité commune (même si elle est différente selon les acteurs) : celle d'adopter de toute urgence des objectifs ambitieux pour protéger notre planète.
Le Guyana incarne ce dilemme à bien des égards. Le pays n'est pas sur la bonne voie s’agissant de la réalisation de bon nombre d’ODD. Étant l'un des plus jeunes producteurs de pétrole au monde, il considère que les revenus qu’il tire de cette ressource lui sont indispensables pour transformer la vie de sa population. Mais il a également été l'un des plus grands défenseurs de l'action climatique et, comme beaucoup d'autres pays en développement, il est aujourd'hui confronté aux graves conséquences du changement climatique et de la pollution marine. Voici quelques-unes des mesures prises par le Guyana pour lutter contre le changement climatique et protéger son environnement naturel.
L'engagement du Guyana à adopter un modèle de développement à faible intensité de carbone et un nouveau cadre d’action politique pour les océans tel que décrit dans sa Stratégie de développement à faible intensité de carbone pour 2030, est plus fort que jamais. Si les objectifs de cette Stratégie sont atteints, le pays pourra répondre à une demande d'approvisionnement en électricité multipliée par dix d'ici à 2040 tout en maintenant ses émissions de gaz à effet de serre aux niveaux de 2018. Ce serait un exemple extraordinaire de la possibilité de dissocier la croissance économique des émissions de carbone et de parvenir à un meilleur équilibre entre les objectifs de conservation et les intérêts économiques.
Comme d'autres pays en développement, le Guyana continuera, via les plateformes de dialogue intergouvernemental, à appeler les plus grands consommateurs mondiaux de combustibles fossiles à accélérer la décarbonation de leurs économies et à apporter les 100 milliards de dollars nécessaires pour financer les besoins d'adaptation au changement climatique des pays en développement, et notamment des petits États insulaires en développement. Seule la réduction de la demande et de la consommation internationales permettra de réduire la production mondiale de pétrole.
Sur la question de la perte de biodiversité, le Guyana est, à juste titre, fier des résultats qu’il a obtenus s’agissant de la protection de ses forêts tropicales et de la conservation de son patrimoine naturel. Un des éléments clés de sa stratégie dans ce domaine a été de collaborer avec les communautés autochtones et de mettre à profit leur sagesse. L'engagement du gouvernement à étendre les zones protégées officielles du pays est une autre étape importante dans la prévention de la perte de biodiversité. Cet engagement est étroitement aligné sur les objectifs mondiaux qui devraient être définis lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) qui se tiendra à Montréal, au Canada, plus tard cette année.
Entretemps, alors que les opérations de forage en eaux profondes continuent de se développer au large des côtes du Guyana, le gouvernement a pris des mesures pour renforcer ses moyens d’intervention en cas de survenue de marées noires. En 2020, il a lancé un Plan national d'intervention en cas de déversement d'hydrocarbures afin d'améliorer son état de préparation et de renforcer son niveau de coopération avec les opérateurs, les assureurs et les acteurs nationaux qui interviennent dans ces situations d’urgence.
À la suite de l’approbation de la résolution historique de l'Assemblée des Nations Unies sur l’environnement cette année, le Guyana se prépare également à transformer son utilisation et ses processus d’élimination des plastiques. Il a ainsi convenu avec 175 autres pays d'élaborer un traité international global sur la gestion des plastiques, de la source à la mer, d'ici à 2024, une étape essentielle pour améliorer la santé de ses écosystèmes terrestres et marins.
Alors que des dirigeants de toutes les entités de l’ONU et des représentants de la société civile, des organisations de jeunes et des gouvernements se réunissent aujourd'hui à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur les océans, à Lisbonne, il me semble extrêmement important que tous les acteurs agissent collectivement pour répondre à la triple crise planétaire à laquelle notre monde est confronté. Seuls les efforts conjugués de tous les individus, de tous les pays et de toutes les entreprises nous permettront de commencer à rétablir notre relation avec la nature et à préserver la source de la vie dans notre le monde : les océans.
Cette note de blog a été écrite à l’origine en anglais par Yeşim Oruç, la Coordonnatrice résidente de l’ONU au Guyana. Elle est basée sur un éditorial publié initialement sur le site de l'ONU au Guyana pour marquer la Journée mondiale de l'environnement, célébrée le 5 juin. Appui éditorial fourni par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD. Pour en savoir plus sur l’action menée par l'ONU au Guyana, consultez le site Guyana.UN.org.
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