Au Belize, des centres mobiles aident les femmes des zones rurales à accéder à des soins de santé et à d'autres services essentiels
21 mai 2021
GUINEA GRASS, Belize - Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Domitilla Noh, 45 ans, a eu des difficultés pour accéder à des services de santé. Mme Noh vit à Guinea Grass, un petit village du district d'Orange Walk, au Belize. Lorsque la seule infirmière du village a dû partir pour participer aux efforts sanitaires de lutte contre la pandémie, les habitants se sont retrouvés démunis.
Des femmes de son village ont parlé à Mme Noh des centres mobiles pour femmes soutenus par l'initiative Spotlight et l'ont encouragée à s'y rendre, ce qu’elle a fait. Non seulement elle a pu ainsi bénéficier d'un bilan de santé à proximité de son domicile, mais le centre lui a également offert des conseils juridiques. Ce fut l'occasion pour elle de poser des questions sur sa séparation d'avec son mari et sur l'adoption de son enfant.
"Ce centre est d'une aide précieuse pour les femmes comme moi. Nous avons accès à des services en allant voir l'infirmière et à des conseils juridiques qui sont pour nous souvent trop chers autrement." - Domitilla Noh, 45 ans.
"Le centre est d'une aide précieuse pour les femmes comme moi. Nous avons accès à des services en allant voir l'infirmière et à des conseils juridiques qui sont pour nous souvent trop chers autrement. Le soutien psychologique proposé aide beaucoup de femmes ici. Elles se sentent bien quand elles peuvent parler à quelqu'un et obtenir les conseils dont elles ont besoin. Personnellement, cela me donne l'espoir de pouvoir aller de l'avant malgré mes problèmes - cela m'a donné de la force".
La COVID-19 a rendu l'accès aux services essentiels particulièrement difficile pour les femmes et les filles, notamment celles qui vivent dans les communes rurales isolées. Beaucoup d’entre elles sont obligées de faire plus d'une heure de route pour se rendre à la clinique ou à l'hôpital le plus proche - un voyage d'autant plus pénible que les transports publics ont été restreints à l’heure de la pandémie. De nombreux services de santé étant désormais réorientés vers la lutte contre le virus, les femmes et les filles sont de facto laissées pour compte.
Pour combler ce déficit de services, l'initiative Spotlight a appuyé l'année dernière la création de six centres mobiles pour femmes au Belize. Ces centres se déplacent dans les différentes communautés et proposent des services gratuits aux femmes dans les communes les plus difficiles à atteindre, notamment dans les régions de Toledo, Corozal et Orange Walk. Ils proposent, en un même lieu, des services de santé sexuelle et procréative, des conseils juridiques, un soutien psychosocial et des informations sur les questions liées à de violence de genre. En plus de venir à la rencontre des femmes dans les communautés où elles vivent, les centres mobiles orientent les usagères vers des services pouvant prendre en charge leur problématique sur le long terme par le biais d'organisations de la société civile, de services gouvernementaux ou d’acteurs du secteur privé. Les centres mobiles offrent aux mères la possibilité de faire garder leurs enfants pendant qu’elles sont prises en charge. Jusqu'à présent, 398 personnes, dont 89 % de femmes et de filles, ont bénéficié des services proposés dans ces centres.
"Le fait de ne pas avoir accès à l'information ou aux services dont elles ont besoin rend les femmes encore plus vulnérables" - Patty Witzil, présidente du village de Trial Farm.
Dina Hernandez, 47 ans, agente de santé communautaire au ministère de la santé, explique que jusqu'à présent, l'accès aux contraceptifs, aux vaccins et aux soins d'urgence était limité pour les femmes de Guinea Grass. "Les femmes travaillent durant la journée et doivent se rendre à l'hôpital le plus proche si elles ont besoin de ces services, ce qui est souvent impossible", explique-t-elle.
Ce problème ne concerne pas seulement Guinea Grass. Dans le village voisin de Trial Farm, Patty Witzil, 27 ans, présidente du village, indique que sa communauté est confrontée à des problèmes similaires. "Ma communauté compte de nombreuses mères célibataires qui sont sans emploi [à cause de la pandémie]. Beaucoup d'entre elles sont confrontées à la violence ou risquent de l'être... Le fait de ne pas avoir accès à l'information ou aux services dont elles ont besoin les rend encore plus vulnérables."
"Les centres mobiles comme ceux-ci contribuent à l'autonomisation des femmes de ma communauté et leur seront utiles à l'avenir", se réjouit Mme Witzil, qui précise que les femmes et les jeunes filles sont souvent dissuadées de se rendre chez le médecin du fait des déplacements et des dépenses que cela implique. En apportant ces services aux communautés, les cliniques mobiles éliminent bon nombre de ces obstacles.
"Les cliniques permettent aux femmes de mieux comprendre [leurs choix], d'avoir de bonnes perspectives et de sentir qu'elles ne sont pas seules", explique-t-elle.
Les centres mobiles continueront à servir les femmes et les jeunes filles dans les communautés de tout le pays, en particulier dans les zones reculées, afin qu'aucune femme ni jeune fille ne soit laissée pour compte.
Cet article a été publié à l’origine sur le site de l’Initiative Spotlight. Écrit par Perla Hinojosa. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement. Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU au Belize, consultez le site Belize.UN.org