Sauver la marche vers les Objectifs mondiaux : la "plus importante priorité commune" pour le monde, selon le Chef de l'ONU
Dans un monde en crise, sauver la marche vers les objectifs de développement durable (ODD) "doit être notre plus importante priorité commune", a déclaré le Chef de l'ONU devant les États membres, mardi, à New York, lors d'une réunion sur le développement d’une importance majeure.
Des répercussions économiques de la pandémie de COVID à l'insécurité alimentaire exacerbée par la guerre en Ukraine, le Secrétaire général António Guterres a dressé un bilan des crises qui se sont accumulées et qui ont freiné la marche vers les objectifs mondiaux.
"Nous devons prendre de la hauteur pour sauver la marche vers les ODD et rester fidèles à notre promesse de construire un monde de paix, de dignité et de prospérité sur une planète saine", a-t-il insisté lors de la réunion du Conseil économique et social des Nations Unies sur les activités opérationnelles de développement.
"Une urgence de portée mondiale"
Selon M. Guterres, la pandémie de COVID-19 a entraîné la perte de quelque 15 millions de vies, plongé 100 millions de personnes dans la pauvreté pour la seule année 2020 et fait reculer le développement humain - en particulier les droits des femmes - d'une génération entière.
"La pandémie nécessitait une réponse unitaire fondée sur la solidarité entre pays développés et pays en développement, mais cette réponse n’a pas eu lieu", a-t-il regretté.
Alors que les pays développés ont investi des billions dans leur processus de relèvement, le monde en développement est resté livré à lui-même "dans un système financier mondial qui favorise les plus riches et punit les plus pauvres".
"De nombreux pays en développement font actuellement face à l'impact sanitaire et socio-économique de la pandémie, à des inégalités dans le processus de relèvement, aux effets de la crise climatique et au choc économique provoqué par la guerre en Ukraine sur les marchés alimentaires, énergétiques et financiers ", a poursuivi M. Guterres, qualifiant la situation d'"urgence pour le développement de portée mondiale".
"L’heure n’est pas à l’autosatisfaction"
Indiquant que le Programme 2030 est "notre feuille de route la plus claire pour avancer", M. Guterres a déclaré que le système des Nations Unies pour le développement a été transformé ces derniers mois pour pouvoir mieux répondre aux besoins et aux priorités des pays.
"Mais l'heure n'est pas à l’autosatisfaction. Le monde est en feu et jusqu'ici, la coopération internationale n'a pas répondu aux besoins de ceux qui en ont le plus besoin", a-t-il rappelé. "Nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à repousser nos limites et à intensifier nos efforts".
Se mettre au diapason pour promouvoir le développement
Le rapport sur "Notre programme commun" appelle à nouer "un Nouveau Pacte mondial qui garantisse que le pouvoir, les richesses et les opportunités soient partagés plus largement afin que les pays puissent investir dans leur population", a-t-il déclaré.
Et ce pacte exige que toutes les formes de financement public et privé soient alignées sur les ODD et sur l'Accord de Paris.
S’agissant du travail des équipes de pays de l'ONU en poste partout dans le monde, M. Guterres a identifié les cinq domaines qui nécessitent, selon lui, d’être traités en priorité, en commençant par la nécessité de s'assurer que les compétences et l'expertise nécessaires sont bien en place afin que les transitions nationales bénéficient d’un appui adéquat.
Ensuite, les coordonnatrices et coordonnateurs résidents de l'ONU doivent être accompagnés pour être en mesure d’aider les gouvernements à développer et à renforcer l’existant, à savoir les partenariats, les savoir-faire, les financements et les solutions pour le développement.
Mr. Guterres a par ailleurs évoqué la nécessité de développer des collaborations là où les défis humanitaires, de développement et de sécurité se rejoignent.
"Il n’est pas question de brouiller les mandats ou les ressources ; il s'agit de veiller à ce que nos moyens soient déployés de manière cohérente pour que nous puissions aider les pays à réaliser leurs priorités en matière de développement durable", a expliqué le Chef de l'ONU.
Les modalités de fonctionnement opérationnel doivent être améliorées "pour que chaque dollar soit utile" et, enfin, le travail de collaboration régionale doit être renforcé pour qu’un appui solide soit fourni aux coordonnatrices et coordonnateurs résidents et aux équipes de pays. Tout cela nécessite "des financements suffisants, prévisibles et durables".
Alors que les multiples crises qui affectent le monde nous obligent à déployer des efforts toujours plus importants, le Chef de l’ONU a assuré que l’Organisation était prête à s'adapter pour répondre aux attentes.
Faire face aux défis dans un cadre multilatéral
S’adressant aux participants via Internet, depuis Gaborone, au Botswana, le Président du Conseil économique et sociale, Collen Kelapile, a déclaré que la pandémie, associée à d'autres problèmes préexistants tels que la crise climatique ou les conflits durables et, maintenant, à la guerre en Ukraine, "génère des besoins humanitaires d'une ampleur sans précédent et annule des décennies de progrès en matière de développement".
Il a ajouté que la communauté internationale devait travailler ensemble pour "accélérer la mise en œuvre de moyens qui permettent de réaliser un relèvement post-COVID-19 transformateur" et pour "redoubler d’efforts en vue d’atteindre les ODD, pour un avenir meilleur pour tous".
"Le multilatéralisme, la coopération internationale et la solidarité mondiale sont les seuls moyens efficaces pour faire face aux défis mondiaux actuels et émergents", a-t-il poursuivi.
Financement des activités de base
Le Président du Conseil économique et social a fait part de son inquiétude quant aux effets à long terme de la réduction des ressources de base pour le financement du développement en vue de leur réaffectation aux besoins humanitaires immédiats. Il s’est inquiété plus particulièrement des effets de cette réduction sur la pérennité des résultats qui ont été obtenus en matière de développement au fil des décennies.
En outre, il convient de remédier au grave déficit de financement qui affecte le travail des agences de l’ONU chargées des questions de développement et de corriger le déséquilibre qui existe entre les ressources de base et les autres ressources.
"Nous devons donc reconnaître l’importance que les pays de programme accordent à la mission fondamentale des agences de l’ONU en matière de développement et nous attacher à appuyer efficacement les pays dans la réalisation des ODD au cours de ce qu’il reste de la Décennie d'action", a-t-il déclaré.
Appel à l'aide
Le Président de l'Assemblée générale, Abdulla Shahid, a évoqué l'examen quadriennal complet des activités opérationnelles du système des Nations Unies qui a eu lieu pendant la pandémie, fin 2020.
Pour la première fois, il appelle explicitement le système des Nations Unies pour le développement à promouvoir la protection sociale, la couverture sanitaire universelle et l'éducation, ainsi qu’à soutenir les plus vulnérables et à renforcer les approches fondées sur les droits et l'égalité entre les sexes.
"L'Assemblée générale a également appelé à aider les pays à mobiliser des ressources et des partenariats" et à veiller à un fonctionnement durable des activités", a déclaré M. Shahid.
Voir le chemin parcouru
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed, s’est félicitée des nombreux retours sur investissement du travail accompli en matière de coordination des activités de développement, à savoir : "un leadership indépendant qui fait autorité ; un pouvoir de rassemblement renforcé et une meilleure coordination des activités ; et l’amélioration de l'efficacité des interventions, qui permet d’atteindre des objectifs plus ambitieux".
Toutefois, dans un contexte de déficit de financement persistant, l'objectif ultime de mise en œuvre du Programme 2030 est compromis.
"Inverser cette tendance et combler le déficit de financement doit rester la priorité absolue", a-t-elle insisté.
"Nous devons poursuivre ce chemin ensemble au cours des huit prochaines années, sérieusement, avec un sentiment d'urgence, et à l'échelle nécessaire pour tenir la promesse de l'Agenda 2030 et des ODD", a conclu la chef adjointe de l'ONU.
Cet article a été écrit à l’origine en anglais et publié par ONU Infos. Il a été traduit en français par le Bureau des Nation Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus sur les résultats de notre action en matière d’ODD, consultez le Rapport 2022 de la Présidente du GNUDD sur le BCAD.