Partout dans le monde, les équipes de l’ONU se tiennent prêtes à aider les autorités à faire face aux conséquences de la crise ukrainienne
Parmi les conséquences à court terme de la crise ukrainienne : la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais et la baisse des envois de fonds.
18 mars 2022 – Au-delà de ses effets dévastateurs sur la population, les infrastructures et l'économie ukrainiennes, la guerre en Ukraine pourrait également avoir des répercussions considérables sur le développement durable au niveau mondial. C'est le message clé qui a été délivré aujourd'hui lors d'une conférence de haut niveau sur la situation humanitaire en Ukraine, durant laquelle ont été passées en revue les conséquences désastreuses de la crise qui sont déjà ressenties au niveau mondial.
Les principaux dirigeants de l’ONU ont réitéré leur appel à la paix. "Cette guerre est insensée et doit cesser maintenant", a déclaré le Secrétaire général adjoint et Coordonnateur de l’action humanitaire des Nations Unies Martin Griffiths.
S'exprimant depuis l'Ukraine, le Coordonnateur des Nations Unies pour la crise en Ukraine, Amin Awad, a déclaré que cette guerre avait créé des difficultés au niveau de l’action humanitaire qui sont sans précédent et qui ne cessent de s’accroître. Depuis Lviv, Osnat Lubrani, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies et Coordonnatrice humanitaire, a indiqué que l'ONU travaillait à une réponse commune visant à intégrer les besoins en matière de développement à long terme à l’action humanitaire immédiate. Mme Lubrani a ajouté que le Programme alimentaire mondial prévoyait de venir en aide à plus de 3 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, la nutrition restant un problème majeur. Les services d’approvisionnement en eau et les services d'assainissement ont été partiellement ou totalement détruits, avec des conséquences socio-économiques immédiates et à long terme dramatiques.
Mme Lubrani a mis en avant un récent rapport du Programme des Nations Unies pour le développement, qui estime que 90 % de la population ukrainienne pourrait être confrontée à la pauvreté et à une vulnérabilité économique extrême si la guerre s'aggravait, ce qui ramènerait le pays - et la région - des décennies en arrière et laisserait de profondes cicatrices sociales et économiques aux générations à venir. De son côté, le Fonds monétaire international a estimé que la perte de PIB pouvait atteindre jusqu'à 35 % d'ici à la fin de l'année.
Au-delà de l'Ukraine
Les impacts sociaux et économiques de cette crise se font également sentir dans les pays voisins et même au-delà, a souligné le Sous-secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement, Robert Piper, qui a par ailleurs fait savoir que les coordonnatrices et coordonnateurs résidents des Nations Unies basés dans plus de 100 pays avaient fait remonter des informations sur les premiers effets de la crise en termes de développement durable au niveau des pays.
- En Asie centrale, où les économies sont fortement tributaires des envois de fonds en provenance de Russie, la crise risque d'entraîner une instabilité financière et de dégrader la qualité de vie des populations et leurs moyens de subsistance.
- Au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le reste du monde, la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais va probablement avoir des répercussions en chaîne.
Les équipes de l’ONU sont en train de tout mettre en œuvre rapidement pour renforcer leur appui aux autorités et les aider à faire face à ces défis à court et long termes. M. Piper a en outre indiqué que s'il est trop tôt pour se prononcer sur l’avenir, qui va dépendre aussi de la durée de la guerre, le fardeau de la dette, la transition énergétique et la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants sont très préoccupants. "Le système [des Nations Unies] pour le développement a mis en œuvre les leçons tirées de la réponse à la COVID-19 au niveau mondial et explore de nouvelles modalités ainsi qu’un mécanisme d’intervention rapide pour répondre à cette crise sur le front socio-économique", a-t-il déclaré.
Le Secrétaire général António Guterres a annoncé la création, à l’échelle de l’ONU, d'un Groupe de réponse à la crise pour aider à atténuer l’impact des crises mondiales de l'alimentation, de l'énergie et des finances. Ce groupe sera dirigée par la Vice-Secrétaire générale Amina J. Mohammed par le biais d'un comité directeur interinstitutions et d'un ensemble de partenaires. "Ne vous y trompez pas : ce sont les gens ordinaires, en particulier les femmes et les enfants, qui supporteront le poids de la tragédie en cours", a-t-il ajouté.
Crise en Ukraine : 10 conséquences sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable :
La reprise économique post-pandémique a fait place à la crainte de voir une situation de stagflation [stagnation économique et forte inflation] s’installer, en particulier dans les économies de l'Europe de l'Est, du Caucase et de l'Asie centrale, avec une augmentation de la charge de la dette dans les pays en développement.
- La hausse des prix des denrées alimentaires et des engrais va aggraver la pauvreté, la faim, les niveaux de malnutrition et les inégalités de revenus.
- La reprise économique post-pandémique a fait place à la crainte de voir une situation de stagflation [stagnation économique et forte inflation] s’installer, en particulier dans les économies de l'Europe de l'Est, du Caucase et de l'Asie centrale, avec une augmentation de la charge de la dette dans les pays en développement.
- L'augmentation des prix de l'énergie (gaz et pétrole) et une dépendance accrue au charbon peuvent potentiellement ralentir la transition vers des énergies propres, en particulier en Europe.
- Le risque que l’inflation et les retombées économiques de la crise entraînent des troubles sociaux et des bouleversements politiques est réel.
- La réorientation potentielle de l'Aide publique au développement, la diminution des envois de fonds, le ralentissement des activités touristiques et la baisse des investissements directs étrangers peuvent entraîner une réduction des investissements destinés à financer la mise en œuvre des ODD dans les différents pays.
- La lutte contre le changement climatique pourrait se heurter à de nouveaux obstacles du fait des contraintes qui pèsent sur les chaînes d'approvisionnement et de la baisse potentielle des niveaux de financement de l’action climatique.
- Le super-cycle des matières premières, qui va profiter aux producteurs de matières premières, va aussi réduire les incitations à la diversification économique et pourrait accentuer l’impact négatif que subit l’environnement.
- Les difficultés rencontrées au niveau des échanges commerciaux et de la chaîne d'approvisionnement vont persister avec la hausse des prix du transport et la réduction du nombre de marins.
- Crise des réfugiés en Europe et crainte d'une autre vague de COVID-19 sur le continent.
- Volatilité des marchés financiers et des taux de change dans certains pays. Risque accru d’émergence de systèmes de paiement alternatifs/banques alternatives et de crypto-monnaies, ce qui pourrait entraver la capacité à lutter contre l'évasion fiscale et les flux financiers illicites.
Pour en savoir plus sur l’action menée par l'ONU en Ukraine, consultez le site Ukraine.UN.org.