Les femmes aux commandes d’initiatives pour la consolidation de la paix en Papouasie-Nouvelle-Guinée
En 2008, des combats tribaux ont fait rage dans les forêts reculées de Tagali, dans la province de Hela. Un groupe de jeunes leaders, les Jeunes ambassadeurs pour la paix, se sont rendus à Tagali pour engager un processus de médiation entre les seize tribus impliquées dans le conflit.
Mary Tamia, l’unique femme du groupe, a été choisie pour mener la médiation.
"Beaucoup d'hommes sont morts des deux côtés. Des enfants sont morts. Une mère est morte aussi", se souvient Mary en évoquant les combats qui ont fait rage à Tagali. "Pour mener la médiation, nous avons adopté une approche neutre. Nous n'avons favorisé aucune des parties".
"Les deux parties doivent parvenir à se comprendre".
Mary a été invitée à faire part de son expérience de la médiation des conflits avec ses collègues de la province de Hela à l’occasion d'une table ronde organisée par l’ONU à Tari. Par ce biais, alors qu’elle célèbre son 75ème anniversaire en ce mois d’octobre 2020, l’ONU souhaite mettre un coup de projecteur sur les leaders locaux chargés de promouvoir la paix. Mary a participé à la discussion avec James Komengi, membre des Jeunes ambassadeurs pour la paix, Manu Pat, défenseur des jeunes et Alice Arigo, sergente de l'Unité de lutte contre la violence familiale et sexuelle de la province de Hela. Le débat a été mené par Amos Libe, fonctionnaire hors Siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
"Nous avons faire un test lors de la médiation en 2008", explique James, membre pionnier des Jeunes ambassadeurs pour la paix qui avait participé avec Mary au processus de médiation pour mettre fin aux combats de Tagali. "Nous l'avons délibérément chargée de mener la médiation pour voir comment les hommes réagissaient lorsque les femmes dirigeaient le processus et… résultat : la paix est revenue durablement".
"Ce sont les femmes qui étaient au commandes", souligne-t-il. "Voilà un exemple de la manière dont les femmes Huli peuvent promouvoir la paix. La consolidation de la paix est l'affaire de tous".
Mary est loin d'être la seule femme Huli à promouvoir la paix à Tari.
En 2012, Janet Koriama a motivé d'autres femmes à créer un mouvement pour amener les femmes à être représentées dans les conseils locaux de la province de Hela. Huit ans plus tard, le Conseil provincial des femmes de Hela a réussi à faire siéger une femme dans chaque conseil de district de Hela.
"Nous avons commencé en ne comptant que sur nous-mêmes", déclare Janet. "Partout à Hela, nous constatons que cette façon de faire est plus efficace que celle qui consisterait à attendre un soutien extérieur".
L’ONU encadre l’activité de ces femmes leaders et fait en sorte que les femmes s’unissent pour trouver une issue aux combats tribaux dans la province. Jane raconte que la devise des femmes est devenue "Tue-moi avant de la tuer", en référence aux représailles qui suivront les actes de violence de leur fils envers d'autres mères.
S'exprimant à l’extérieur du bureau de la Province de Hela, après l'ouverture officielle du bureau de l’ONU à Tari, Janet nous explique comment le Conseil provincial des femmes de Hela s'efforce de briser le cycle de la violence. "Nous travaillons en étroite collaboration avec les leaders hommes pour ramener la paix dans les villages", confie-t-elle. "Nos fils n'auront aucune chance de se battre s’ils voient que nous sommes unis".
Ils pensent qu'ils vont gagner de l'argent, mais nous leur disons : "Vous ne pouvez pas gagner de l'argent en prenant la vie de quelqu’un".
Interrogée sur la réaction des hommes de sa communauté, Janet répond : "La réaction a été que la quasi totalité des combats à Hela ont cessé.
Un avenir sans combats
Le Conseil provincial des femmes de Hela travaille actuellement sur la question de la réconciliation et du cheminement vers un avenir sans violence. "Nous essayons à présent de trouver une manière de manifester notre peine pour les vies qui ont été fauchées", dit Janet. "Nous essayons d'aider ces seigneurs de guerre à se pardonner eux-mêmes".
"Ce que je veux, c'est travailler. Vivre ma vie. Je veux vivre et mourir âgée, pas être tuée.
Mary Tamia et les autres participants à la discussion organisée par l'ONU75 partagent le désir de paix de Janet. "Nous sommes fatigués", confie Mary en évoquant les combats tribaux. "C'est un moment unique de l’histoire de notre nouvelle province. Nous allons faire en sorte que tout le monde s’unisse à nouveau. Nous avons une terre très fertile et grâce à cela, nous pouvons aspirer à un avenir meilleur".
"C’est le bon moment ", convient James. "Nous avons beaucoup souffert. Or, seuls ceux qui ont beaucoup souffert pourront en tirer des leçons et aller de l'avant".
"Nous avons les moyens de changer Hela".
"Nous en avons assez de toute cela. Nous aspirons à vivre en paix", confie la sergente Alice. "Nous nous efforçons de rester positives dans tout ce que nous déclarons et ce que nous disons finira par se produire".
"Le moment viendra où nous pourrons vivre en paix".
Produit par l’ONU en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L'article a été publié à l’origine sur le site web de l’ONU en Papouasie-Nouvelle-Guinée le 12 octobre 2020. Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU dans le pays, consultez le site https://papuanewguinea.un.org/.