L'Ouganda cherche en ligne des réponses à la crise économique due à la Covid-19
Ruth Tindyebwa, une vendeuse sur un marché de la capitale ougandaise, Kampala, a été fortement touchée par les mesures de confinement imposées le 22 mars par le gouvernement. Une grande partie de sa clientèle était composée de gens qui passaient devant son étal sur le chemin du travail. Après la mise en place des restrictions, sa source de revenus s'est tarie. Les choses ont toutefois changé désormais grâce à un projet mis en oeuvre par l'ONU, en collaboration avec une entreprise locale appelée Safeboda.
Des solutions plus sûres
Safeboda promet aux utilisateurs une solution plus sûre que les “bodabodas" habituels, ces motos-taxis, souvent sans permis, qui sillonnent les rues de l'Ouganda et d'autres pays d'Afrique de l'Est.
La société fonctionne sur un mode qui est familier aux utilisateurs de plates-formes de taxis bien connues telles que Uber ou Lyft : les utilisateurs téléchargent une application, saisissent leur destination et visualisent le coût estimé de leur trajet. L'entreprise offre l'assurance que les chauffeurs seront sûrs, bien formés et professionnels.
Après que le gouvernement ougandais a promulgué ses mesures de confinement, le Fonds d'équipement des Nations Unies (FENU) a répondu en lançant un partenariat avec Safeboda pour créer une nouvelle plateforme de commerce électronique qui relie les vendeurs de marché aux clients.
Les commandes de produits sont passées via l'application Safeboda et payées à l'aide de la fonction de "portefeuille mobile". Les conducteurs accrédités par la société livrent ensuite les produits.
Le résultat de cette initiative a été une augmentation du commerce pour des centaines de vendeurs de marché, un revenu régulier pour les conducteurs de bodabodas et l'accès pour les clients à un moyen sûr pour recevoir leurs produits.
Mme Tindyebwa a été l'une des premières vendeuses à s'inscrire sur la plateforme : ses ventes quotidiennes sont à présent plus élevées encore qu'elles ne l'étaient avant le confinement. "Le plus étonnant, c'est que je peux économiser pour les frais de scolarité de mes enfants sur mon portefeuille électronique, en attendant que les écoles rouvrent après le confinement", raconte-t-elle.
“Le commerce électronique est arrivé et il ne disparaîtra jamais”
Le programme Safeboda n'est pas le seul partenariat lancé par l'ONU en Ouganda. En mai, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s'est associé à Jumia Foods, la plus grande entreprise de commerce électronique du pays, pour créer une plateforme en ligne spécialement conçue pour mettre en relation certains des travailleurs les plus vulnérables avec des clients potentiels.
Cette initiative a été conçue pour autonomiser les personnes les plus durement touchées dans le secteur du commerce informel ; et plus de 60% des personnes qui s'y sont inscrites sont des femmes, des jeunes et des personnes handicapées.
Elle aide également les agriculteurs à rester connectés, en maintenant le flux de produits entre les zones rurales et les marchés des villes. Dans le cadre de ce soutien, le PNUD fournit aux vendeurs - plus de 3.000 fournisseurs, sur cinq marchés de Kampala - des smartphones, du temps d’appel et des volumes de données
Lors du lancement du partenariat en mai, Amelia Kyambadde, Ministre du commerce, de l’industrie et des coopératives de l’Ouganda, a déclaré qu’elle s’attendait à ce que ce partenariat favorise la croissance du commerce en ligne. "L'une des leçons que nous avons apprises est que le commerce électronique est arrivé et qu'il ne disparaîtra jamais", a-t-elle déclaré.
Elsie Attafuah, la Représentante résidente du PNUD en Ouganda, était tout aussi optimiste, décrivant le partenariat avec Jumia comme un "service sûr, pratique et rapide pour les citoyens ougandais", qui permettra de stimuler le commerce.
"La Covid-19 représente non seulement une crise sanitaire mais aussi une crise humanitaire et de développement qui menace de laisser de profondes cicatrices sociales, économiques et politiques pendant des années. Il est donc important d'étendre le commerce électronique pour permettre la continuité des activités, préserver les moyens de subsistance et permettre une reprise rapide après la pandémie", a-t-elle ajouté.
Innover pour sortir de la crise
L'un des objectifs de ces partenariats est de démontrer les nombreux avantages que rendent les services numériques aux petites entreprises et aux consommateurs et d'encourager la poursuite de l'innovation numérique en vue de parvenir à une croissance durable de l'économie ougandaise.
L'ONU travaille de bien d'autres manières en étroite collaboration avec le gouvernement ougandais pour changer les choses, en s’appuyant sur les outils numériques.
Les programmes mis en œuvre par l’ONU avec Safeboda et Jumia ne sont que deux exemples de la manière dont le commerce en ligne peut aider à relancer l'économie ougandaise d'une manière durable et qui profite à tous. Comme tant d'autres pays dans le monde, l'Ouganda a du mal à faire face aux effets dévastateurs de la crise économique provoquée par la Covid-19.
La Banque mondiale estime que la croissance du PIB réel cette année sera inférieure à 2%, contre près de 5,6% en 2019.
L'agence des Nations Unies pour le commerce, la CNUCED, a formulé plusieurs recommandations sur la manière d'améliorer la fourniture de services numériques en Ouganda, tandis que le PNUD apporte son appui au gouvernement dans le cadre de l’élaboration d'une stratégie de commerce électronique, qui a conduit à l'adoption de nouvelles lois visant à améliorer la confiance de la population dans les transactions en ligne.
Le commerce électronique a été identifié par l'ONU comme étant un moyen puissant de stimuler la croissance et le commerce et de créer des emplois, mais de nombreux pays en développement sont encore à la traîne dans ce domaine.
Grâce à des initiatives telles que la plateforme de commerce électronique pour tous de la CNUCED, qui vise à coordonner les efforts d’ONG et de fondations en vue d'exploiter le potentiel d'Internet au bénéfice du développement économique, il est à espérer que les progrès accomplis en Ouganda pourront être reproduits ailleurs, au moment où les gouvernements tentent de sortir de cette crise mondiale sans précédent.
Produit par ONU Info. Cet article a été publié à l’origine sur le site web d'ONU Info le 15 août 2020. Il a été traduit de l'anglais au français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).