Les ODD représentent le "meilleur investissement" que l'humanité puisse faire dans la résilience, les économies durables et la prévention des conflits et des crises, selon la Cheffe adjointe de l'ONU

Discours prononcé par la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina J. Mohammed, lors de la réunion du Conseil économique et social de l'ONU, aujourd'hui, sur les activités opérationnelles pour le développement. Dans son discours, Mme Mohammed, qui préside le Groupe des Nations Unies pour le développement durable (GNUDD) au nom du Secrétaire général de l’ONU, a présenté le Rapport de la Présidente du GNUDD sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).
Madame la Vice-Présidente, Excellences,
Le monde recule sur la plupart des objectifs de développement durable.
La pandémie de COVID-19 a mis à l'arrêt voire anéanti des décennies de progrès dans la plupart des pays. Et maintenant, la guerre en Ukraine est en train d’aggraver une crise tridimensionnelle qui touche les secteurs de l'alimentation, de l'énergie et des finances, une crise qui frappe plus particulièrement les populations et les économies les plus vulnérables.
Les ODD représentent le meilleur investissement que l'humanité puisse faire dans des économies résilientes, équitables, inclusives et durables, mais aussi dans la prévention des conflits et des crises.
Le message délivré par le Secrétaire général lors de la réunion du Conseil économique et social plus tôt dans la journée est clair.
Nous devons sauver les ODD maintenant et accélérer nos efforts pour atteindre les objectifs d'ici à 2030.
Or, le système des coordonnateurs résidents, qui désormais est indépendant et dispose de plus de moyens, est un facteur essentiel de cette accélération.
Comme l’indique mon rapport sur le Bureau de la coordination des activités de développement que j'ai le plaisir de présenter aujourd'hui, nous avons réalisé trois avancées essentielles pour notre mission.
Premièrement, nous disposons maintenant d’une nouvelle génération de coordonnatrices et coordonnateurs résidents à la tête d’équipes de pays des Nations Unies qui ont été repositionnées.
90% des gouvernements des pays de programmes s'accordent à dire que les coordonnateurs résidents ont les compétences et le profil adéquats pour répondre aux besoins de leur pays en matière de développement, contre 88 % en 2020.
53% d'entre eux sont des femmes ; et 50 % sont originaires de pays de programme, contre 41 % en 2018.
Ils s’appuient pour accomplir leur mission sur le soutien de bureaux des coordonnateurs résidents et d’un BCAD dotés de tout le personnel nécessaire qui forment des équipes où la parité hommes-femmes et la diversité des origines géographiques sont respectées. Nous avons également cherché le moyen d’accroître la représentation des personnes vivant avec un handicap et nous avons maintenant 21 collègues au sein des bureaux des coordonnateurs résidents qui se sont identifiés comme vivant avec un handicap.
Enfin, pour la première fois cette année, une majorité d'équipes de pays des Nations Unies ont estimé que l’appui qu’elle ont reçu de la part des bureaux des coordonnateurs résidents a été très efficace dans leurs domaines d'expertise : données, communication, partenariats, économie et planification stratégique.
Deuxièmement, le repositionnement du système des coordonnateurs résidents permet à nos équipes de pays de fournir un appui plus soutien mieux adapté aux besoins et plus efficace.
Presque tous les gouvernements des pays de programme constatent que le Plan-cadre de coopération permet de faire en sorte que les activités de l’ONU soient alignées sur les priorités nationales.
Au total, 70 % d'entre eux ont sélectionné l’ONU comme l'un de leurs partenaires de développement préférés dans le domaine de l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes et 63 % pour ce qui concerne la fourniture de conseils stratégiques intégrés. Les choses se sont donc améliorées considérablement par rapport ux débuts de la réforme.
Et, troisièmement, nous avons renforcé le niveau de transparence et d’obligation redditionnelle du système. Grâce à UN INFO, par exemple, nous pouvons désormais suivre, en temps réel, les progrès réalisés dans une grand nombre de pays et rendre des comptes des résultats obtenus en regard des objectifs fixés par les Plans-cadres de coopération.
Presque toutes les équipes de pays de l’ONU ont produit des rapports annuels sur leurs résultats afin de rendre compte aux gouvernements des progrès qu’elles ont réalisés dans la mise en œuvre de leur Plan-cadre de coopération.
Excellences,
Nos efforts collectifs portent leurs fruits.
Le système des coordonnateurs résidents permet de rassembler plus plus efficacement les partenaires et les parties prenantes et de fournir aux pays un appui plus solide qui est à la hauteur de la tâche à accomplir et de l'ambition nécessaire pour atteindre les ODD.
Avec l’appui des économistes qui travaillent au sein de leurs bureaux, les coordonnateurs résidents ont joué un rôle de premier plan dans l'élargissement de l'accès à des fonds pour le financement des ODD.
À ce jour, le Fonds conjoint pour les ODD a permis de financer 151 programmes conjoints couvrant 118 pays et territoires. Ce travail a aidé les pays à mobiliser des financements pour les ODD et à investir dans la protection sociale. Il a également permis de soutenir les petits États insulaires en développement.
Les équipes de pays des Nations Unies, avec l’appui du PNUD, aident par ailleurs les gouvernements de 80 pays à élaborer des Cadres de financement nationaux intégrés destinés à permettre le financement de leurs priorités en matière de développement durable.
Les résultats collectifs obtenus par le système des Nations Unies pour le développement, qui sont mis évidence dans ce rapport, donnent confiance dans le fait que le système des Nations Unies pour le développement nous permettra de relever les défis qui nous attendent, en particulier au moment où nous franchirons les dernières étapes du processus de consolidation des réformes en cours.
Grâce à l’appui de toutes les entités des Nations Unies :
49 millions de personnes ont eu accès à l'eau et à un service d’assainissement.
L’émission de plus de 76,5 millions de tonnes de CO2 a été évitée grâce à des initiatives en matière d'énergies propres.
183 millions d'enfants ont bénéficié d'un service d’enseignement à distance.
Et 1,4 milliard de vaccins contre la COVID-19 ont été fournis au total à 145 pays.
Ces résultats sont encourageants. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir.
Ce matin, le Secrétaire général nous a fait savoir que le système des Nations Unies pour le développement avait un certain nombre de priorités claires à mettre en œuvre pour soutenir les transformations structurelles nécessaires à la réalisation des ODD :
Soutenir des transitions clés dans les domaines de l'énergie, des systèmes alimentaires et du numérique, entre autres ; accroître les investissements dans le capital humain, qui sont indispensables pour faire progresser la réalisation de l’ensemble des objectifs ; et refondre entièrement le système financier mondial de manière à aider les pays à accéder à des fonds pour financer les ODD.
Le système des coordonnateurs résidents a un rôle important à jouer s’agissant de la réalisation de ces transformations.
Le projet de Cadre de résultats pour le système des coordonnateurs résidents, qui est annexé à mon rapport, permettra aux États membres de disposer d’un outil supplémentaire pour suivre les progrès que nous faisons dans ce domaine et au Conseil économique et social d’être pleinement à même d’exercer un contrôle sur le système des coordonnateurs résidents.
Je vous remercie pour l’engagement dont vous avez fait preuve et pour les conseils dont vous m’avez fait bénéficier tout au long du processus de rédaction de ce document.
Par ailleurs, je présenterai prochainement aux conseils d'administration des entités du système des Nations Unies pour le développement une liste de vérification sur la réforme afin d’aider les entités, ainsi que leurs conseils, à assurer une pleine mise en œuvre du Cadre de résultats.
Cela répond également à une demande majeure que les États membres ont exprimée dans la résolution de l'Assemblée générale portant sur le système des coordonnateurs résidents.
Les plans de programmation par pays des entités doivent être alignés sur les objectifs des Plans-cadres de coopération et contribuer de manière tangible à leur réalisation.
Et les modèles économiques des entités du système des Nations Unies pour le développement doivent permettre aux coordonnateurs résidents de jouer pleinement leur rôle s’agissant de rassembler les entités et d’en coordonner les activités.
Excellences,
En 2021, à un moment où nous avions besoin d’un élan résolu en faveur des ODD, le niveau de financement du système des coordonnateurs résidents est resté en deçà du budget annuel total requis de 281 millions de dollars.
Les nombreux retours sur investissement de la coordination des activités de développement sont clairs : un leadership indépendant qui fait autorité ; un pouvoir de rassemblement renforcé et une meilleure coordination des activités ; et l’amélioration de l'efficacité des interventions, qui permet d'atteindre des objectifs plus ambitieux.
Je vous remercie, vous les États membres, pour le leadership dont vous faites continuellement preuve au sein de l'Assemblée générale, du Conseil économique et social et des organes directeurs, au niveau des capitales et des pays.
Nous avons parcouru un long chemin ensemble. Nous devons le poursuivre ensemble au cours des huit prochaines années, avec sérieux, avec la conscience de l’urgence de la situation et avec les moyens nécessaires pour nous permettre de réaliser la promesse du Programme 2030 et des ODD.
S’il perdure, le déficit de financement actuel fera peser un risque réel sur nos réformes et sur l'objectif que nous nous sommes fixé de faire progresser la mise en œuvre du Programme 2030. Inverser cette tendance et combler le déficit de financement doit rester la priorité absolue.
Comme mes collègues du GNUDD, je suis impatiente de connaître vos points de vue et vos réactions, car ils nous permettront de mieux répondre aux besoins et aux priorités des pays et de leurs populations.
Je vous remercie.
N.B.: La traduction française de ce discours n'a pas été réalisée par les services de traduction officiels de l'ONU.