Mobiliser l'ensemble de la société pour éliminer la violence fondée sur le genre à Trinidad et Tobago
À Trinité-et-Tobago, la violence et les abus au sein du foyer étaient autrefois considérés comme une affaire privée entre conjoints. C’était un sujet tabou sur lequel on restait très discret et qui était largement incompris.
"Dans la société, nous discutons plus ouvertement de la violence au sein du foyer", explique Marina Walter, Coordonnatrice résidente des Nations Unies dans le pays. "Il reste cependant beaucoup à faire pour que la question de la violence fondée sur le genre ait toute la place qu’elle mérite dans le débat national. Plus on parlera de la violence au sein du foyer, plus la prise de conscience sera forte. Ce faisant, des mesures pourront être prises rapidement pour prévenir les préjudices causés aux femmes et aux filles".
Les statistiques montrent qu'il reste beaucoup à faire pour éliminer la violence à l'égard des femmes et des filles. Entre 2011 et 2016, 4.956 cas de violence domestique ont été signalés à la police de Trinidad et Tobago. Quatre-vingt-seize pour cent de ces signalements concernaient des femmes et des filles.
À Trinité-et-Tobago, une femme/jeune fille vivant en couple sur trois a été victime d'abus et, parmi ces femmes/filles, 29 % ont subi des agressions physiques et sexuelles.
Soutenue par les Nations Unies et l'Union européenne, l'Initiative Spotlight fonde son action sur une approche multisectorielle qui mobilise la société civile, le gouvernement de Trinidad et Tobago, les institutions publiques et les communautés en vue d’éliminer toutes les formes de violence familiale à l’égard des femmes et des filles dans le pays.
La situation en temps de COVID-19
Comme ce fut le cas dans de nombreux pays, la pandémie mondiale de COVID-19 a entraîné à Trinidad et Tobago une hausse alarmante du nombre de signalements de cas de violence au sein du foyer pendant le confinement. En pleine période de restrictions sur les sorties, le nombre de cas signalés de maltraitance impliquant des femmes et des filles a augmenté de 140 % par rapport à la même période l'année précédente.
Cette tendance alarmante a attiré l'attention des responsables locaux des forces de l’ordre ainsi que des médias. Le commissaire de police Gary Griffith a révélé que la police avait reçu 558 signalements d'agressions au cours des trois mois de confinement, contre 232 pour la même période en 2019.
"Pour beaucoup de femmes et de filles qui subissaient déjà des abus, le fait qu’elles aient été contraintes de rester à la maison, ajouté à la pression supplémentaire générée par la pandémie, n'a fait qu'aggraver la situation", a déploré Mme Walter.
Consciente de la flambée des cas de violence au sein du foyer, l’Initiative Spotlight a réagi en renforçant les services de soutien aux victimes par l'intermédiaire d'ONG locales.
L'Initiative Spotlight est un partenariat mondial pluriannuel entre l'Union européenne et les Nations Unies visant à éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles d'ici 2030. Ce texte est extrait de l'article publié à l’origine en anglais sur le site web de l'Initiative Spotlight et écrit par Paolo Kernahan. Pour en savoir plus sur l’action menée par l'Initiative Spotlight, consultez le site https://www.spotlightinitiative.org/fr.