En Papouasie-Nouvelle-Guinée, de nouvelles "opportunités" émergent pour la santé publique
Le Coordonnateur résident des Nations Unies, Gianluca Rampolla, estime que les efforts de communication et de renforcement du système de santé public entrepris au moment de l'apparition du virus de la COVID-19 en Papouasie-Nouvelle-Guinée contribueront à mettre le "système de santé en meilleure posture pour affronter les futures pandémies."
Gianluca Rampolla présente ses arguments à l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination, qui a débuté le 24 avril :
"Vendredi, j'ai reçu ma première dose du vaccin contre la COVID-19. Quand on y pense, c’est à peine croyable qu'en à peine plus d'un an, depuis que l'OMS a qualifié la COVID- 19 de pandémie, un vaccin a été mis au point et est administré ici, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Bien sûr, je me trouve à Port Moresby et je me fais administrer le vaccin dans un hôpital privé. Le véritable test sera de s'assurer que les vaccins seront disponibles dans toutes les communes du pays.
Atteindre les communes isolées
Depuis que je suis en Papouasie-Nouvelle-Guinée, j'ai eu la chance de voir certains des paysages les plus uniques et les plus fragiles de la planète. Mes déplacements me rappellent constamment à quel point certaines communautés sont isolées du reste du territoire.
North Fly est une région de la province occidentale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée située à la frontière avec l'Indonésie. Elle a été l'une des premières régions à signaler des cas de COVID. Elle est aujourd'hui l'une des régions du pays les plus affectées par la COVID-19 en termes de nombre de cas. Elle compte par ailleurs certaines des communes les plus difficiles à atteindre dans cette partie du pays et accueille des demandeurs d'asile. Certaines communes riveraines sont totalement inaccessibles pendant la saison sèche.
Au début de la pandémie, je me suis rendu à l'hôpital Rumginae, un hôpital de référence situé à environ une heure de route de Kiunga, la principale ville de la région, pour m'entretenir avec le Dr Kevin Pondikou - le seul médecin de l'hôpital - et son équipe. Le Dr Kevin nous a montré des entrepôts où les équipements de protection individuelle étaient en nombre insuffisant. Un nouvel appareil de diagnostic se trouvait encore là, dans un carton, parce que le technicien chargé de l’installer n'avait pas pu se déplacer en raison des restrictions imposées sur les déplacements.
Quelques semaines plus tard, des collègues du FNUAP sont retournés à Rumginae. Ce jour-là, une jeune femme est arrivée à l’hôpital en état de choc. Elle avait accouché trois semaines plus tôt dans son village, sans l’aide d’une sage-femme ni d’un médecin. Son accouchement l’avait fait saigner abondamment, si bien que sa mère avaient dû marcher pendant près d'une journée avant d’arriver au poste de secours de Mougolou, d'où elle avait été transportée par avion à Kiunga, puis à Rumginae, où elle a finalement pu recevoir une transfusion sanguine.
Les personnels de santé comme ceux de Rumginae ont donné toute l’énergie qu’ils avaient pour traiter les patients avant même la recrudescence des cas en février 2021. La prévention des complications graves liées à la COVID est essentielle pour que cet hôpital puisse rester ouvert.
Une nécessaire équité vaccinale
Nous avons reçu 132.000 vaccins par le biais du Mécanisme COVAX. Malgré l'incroyable réussite que représente la mise à disposition d'un vaccin dans un si grand nombre de pays en développement et en si peu de temps, cette livraison est arrivée trop tard pour les 91 personnes décédées de la COVID-19 en Papouasie-Nouvelle-Guinée avant la mi-avril et dont l'un de nos collègues fait partie. [Consultez le tableau de bord des données relatives à la COVID-19 en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour connaître les chiffres actualisés et les dernières informations].
De plus, cette livraison contenait moins de la moitié des 288.000 doses initialement allouées à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Nous devons faire pression pour que les vaccins soient davantage distribués aux personnes les plus vulnérables. Et on ne peut pas se contenter de faire une séance photos à l'aéroport Jacksons de Port Moresby : il faut que chaque habitant de cette demi-nation insulaire qui en compte de 7,4 millions ait la possibilité de se faire vacciner
Mettre l’accent sur les nouvelles opportunités
Atteindre des communes comme Rumginae est bien sûr un défi majeur, mais réalisable. En 2018, l'OMS et l'UNICEF ont vacciné 3,1 millions d'enfants contre la polio quelques mois seulement après l'annonce d'une flambée épidémique. Le défi que nous avons sur les bras avec la COVID est que le virus et le vaccin sont tous les deux nouveaux, ce qui entraîne une hésitation et un scepticisme importants vis-à-vis de la vaccination. Comme de plus en plus de jeunes sont connectés à Internet, l’idée d’une conspiration vaccinale se répand comme une traînée de poudre et ces rumeurs atteignent ces communes avant nous.
Mais porter toute son attention sur l'ampleur du défi, c'est ignorer les opportunités qui émergent de cette crise. Les informations de santé publique que nous partageons aujourd'hui - sur la façon dont le virus se propage et sur le fonctionnement des vaccins - nous placent, ainsi que le système de santé du pays, en meilleure posture pour affronter les pandémies à venir. Nous sommes également en train de construire un vocabulaire qui nous aidera à relever les autres défis actuels que sont la tuberculose et le VIH/sida.
Réussir l'épreuve
Le financement de la réponse à la COVID a permis à l'OIM et à l'UNICEF de mettre en place des installations d'eau à North Fly et de soutenir les districts les plus fragiles.
Nous avons également démontré, aux niveau régional et mondial, que la Papouasie-Nouvelle-Guinée a des amis dans le monde entier qui sont prêts à l’aider et désireux de le faire. Les partenaires de développement et le secteur privé ont fait don de tonnes d'équipements de protection individuelle, de kits de dépistage, de consommables de laboratoire, d'appareils et de de vaccins et ont également mobilisé du personnel médical pour aider le pays.
Avec cette pandémie, notre capacité de coopération est mise à l’épreuve et je pense que nous réussirons cette épreuve.
Blog écrit par Gianluca Rampolla, le Coordonnateur résident des Nations Unies en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Traduit de l’anglais au français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU en Papouasie-Nouvelle-Guinée, consultez le site Papuanewguinea.un.org.