Au Bangladesh, l’ONU met en œuvre un programme de protection sociale pour les travailleuses des jardins de thé de la division de Sylhet
"On devrait changer le système actuel pour nous permettre d’avoir de meilleures conditions de vie et de travail", a déclaré Mme Srimoti Bauri, Vice-présidente du comité de la vallée, le syndicat Cha Shramik actif dans le district de Moulvibazar..
Mme Srimoti Bauri travaille dans des jardins de thé situés à Barolekha, Kulaura et Juri Upazilas, dans le district de Moulvibazar. Elle s'est non seulement engagée à rester une travailleuse des jardins de thé, mais elle a aussi montré l’exemple en devenant l'une des trois vice-présidentes des comités de la vallée du syndicat Cha Sramik (syndicat des travailleuses des jardins de thé). Elle représente des centaines de travailleuses des jardins de thé du district de Moulvibazar, dans la division de Sylhet et travaille à promouvoir l'autonomisation et les droits de ces femmes marginalisée.
Mme Bauri travaille dans les jardins de thé depuis 2016. Elle a remplacé sa belle-mère et a suivi les traces de ses ancêtres qui ont elles aussi été travailleuses dans les jardins de thé pendant des générations.
Mme Bauri vit à Borolekha Upazila avec son mari, sa fille et son fils. En 2006, alors qu’elle était en neuvième année, elle s'est mariée avec Bokul Bauri, ouvrier dans un jardin de thé. Mr Bauri travaille aussi à temps partiel comme coiffeur à l'hôpital du jardin de thé de Pathariya. Leurs filles, Payel Bauri (12 ans) et Palash Bauri (10 ans) sont inscrites dans une école locale située à 3,5 kilomètres de la maison familiale. Mme Bauri souhaite que ses filles poursuivent leurs scolarité et brisent le cycle des générations successives de travailleuses des jardins de thé.
Mme Bauri explique que la pandémie de Covid-19 a exacerbé les difficultés auxquelles étaient déjà confrontées les travailleuses des jardins de thé. En effet, leurs employeurs les ont encouragées à continuer à travailler pendant la période de confinement et ont différé le paiement de leurs salaires en arguant de la baisse des ventes de thé causée par la pandémie.
"Nous avons de la chance que le taux de Covid-19 ait été exceptionnellement bas dans les jardins de thé, car les deux seuls traitements disponibles dans les quelques hôpitaux des jardins de thé sont le paracétamol et l'orsaline pour la dysenterie. La santé procréative des femmes est négligée et les sages-femmes se font rares dans nos hôpitaux, qui sont eux aussi en nombre insuffisant", a déporé Mme Bauri.
Mme Bauri explique également que les propriétaires des jardins de thé paient les travailleuses moins que les hommes, prétendant que les femmes ne pourraient pas soulever de lourdes charges ni travailler sous pression. En réalité, les femmes, dont Mme Bauri, effectuent exactement les mêmes tâches que les hommes, avec la même productivité, mais pour la moitié du salaire.
Mme Bauri entrevoit enfin une lueur d'espoir pour les travailleuses des jardins de thé grâce au programme conjoint de l’ONU intitulé "Améliorer la protection sociale des travailleuses des jardins de thé et de leurs familles dans la division de Sylhet, au Bangladesh". "Je serai à jamais reconnaissante à l’ONU d’avoir mis en place ce programme, qui m’a donné l'occasion de m'exprimer au nom de mes consœurs travailleuses des jardins de thé et de prendre part à leurs combats", a insisté Mme Bauri. "Je n'ai jamais pensé que je pourrais défendre nos droits et contribuer à l'autonomisation des travailleuses des jardins de thé. Cela nous donne le courage et la force de nous battre pour nos droits et de changer le système actuel", a -t-elle ajouté.
Maintenant qu’ONU Femmes prend part au programme conjoint de l’ONU pour la mise en œuvre du tout premier programme axé exclusivement sur les travailleuses des jardins de thé et leurs familles, Mme Bauri espère que des femmes comme elles pourront briser le cercle vicieux de la pauvreté et de l'exploitation. Elle pense que grâce à cette initiative, les travailleuses des jardins de thé et leurs familles pourront enfin bénéficier d'un meilleur accès à l'éducation, au développement des compétences et à la sensibilisation et pourront ainsi s’élever contre les actes discriminatoires et d'injustice qui ont cours dans les jardins de thé.
Récit publié à l'origine en anglais sur le site du Fonds conjoint pour les ODD. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus sur l’action menée par l'équipe de pays des Nations Unies au Bangladesh, consultez le site Bangladesh.UN.org.