Au Somaliland, l’amélioration de la gouvernance locale permet de construire un nouveau marché à Gabiley
Pendant de nombreuses années, Khadra s’asseyait sous un arbre au bord d'un chemin de terre dans la petite ville de Gabiley. Elle appelait cet endroit son "magasin".
Elle étalait ses légumes sur le sol et attendait là, dans la chaleur de l'après-midi, en les regardant prendre la poussière tandis que les gens passaient devant son étal. Certains s'arrêtaient pour acheter quelque chose, mais la plupart passaient leur chemin.
Chaque jour, elle gagnait environ 3 dollars. Avant le coucher du soleil, elle rentrait chez elle pour retrouver sa famille et effectuer des tâches ménagères.
"Je gagnais juste assez pour s'en sortir". Mais comme pour beaucoup de personnes qui vivent à la limite de la pauvreté, il a suffi d'un coup de malchance pour que Khadra bascule.
C’est arrivé lorsque sa fille est tombée malade et a dû être soignée en Éthiopie.
"J'avais bien élevé mes enfants", raconte Khadra. "Mais là, je devais aussi élever sept petits-enfants."
Comme il n'y avait pas assez d'argent, il a fallu prendre des décisions difficiles. La famille s’est mise à consommer moins de viande. Elle a vendu certains objets. Certains des enfants ont dû abandonner l'école.
En 2012, Khadra dépoussiérait toujours ses légumes au bord de la route. Certains de ses petits-enfants allaient à l'école, tandis que d'autres restaient à la maison. Cette année-là, des membres du Conseil du district sont venus rencontrer les habitants pour leur demander ce qu'ils attendaient du gouvernement.
Il y avait beaucoup de femmes comme Khadra qui avaient des produits à vendre et aucun endroit décent pour le faire.
"Construisez-nous un vrai marché", ont-elles réclamé. "Un endroit propre. Un endroit où nous pourrions travailler à l'abri du soleil. Avec l'eau courante, des toilettes et un service de ramassage des ordures. Un endroit où les clients auront envie de venir".
Ce processus consultatif s’inscrivait dans le cadre d'un programme conjoint des Nations Unies visant à recréer les administrations locales dévastées par 30 ans de guerre civile.
Outre la mise en place de dispositifs permettant de recueillir les demandes des citoyens et de s'assurer qu’ils ont leur mot à dire dans la prise de décisions, ce programme aide les fonctionnaires à élaborer des lois et des politiques sur la gouvernance, avec des lignes de responsabilité claires et des règles transparentes en matière de passation de marchés, de budgétisation et de contrôle financier.
Ce projet a également pour objet de former les fonctionnaires à l'utilisation de ces dispositifs, de mettre en place des programmes d'insertion professionnelle pour faire venir des diplômés de l'université et d’aide à réparer ou à réapprovisionner les installations endommagées ou délabrées.
Lorsque tout cela est en place - de bons dispositifs, un personnel bien formé, des installations décentes et des mécanismes de participation citoyenne - le gouvernement local devient un moteur du développement local.
Ainsi, en vue de la construction du nouveau marché de Gabiley, une procédure d'appel d'offres transparente a été lancée qui a permis d'engager les meilleurs entrepreneurs et fournisseurs pour faire le travail. Les contrats et les paiements ont fait l'objet d'une surveillance stricte et les travaux ont été suivis de près du début à la fin.
Le marché a ainsi été construit dans les délais et dans la limite du budget alloué. Conformément à ce que les habitants avaient demandé, il comprend des zones couvertes permettant aux commerçants de continuer à travailler pendant la saison des pluies ou pendant les périodes d’ensoleillement intense. Des toilettes propres ont également été installées dans l’enceinte du marché et de l'eau courante y est disponible.
Pour Khadra, les choses ont commencé à s'améliorer. Aujourd'hui, elle gagne plus de 20 dollars par jour, soit six fois plus qu'avant.
Tous ses petits-enfants sont retournés à l'école.
Le Programme conjoint des Nations Unies sur la gouvernance locale est une initiative du PNUD, de l'UNICEF, d'ONU-Habitat, du FENU et de l'OIT. L’initiative est financée par le Danemark, l'UE, la Norvège, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Travaillant main dans la main avec les autorités locales et les populations locales, le Programme conjoint des Nations Unies sur la gouvernance locale améliore la façon dont les villes et les États sont gérés dans les cinq États membres afin de stimuler le développement économique et de renforcer la capacité des communautés à faire face aux conflits, aux catastrophes climatiques et à d’autres difficultés.
Cet article a été publié à l'origine en anglais sur le site du PNUD Somalie et peut également être retrouvé sur le site de l'ONU en Somalie. Article traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus, consultez le site de l’ONU en Somalie.