À Cuba, il y a beaucoup de femmes comme Yudith

Yudith Mondelo Hernández vit dans la province qui se situe la plus à l’est de Cuba, Guantánamo. Un jour, elle a participé à un atelier organisé pour sensibiliser sa communauté aux questions de genre. Avant cet atelier, elle ne connaissait pas ces questions et elle est immédiatement tombée amoureuse du sujet. "Ce qui m'a le plus surprise, c'est qu’à 24 ans, je n'avais jamais entendu parler de ce sujet. C'est ainsi que j’ai commencé à m’y intéresser plus en plus et que j'ai demandé aux organisateurs de me tenir au courant des ateliers qui suivraient."

Yudith a rejoint, peut-être un peu par hasard, un projet de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui vise à soutenir la mise en œuvre de stratégies de genre au sein des coopératives de petits producteurs agricoles associées à l’entreprise agroforestière de Yateras qui a été touchée par l'ouragan Mathew. Le projet, exécuté conjointement avec le Ministère de l'agriculture, l'Association cubaine des techniciens agricoles et forestiers et l'Université de Guantánamo vise à sensibiliser les producteurs de café, hommes et femmes, aux disparités entre les sexes et à donner aux femmes les moyens d'occuper de plus en plus d’emplois traditionnellement réservés aux hommes.

"Aujourd'hui, je fais partie du Groupe de travail pour le diagnostic des disparités entre les sexes de l'entreprise agroforestière Yateras, à Guantánamo. Avant, je passais mes journées à la maison, je ne travaillais pas. Le fait de devenir animatrice dans le cadre de ce projet m'a permis de connaître des gens et d'apprendre beaucoup. Le travail que font ces femmes très courageuses est difficile et, dans leur environnement de travail, l'égalité des sexes n'est pas toujours pleinement réalisée."

"Je trouve dommage que ces informations soient inexistantes dans les milieux où les hommes et les femmes doivent changer leur façon de penser pour changer leur comportement. J'ai constaté de nombreux changements dans ma propre vie, notamment dans ma vie de mère, grâce à ce que j'ai appris. Et je ne vais pas garder ces connaissances pour moi-même, je vais les partager partout où j'ai l'occasion d'aider les gens à transformer leur état d’esprit dans le sens de l'égalité [des sexes]. "

L'égalité des sexes est l'une des questions prioritaires sur lesquelles travaille l’ONU à Cuba. Grâce à une collaboration avec les responsables nationaux, les efforts portent leurs fruits. L'égalité des sexes est une problématique transversale traitée par plusieurs agences, fonds et programmes. Les résultats des deux dernières années montrent que toutes les agences, tous les fonds et tous les programmes mettent en œuvre des initiatives en faveur de l'égalité des sexes qui couvrent des domaines divers. Par exemple, l'OPS/OMS promeut Espejuelos para el género (traduction littérale en français : "Des lunettes pour le genre"), un projet qui utilise la communication visuelle, la musique, la littérature et d'autres approches artistiques pour aider à construire des valeurs de genre positives chez les filles et les garçons. Le FNUAP donne de son côté la priorité à la prévention de la violence de genre, notamment dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la justice. Le PNUD, pour sa part, a soutenu la création de la première brigade de femmes inséminatrices, une brigade qui travaille à l'engraissement du bétail et à la création de réseaux de femmes productrices de céréales.

La liste est longue et, quoiqu’il en soit, les institutions publiques sont de plus en plus sensibles à la question des stéréotypes culturels - qui constituent l'un des principaux défis auxquels le pays est confronté - et de plus en plus conscientes de la nécessité de les combattre. Il semble en tout cas que l'histoire de Yudith soit en train de faire des émules dans de nombreuses régions de Cuba. Sa force et son courage se répandent dans tout le pays, notamment grâce aux politiques publiques qui prennent forme. "Le plus important est que le travail ne s'arrête pas, que les ateliers et les formations se poursuivent, notamment dans les secteurs productifs et au niveau des décideurs politiques."

Article publié à l’origine en espagnol sur le site de l’ONU à Cuba. Traduit de l’anglais au français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).