De jeunes femmes militent sur la scène mondiale après avoir été mariées enfants et avoir survécu à des mutilations génitales
Monicah, 13 ans, était étonnée d'apprendre que sa communauté, dans le comté rural de Samburu, au Kenya, n’était pas la seule à pratiquer des mutilations génitales féminines (MGF)". Je me suis rendu compte que nous n’étions pas les seuls à pratiquer les MGF", a-t-elle récemment déclaré. "Cette pratique a cours dans le monde entier".
Dans certains pays, la pratique des MGF est liée au mariage d’enfants : elle a lieu lorsqu'une fille est censée avoir atteint l'âge d'être "mariable". C'est ce qu'a vécu Monicah, dans la ville de Suguta, alors qu'elle n'avait que 10 ans. Après avoir été excisée, elle a été mariée à un homme âgé de 32 ans.
"Mon frère avait ordonné ce mariage parce qu'il était intéressé par les chèvres et les vaches qui constitueraient ma dot", se souvient Monicah.
L'enfant mariée devient étudiante et militante
Le mariage d'enfants et la pratique des mutilations génitales féminines sont des violations des droits de l'homme et sont interdits dans de très nombreux pays. Pourtant, des millions de filles continuent à subir ces pratiques. Une fille sur cinq dans le monde est mariée avant l'âge de 18 ans et on estime que quelque 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd'hui ont subi des mutilations génitales féminines.
Au Kenya, ces deux pratiques sont illégales, mais, selon une enquête menée en 2014, 21 % des femmes de ce pays âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines et 23% des femmes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l'âge de 18 ans.
Dans le cas de Monicah, les choses se sont bien terminées grâce à l'intervention de la police et de deux organisations non gouvernementales : la Samburu Girls Foundation ("Fondation Les filles de Samburu", en français) et l’ONG Too Young to Wed (qui signifie en français "Trop jeune pour se marier").
"Je suis restée avec mon mari de l’époque pendant une semaine, puis le Chef de la police et ses agents sont venus et m'ont emmenée à Maralal Town, puis à la Samburu Girls Foundation", raconte-t-elle.
Après avoir quitté son mari, Monicah a reçu une bourse d'études pluriannuelle de l'association Too Young to Wed et est depuis devenue l'une des meilleures élèves de sa classe.
Elle est également devenue une championne du changement, fière de l’action qu’elle mène avec d'autres survivantes pour mettre fin aux pratiques qui ont bouleversé sa vie lorsqu’elle était toute jeune.
Une voix sur la scène mondiale
L’ONG Too Young to Wed a facilité la participation d'une délégation de cinq femmes de Samburu ayant été mariées enfants au Sommet de Nairobi sur la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD 25). Ces femmes ont toutes bénéficié d’une bourse de l’ONG Too Young to Wed et ont toutes reçu l’aide de la Samburu Girls Foundation. Le sommet a réuni des dirigeants/tes, des décideurs/euses et des militants/tes du monde entier pour aborder les questions urgentes relatives aux droits de l'homme et à la santé procréative.
Monicah a fait partie de cette délégation, laquelle a bénéficié également du soutien de la Samburu Girls Foundation et du Programme mondial FNUAP-UNICEF visant à accélérer la lutte contre le mariage d’enfants. Ça a été le premier voyage de Monicah dans la capitale, comme l’a signalé la jeune fille.
Monicah et ses camarades ont raconté leur histoire à un public composé de dirigeants/tes et de militants/tes, dont Leyla Hussein, experte en psychothérapie et en droits des filles, la Cheffe Kachindamoto, connue pour avoir annulé des centaines de mariages d'enfants au Malawi, la Directrice générale de l’organisation Girls Not Brides, Faith Mwangi-Powell et la Présidente de l'Association irakienne de planification familiale, Inas Ahmed.
Eunice, qui, à l'âge de 10 ans, a été forcée d'épouser un homme de 75 ans, faisait aussi partie de la délégation. "Peut-être que certaines ou certains ont été inspirés par mon histoire", a-t-elle déclaré après la conférence. "Ils iront peut-être changer le monde en venant en aide aux filles qui traversent des épreuves comme celles que j'ai traversées".
Eunice a été particulièrement satisfaite de la séance de prospection d'idées (en anglais : "brainstorming") à laquelle elle a participé. "Il y a avait des femmes de la Sierra Leone et du Zimbabwe. Elles ont proposé des idées pour mettre fin aux MGF", s’est-elle réjouit.
Article produit par le FNUAP. Pour lire l'intégralité de cet article, en anglais et en savoir plus sur la voie à suivre pour mettre fin aux mariages d’enfants et aux MGF, rendez-vous sur cette page. Article traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).