En République dominicaine, une chanson interprétée en créole porte le message de prévention au-delà des frontières
Tous ces jours-ci, on peut entendre un air afro-caribéen entraînant sur les réseaux sociaux et les téléphones portables dans toute la République dominicaine. "Tournez le dos au coronavirus… ouvrez vos fenêtres…" ; ces deux expressions dominicaines populaires sont devenues le refrain d'une chanson écoutée à la fois en espagnol et en créole haïtien.
"Avec tout ce qui se passe en ce moment, un jour, je suis entrée dans mon studio, j'ai pris mon tambour et j'ai commencé à jouer une plena - un genre musical - et j’ai composé ce petit air : "Tournez le dos au coronavirus… ouvrez vos fenêtres". Je l'ai posté sur mon compte Instagram et il est devenu viral", raconte Xiomara Fortuna, auteure-compositrice dominicaine aux plus de 40 ans de carrière et pionnière de la fusion afro-caribéenne.
"Dès l’instant où je l'ai chanté en espagnol, j'ai eu l'idée de le faire aussi en créole. J'ai fait part de mon idée à l'Institut national des migrations, qui l’a présentée à son tour à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Une amie dominico-haïtienne m’a traduit la chanson en créole et me l’a écrite de manière à que je puisse prononcer les paroles facilement et la chanter. J'ai passé deux jours à apprendre la chanson et j'ai enregistré la version créole sur mon téléphone portable. C'est une chanson pour aider à faire face à l'urgence [mondiale], il fallait donc l'enregistrer rapidement", a-t-elle expliqué.
Ce n'est pas la première fois que Xiomara Fortuna intègre le créole dans sa musique. "C'est la première fois que j’écris une chanson entièrement en créole, mais il m’arrive d’utiliser le créole dans certaines de mes chansons. Je comprends certaines phrases qui envoient un message [positif] que je veux transmettre aux Caraïbes francophones : la Martinique, la Guadeloupe et Haïti. Je cherche toujours le moyen de me rapprocher de mon public dans les Caraïbes, je veux qu'il sache que nous sommes frères et sœurs d’un même archipel et que nous sommes confrontés à la même réalité".
"Le créole est une langue très facile à apprendre car elle se prononce exactement comme elle s’écrit", a expliqué Xiomara, qui a reconnu que la sonorité de la langue lui est familière du fait de ses amitiés et connaissances haïtiennes. "Ils font partie de nous, ils sont ici dans ce pays et je pense qu'ils devraient avoir accès à l'information et, s’ils peuvent y accéder dans leur langue, alors tant mieux. Ils ne sont pas exclus de la réalité, ils peuvent être contaminés et contaminer les autres. En ce sens, la campagne d’information doit être large et s’adresser à toutes les personnes qui vivent dans notre pays et au-delà... C'est un problème qui touche le monde entier, la COVID-19 n’a pas de frontières, donc il ne devrait pas y avoir de frontières pour l’information non plus".
Selon l'enquête nationale sur les immigrants menée en 2017 par l'Office national des statistiques, 497.825 migrants d'origine haïtienne vivent en République dominicaine, représentant 87,2 % de la population immigrée.
"Dans le cadre de la réponse à la pandémie, il est primordial que l’ensemble les matériels de prévention et d'information sur la COVID-19 soient traduits en créole-haïtien", a commenté Josué Gastelbondo, Chef de mission à l'OIM en République dominicaine.
"Lorsqu’on nous a demandé de soutenir cette chanson, qui, en plus d'être optimiste et interculturelle, a été composée par une artiste très respectée, nous n'avons pas hésité à nous joindre à la campagne", a confié Josué Gastelbondo.
Cette chanson est un message commun de l'OIM, de l'Institut national des migrations et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Elle est désormais diffusée à la radio, via les mégaphones et sur les réseaux sociaux.
"Dès le départ, j'ai senti que cette chanson devait être optimiste, qu'elle apporterait de l'espoir et de la joie au gens alors que nous vivons tantôt des bons jours, tantôt des jours tristes. Nous sommes suspendus entre optimisme et découragement, alors je me suis dit : ce n'est pas le moment de tomber dans la dépression, c'est le moment de ressentir des choses pour pouvoir surmonter tout cela. Avec ma musique, je veux donner aux gens de l'énergie pour leur remonter le moral".
Le soutien de l'OIM est rendu possible grâce au Programme régional sur la migration en Mésoamérique -Caraïbes, financé par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations du Département d'État des États-Unis.
Écoutez la chanson en cliquant sur la vidéo !
Article publié par l’ONU en République dominicaine. Écrit par Zinnia Martinez. Pour accéder à la version originale de l’article et en savoir plus sur l’action menée par l’ONU pour lutter contre la COVID-19 en République dominicaine, rendez-vous sur le site web: https://dominicanrepublic.un.org/.